Les parents des militaires du bataillon Azov qui résistent toujours à Marioupol ont organisé mardi une prière collective au centre de Kiev.

 

 

L’armée russe a lancé mardi pour la première fois un assaut avec chars et infanterie sur le combinat sidérurgique d’Azovstal, dernière poche de résistance ukrainienne dans le port stratégique de Marioupol. Les derniers soldats du bataillon Azov poursuivaient le combat pour empêcher les militaires russes d’investir cette immense zone industrielle de 12 km².

Les résistants survivent dans des dédales et des galeries souterraines hérités de la Seconde Guerre mondiale. Ceci empêchait jusqu’à présent l’armée russe de venir à bout de cette poignée de soldats.

Le président Poutine avait ordonné depuis dix jours à ses troupes de bloquer les entrées du complexe " de sorte que pas une mouche ne passe ".

Mais l’évacuation de plus de 250 civils des lieux, sous l’égide de l’ONU et du CICR, a sans doute permis au Kremlin de décider l’assaut alors même que Kiev assure que d’autres civils se trouvent toujours à l’intérieur.

Les parents des militaires du bataillon Azov qui résistent toujours à Marioupol ont organisé mardi une prière collective au centre de Kiev. Le symbole du bataillon Azov, un Z barré, évoque l’emblème des SS et contribue à la vague de critiques envers cette formation d’extrême droite. Il s’agit d’une variante du " Wolfsangel ", littéralement " Crampon du loup ", un ancien symbole ou rune germanique que l’on trouve toujours dans les blasons de quelques villes européennes. (AFP)

 

 

A ses débuts, lors de la guerre du Donbass, déclenchée par la prise d’une partie de l’est par les Russes en 2014, le bataillon Azov était formé surtout de volontaires d’extrême droite et de néonazis. Kiev affirme qu’avec l’apport de soldats d’élite, la mouvance d’extrême droite s’est dilué pour ne représenter actuellement que 10 % des effectifs. Le bataillon a été intégré dans la Garde nationale ukrainienne, une sorte de gendarmerie qui dépend du ministère de l’Intérieur.

Moscou accuse toujours les membres du bataillon d’être des néonazis et l’existence d’Azov a été exploitée par les Russes pour justifier leur " opération militaire spéciale " pour " dénazifier " l’Ukraine. De ce fait, les résistants sont certainement condamnés à mourir dans les dédales de l’aciérie.

Les Ukrainiens répliquent en accusant les Russes d’utiliser un symbole semblable, le " Z " qui figure sur leur matériel de guerre: chars, blindés, camions, véhicules de transport de troupes etc

Assaut russe
" Un puissant assaut sur le territoire d’Azovstal est en cours actuellement, avec le soutien de véhicules blindés, de chars, avec des tentatives de débarquement de troupes, avec l’aide de bateaux et d’un grand nombre d’éléments d’infanterie ", a affirmé Sviatoslav Palamar, commandant adjoint du régiment ukrainien Azov, dans un message vidéo sur Telegram.

Les parents des militaires du bataillon Azov qui résistent toujours à Marioupol ont organisé mardi une prière collective au centre de Kiev.

 

 

Peu avant, le ministère russe de la Défense avait annoncé qu’avions et artillerie de l’armée russe et de la " République populaire " prorusse de Donetsk commençaient à " détruire " les " positions de tir " ukrainiennes.

Il a accusé le régiment Azov, qui défend l’usine, d’avoir profité du cessez-le-feu, décrété pour évacuer les civils, pour sortir des sous-sols de l’aciérie et se positionner " sur le territoire et dans les bâtiments de l’usine ".

Jusqu’à présent les forces russes pilonnaient par avion et depuis la mer cette aciérie, dont les immenses galeries souterraines datant de la Seconde Guerre mondiale abritaient combattants et civils privés d’eau, de nourriture et de médicaments, sans essayer d’y pénétrer.

Au centre de Kiev, des drapeaux ont été plantés au nombre des Ukrainiens morts durant le conflit

 

 

Le 21 avril, Vladimir Poutine avait déclaré avoir ordonné à ses troupes de ne pas lancer d’assaut, mais de bloquer la zone.

Deux femmes ont été tuées et une dizaine d’autres civils blessés dans les bombardements qui ont précédé l’assaut, a précisé M. Palamar dans son message vidéo, indiquant que d’autres civils se trouvaient toujours sur les lieux.

 

 

Évacuation vers Zaporijia

Le matin, la présidence ukrainienne avait annoncé poursuivre ses efforts, avec l’ONU et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), pour évacuer les civils restés à Azovstal, au nombre de 200 selon le maire de Marioupol, Vadim Boïtchenko.

Ce week-end, pour la première fois en deux mois de siège et de bombardements, une centaine de civils terrés dans les caves de l’immense aciérie ont pu être évacués.

 

 

Une partie d’entre eux au moins sont arrivés mardi dans la ville de Zaporijjia, ville sous contrôle ukrainien à 230 km au nord-ouest de Marioupol.

" Je suis heureuse et soulagée de confirmer que 101 civils ont été évacués avec succès de l’usine métallurgique Azovstal à Marioupol ", a annoncé mardi la coordinatrice humanitaire des Nations unies pour l’Ukraine, Osnat Lubrani, dans un communiqué.

Dans une déclaration sur internet mardi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui indiqué que 156 civils avaient été évacués et étaient arrivés à Zaporijjia.

" Ce n’est pas encore une victoire, mais c’est un résultat ", a-t-il dit. " Nous continuerons à faire tout notre possible pour sortir nos gens de Marioupol (…) C’est dur, mais nous devons sauver tout le monde, civils et militaires ".

Des réfugiés originaires de Marioupol ont eu la chance d’arriver dans la ville de Zaporijia dans le convoi du CICR

 

 

" Nous sommes tellement reconnaissants à tous ceux qui nous ont aidés. Il y a eu un moment où nous avions perdu espoir, nous pensions que tout le monde nous avait oubliés ", a déclaré à son arrivée à Zaporijjia l’une des évacuées, Anna Zaïtseva, avec dans les bras un bébé de six mois.

De son côté, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a souhaité " davantage de pauses humanitaires " sur le modèle de celle organisée avec l’Ukraine et la Russie et qui a permis l’évacuation des civils de l’aciérie Azovstal, sans préciser leurs lieux possibles.

Dans un appel téléphonique de plus de deux heures avec le président Vladimir Poutine, le président français Emmanuel Macron lui a demandé de " permettre la poursuite (de ces) évacuations ".

 

 

 

Boris Johnson promet une aide militaire supplémentaire

Le Premier ministre britannique Boris Johnson, premier dirigeant occidental à s’adresser au Parlement ukrainien depuis le début du conflit le 24 février, a lui promis une aide militaire supplémentaire de 355 millions d’euros pour Kiev.

" C’est l’heure de gloire de l’Ukraine, dont on se souviendra et qu’on racontera pendant des générations ", a dit Boris Johnson, en allusion au célèbre discours prononcé par Winston Churchill le 18 juin 1940.

Cette nouvelle aide inclut " des radars pour localiser l’artillerie qui bombarde vos villes, des drones de transport lourd pour approvisionner vos forces, et des milliers d’appareils de vision nocturne ", a-t-il précisé.

Cette annonce est intervenue alors que le président Poutine appelait l’Occident à cesser de fournir des armes à l’Ukraine.

 

 

 

Dans l’est, les Russes poursuivent leur offensive.

21 civils sont morts et 27 ont été blessés dans la région de Donetsk mardi, le bilan quotidien le plus lourd depuis la frappe sur la gare de Kramatorsk qui avait fait 57 morts, selon le gouverneur régional Pavlo Kyrylenko sur Telegram.

Parmi ces 21 tués, 10 l’ont été dans la frappe sur une usine à Avdiivka et cinq à Lyman, l’un des points chauds de la ligne de front.

Dans le sud, la grande ville d’Odessa est de nouveau la cible des missiles russes.

 

 

Les Ukrainiens craignent que ce grand port figure parmi les objectifs de Moscou, notamment depuis qu’un général russe a affirmé que l’offensive du Kremlin en Ukraine visait à établir un couloir de la Russie vers la région séparatiste moldave de Transdniestrie, qui passerait par Odessa.

A l’est d’Odessa, le centre de Mykolaïv a été frappé dans la soirée de lundi, selon le rapport matinal de la présidence. Une enquête sur de possibles " tortures et meurtres " pendant l’occupation russe d’une localité de cette région a été lancée, ont par ailleurs indiqué mardi sur Telegram les services de la procureure générale d’Ukraine.

" Selon l’enquête, les corps de deux habitants avec des traces de blessures par balle ont été trouvés dans une fosse commune du village de Novofontanka " et " un des hommes avait les jambes attachées ", précisent-ils.

 

 

 

Mardi soir, des tirs de missiles ont notamment détruit trois centrales électriques à Lviv, a indiqué sur Telegram Andriï Sadovy, le maire de cette grande ville de l’ouest du pays désormais partiellement privée d’électricité.Toujours dans l’ouest, au moins 17 personnes ont été tuées mardi après qu’un bus a percuté un camion citerne d’essence, a indiqué dans la soirée M. Zelensky, en craignant un bilan final plus lourd. Cet accident ne semblait a priori pas directement lié au conflit.

Sanctions pétrolières: réticence de la Slovaquie et la Hongrie
Les Européens travaillent de leur côté à durcir leurs sanctions économiques contre Moscou.La Commission européenne a finalisé sa proposition pour un sixième paquet de sanctions contre Moscou pour tarir le financement de sa guerre contre l’Ukraine.Elle prévoit un arrêt progressif des achats européens de pétrole russe sur une période de 6 à 8 mois, avec une exemption pour la Hongrie et la Slovaquie, deux pays enclavés totalement dépendants des livraisons par l’oléoduc Droujba et qui pourront continuer leurs achats à la Russie jusqu’en 2023, a précisé un responsable européen.

Avec AFP

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