L’Ukraine peut, si elle a les " bons équipements ", " gagner " la guerre contre la Russie, a affirmé lundi le chef du Pentagone au retour d’une visite à Kiev.

" La première chose pour gagner, c’est de croire que l’on peut gagner. Et ils (les Ukrainiens) sont convaincus qu’ils peuvent gagner ", a dit Lloyd Austin. " Ils peuvent gagner s’ils ont les bons équipements, le bon soutien ", a-t-il ajouté, au lendemain d’une visite à Kiev avec le secrétaire d’Etat Antony Blinken, la première de ministres américains depuis le début du conflit le 24 février.

" Nous voulons voir la Russie affaiblie à un degré tel qu’elle ne puisse plus faire le même genre de choses que l’invasion de l’Ukraine ", a encore déclaré M. Austin, après avoir rencontré dimanche, avec M. Blinken, le président Volodymyr Zelensky.

" Elle a déjà perdu beaucoup de capacités militaires et beaucoup de soldats pour être franc et nous ne voudrions pas qu’elle puisse rapidement reconstituer ces capacités ".

Les Etats-Unis, qui ont annoncé une nouvelle aide militaire directe et indirecte pour l’Ukraine de 700 millions de dollars, ont accéléré dernièrement leurs livraisons d’équipements militaires, que Volodymyr Zelensky ne cesse de réclamer aux Occidentaux.

Ils fournissent désormais des armes lourdes, afin de résister à l’offensive russe qui se concentre sur l’est et le sud de l’Ukraine, après que les troupes de Moscou ont échoué dans la région de Kiev, dont elles se sont retirées fin mars.

Les livraisons d’armes à l’Ukraine devraient être au centre d’une réunion, mardi en Allemagne, entre le secrétaire américain à la Défense et les ministres de la Défense de 40 pays alliés. " Nous allons pousser au maximum, aussi vite que possible, pour que (les Ukrainiens) reçoivent ce dont ils ont besoin ", a déclaré M. Austin.

Le président Zelensky a remercié lundi les Américains et le président Joe Biden " personnellement ", pour leur soutien. Il a souligné que l’aide militaire américaine " inédite ", d’un montant total de 3,4 milliards de dollars, était " la contribution la plus importante au renforcement des capacités de défense ukrainiennes ".

Joe Biden a par ailleurs confirmé lundi la prochaine nomination d’une nouvelle ambassadrice des Etats-Unis en Ukraine, Bridget Brink, actuelle ambassadrice en Slovaquie. Les Etats-Unis n’étaient plus représentés en Ukraine que par des chargés d’affaires depuis 2019.

 

 

 

 

Pas de trêve pour Pâques
" Sauvez tous les Ukrainiens! " a lancé dimanche M. Zelensky dans un message pour la fête de Pâques. Il en a appelé au jugement de Dieu, énumérant une longue liste de localités, dont Boutcha, Irpin et Borodianka, où Kiev accuse les Russes d’avoir commis des atrocités contre des civils. "Nos âmes sont remplies d’une haine ardente pour les envahisseurs et tout ce qu’ils ont fait ", a-t-il poursuivi. " Transformez-la en force bénéfique pour défaire les forces du mal ".La visite de MM. Blinken et Austin intervient alors que la poursuite des combats a assombri les cérémonies de Pâques, malgré les multiples appels à une trêve. Le pape François a renouvelé dimanche son appel à une trêve et à l’arrêt des attaques contre " des populations épuisées ".
La situation à Lyman, une bourgade à l’est de l’Ukraine

 

Dans la petite église de Lyman, sous le feu régulier des obus russes, une cinquantaine de civils s’étaient regroupés dès l’aube, alors que le grondement de l’artillerie se faisait entendre. "Si nous faisons les mauvais choix, les ténèbres nous ruineront, comme les ténèbres nous détruisent pendant cette guerre ", a déclamé le prêtre dans son sermon.
L’ONU réclame une trêve " immédiate " à Marioupol
Au lendemain de l’échec à Marioupol d’une nouvelle tentative d’évacuation de civils par les autorités ukrainiennes, qui ont incriminé les Russes, l’ONU a appelé à une trêve " immédiate " dans ce port stratégique de la mer d’Azov presque entièrement contrôlé par l’armée russe, afin de permettre l’évacuation de quelque 100.000 civils encore coincés dans la ville en ruines, assiégée depuis début mars.Les bombardements et les combats ont coûté la vie à plus de 20.000 civils à Marioupol, selon le maire Vadym Boychenko, qui a dénoncé sur la chaîne Ukraine 24 que " les forces d’occupation russes empêchent les évacuations ". "Ils doivent être autorisés à évacuer, maintenant, aujourd’hui. Demain, ce sera trop tard ", selon le coordinateur de l’ONU en Ukraine, Amin Awad. "Chaque jour, chaque heure qui passe a un coût humain terrible ", a déploré le Comité international de la Croix-Rouge, réclamant urgemment " le passage volontaire et en sécurité de milliers de civils et de centaines de blessés hors de la ville, y compris dans la zone de l’usine Azovstal ", ultime poche de résistance des combattants ukrainiens.Les forces russes assiègent et bombardent toujours des unités retranchées dans l’usine, selon le ministère ukrainien de la Défense dimanche sur Telegram. Mais " les lignes de défense (ukrainiennes) sont sur le point de s’effondrer " à Marioupol, a précisé Oleksiï Arestovitch.
Dans la tristement célèbre ville de Boutcha, théâtre d’un massacre, la célébration de Pâques a un goût amer

 

 

Kiev propose des pourparlers dans la ville même
Il a déclaré que l’Ukraine avait proposé à la Russie de tenir " une session spéciale de pourparlers juste à côté du site d’Azovstal ", indiquant " attendre la réponse " russe.La présidence ukrainienne a également à nouveau proposé des négociations " pour prendre ou échanger " des soldats, proposition ignorée par Moscou jusqu’ici.Plus tôt dans la journée, un autre conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, avait rappelé sur Twitter que Kiev exigeait " une trève " à Marioupol pour la Pâque orthodoxe célébrée dimanche, " un couloir humanitaire immédiat pour les civils " bloqués dans cette ville portuaire et " un accord pour des négociations spéciales pour échanger les prisonniers militaires ".Vladimir Poutine a, lui, exigé la reddition de ces derniers combattants, en demandant à son armée d’assiéger " la zone de telle manière à ce que pas une seule mouche ne passe ".
Un père et son fils examinent des chars russes et des véhicules blindés de transport de troupes détruits dans le village de Dmytrivka, dans la région de Kiev

 

Quatre membres de l’OSCE toujours détenus par les Russes
L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) s’est dite elle dimanche " extrêmement inquiète " suite à l’arrestation, dans les territoires ukrainiens séparatistes prorusses de l’Est, de quatre membres de sa mission d’observation du cessez-le-feu de 2014, installée après le conflit qui avait éclaté entre ces régions et Kiev après l’annexion russe de la Crimée (sud).L’OSCE avait évacué plusieurs centaines d’observateurs de dizaines de pays dès le début de l’invasion russe. Mais restaient sur place des employés ukrainiens " effectuant des tâches administratives ", dont quatre sont détenus à Donetsk et Lougansk (est), a déploré l’OSCE dans un communiqué, disant " utiliser tous les canaux disponibles pour faciliter leur libération ".Cette situation, qui dure " depuis un certain temps maintenant ", est " inacceptable ", a commenté Zbigniew Rau, chef de la diplomatie polonaise et président en exercice de l’OSCE.Les forces de sécurité séparatistes accusent les employés de l’OSCE arrêtés de " haute trahison ". Elles avaient indiqué vendredi que l’un d’entre eux avait " avoué " avoir transmis des " informations militaires confidentielles à des représentants de services spéciaux étrangers ".L’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’OSCE, Michael Carpenter, a dénoncé " des mensonges répréhensibles de la part de la Russie ".

 

Les négociations de paix restent au point mort, alors que les combats continuent à faire rage dans l’est et le sud de l’Ukraine.

Selon l’état-major ukrainien, la ville de Kharkiv, deuxième ville du pays, reste " partiellement bloquée " par les forces russes qui bombardent toujours. Une femme y a été tuée et un homme blessé dimanche, selon les autorités ukrainiennes.

Dans le bassin du Donbass (est), formé des régions de Donetsk et de Lougansk, les troupes russes ont " intensifié leurs offensives " dans trois directions, selon l’état-major ukrainien: Severodonetsk, capitale de facto de la région de Lougansk sous contrôle ukrainien, Popasna, une cinquantaine de kilomètres plus au sud, et Kourakhikva, proche de Donetsk.

Le gouverneur de Lougansk, Sergiy Gaiday, a indiqué à Ukraine 24 que des dizaines de milliers de civils restaient dans la région malgré les bombardements constants. " Malheureusement, il y a essentiellement des vieilles personnes qui estiment que comme elles sont nées ici, elles doivent mourir ici ", a-t-il déclaré.

Dans la région de Donetsk, cinq civils ont été tués et cinq blessés dimanche, a écrit le gouverneur Pavlo Kyrylenko sur Telegram.

 

A Koroviy Iar, localité du nord du Donbass où les Russes ont pris position depuis samedi, des combats se déroulaient à l’entrée du village, a constaté l’AFP. Des chars et des blindés ukrainiens renforçaient la contre-offensive et couvraient une tentative d’évacuation de 30 civils.L’armée russe a de son côté indiqué dimanche avoir mené des frappes de missiles contre neuf cibles militaires ukrainiennes, dont quatre dépôts de munitions au sud de la région de Kharkiv.Moscou a aussi dit avoir mené des frappes aériennes contre 26 cibles, et 423 frappes d’artillerie, sans préciser de lieux.En Russie, toute voix contestant la guerre continue d’être étouffée. Le populaire site consacré aux échecs Chess.com y a été bloqué, à la demande du parquet général russe, après la publication de deux articles sur l’Ukraine qualifiés de " fausses informations ", selon le gendarme russe des télécoms Roskomnadzor.Sur le front diplomatique, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen doit rencontrer lundi en Inde le Premier ministre Narendra Modi, avec qui elle devrait évoquer la neutralité affichée par New Delhi sur la guerre en Ukraine.Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres est lui attendu lundi en Turquie, pays qui tente de jouer les médiateurs dans le conflit, avant de se rendre à Moscou puis à Kiev.

Le nombre de réfugiés ayant fui l’Ukraine depuis l’invasion russe approche des 5,2 millions, selon l’ONU. Plus de 7,7 millions de personnes ont aussi quitté leur foyer mais se trouvent toujours en Ukraine.

Avec AFP