Le CPL s’en est pris au Premier ministre désigné Najib Mikati, l’accusant de " bloquer délibérément la formation du gouvernement " et " d’assumer une grande part de responsabilité dans la catastrophe résultant du rationnement de l’électricité ". La formation aouniste, qui n’a pas épargné de ses flèches ses cibles préférées, a par ailleurs souligné que le prochain président de la République doit bénéficier d’une " représentativité populaire ".  

Le Courant patriotique libre s’en est violemment pris mercredi au Premier ministre désigné Najib Mikati, mais également à plusieurs personnalités qui sont régulièrement dans la ligne de mire de son chef, le député Gébran Bassil. Ses attaques ont ainsi englobé le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, le président du conseil d’administration de la compagnie Middle East Airlines, Mohammed el-Hout, et le président du Conseil supérieur de la magistrature, Souhail Abboud.

Dans un communiqué publié après sa réunion périodique, le conseil politique du CPL a accusé M. Mikati de "prendre la Constitution et la situation dans le pays à la légère en refusant de faire le nécessaire pour former un gouvernement, sans lequel les réformes n’auront pas lieu et le Liban n’obtiendra pas la coopération nécessaire ". Il a estimé que cette " obstruction délibérée du processus de formation du gouvernement est un crime contre les Libanais ".

Le parti, auquel appartiennent les ministres qui se succèdent depuis de longues années à la tête du ministère de l’Énergie, a souligné que le Premier ministre désigné " assume une grande part de responsabilité dans la catastrophe résultant du rationnement de l’électricité, non seulement parce qu’il a entravé la mise en œuvre du plan dans le passé, mais parce qu’il refuse aujourd’hui toute proposition de solution et se cache derrière des prétextes futiles pour protéger ses intérêts et non les intérêts des Libanais ".

Le CPL a ajouté que " les pratiques et les positions du Premier ministre appellent à la méfiance, car il ne permet pas au ministère de l’Énergie d’apporter des solutions à la crise de l’électricité, ne fait pas ce que l’on attend de lui pour activer le travail de la justice dans le crime du port, et entrave toute démarche qui limiterait les dégâts du maintien du gouverneur de la banque centrale (Riad Salamé) à son poste alors que les dossiers et les poursuites contre lui à l’étranger et au Liban s’accumulent ".

Enquête du port

Par ailleurs, le communiqué a indiqué que " le cours de la justice dans l’affaire de l’explosion au port de Beyrouth a été perturbé par des décisions délibérément prises par les politiciens et les juges qui portent la responsabilité d’avoir entravé l’activité du juge d’instruction ", ajoutant à ce propos: " Parmi eux, figurent le Conseil supérieur de la magistrature et son président, qui devraient être une source de solution et non une partie du problème ". Il a réitéré sa solidarité avec les familles des victimes, soulignant sa " volonté de faire tout ce qui est en son pouvoir pour révéler la vérité et poursuivre en justice tous ceux dont la responsabilité sera prouvée ".

Le CPL a néanmoins noté que " tout comme il appelle à libérer l’enquête, publier l’acte d’accusation et arrêter de bloquer les cours de cassation ", il considère que " la détention injuste des détenus en prison, sans aucun procès, constitue en soi un crime puni par la loi et la conscience ". " Il est temps de mettre fin à cette atteinte à la liberté et aux droits des personnes ", affirme le communiqué.

Succès du président

Il a par ailleurs appelé à " accélérer l’adoption des quatre lois de réforme au Parlement pour signer l’accord final avec le Fonds Monétaire International, ainsi que les autres lois sur les réformes, telles que le recouvrement des fonds transférés ", demandant " que le secret bancaire soit totalement levé pour ce qui a trait aux responsables du service public, avec un effet rétroactif ". Il a rappelé que le bloc du CPL a présenté lors de la séance parlementaire une proposition de loi revêtue du caractère de double urgence à cet effet.

Le CPL a souligné qu’il " suivait avec grand intérêt le processus de négociation concernant la délimitation des frontières maritimes avec Israël pour garantir les droits du Liban à extraire le gaz enfoui dans la zone économique du Liban ". Il a noté que " l’équation maritime établie par le Liban, en tant qu’État et résistance, réussira, basée sur le fait qu’il n’y aura pas de gaz de Karish sans gaz de Cana. "

Le parti, fondé par le président de la République Michel Aoun, a salué " le succès du chef de l’État dans la conduite des négociations et la présentation de la position libanaise unifiée ", soulignant " l’importance de la position de la résistance, qui a renforcé la capacité de négociation de l’Etat ".

El-Hout

Par ailleurs, le communiqué indique que " l’interdiction sélective et arbitraire de l’alcool durant les vols par le président du conseil d’administration de la Middle East Airlines est rejetée, car elle suggère un changement dans les règles de comportement social et les coutumes libanaises, et va à l’encontre des libertés individuelles et publiques protégées par la Constitution ". Il a en outre accusé le président du conseil d’administration de la MEA, Mohammed el-Hout, de transférer l’argent de la compagnie à l’étranger " alors que le prix des billets est encaissé en dollars, et qu’il ne verse pas les sommes nécessaires à l’Université libanaise, qui s’effondre ".

Représentativité du président

Le CPL a souligné la nécessité de tenir les élections présidentielles "dans les délais, conformément à la Constitution et d’une manière qui respecte la volonté politique nationale exprimée par les Libanais lors des élections législatives et le principe du respect de la représentativité réelle de ceux qui assument des fonctions constitutionnelles, au premier rang desquelles figure la présidence de la République ". " À quoi servent la démocratie, les élections, le travail politique et l’existence des partis, si l’on abandonne le principe du respect de la représentation populaire ", s’est-il demandé.