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Jean-Yves Le Drian ne sera pas porteur d’une nouvelle initiative française au Liban. Paris continue, en effet, à soutenir la candidature de Sleiman Frangié à la présidence de la République. Cependant, cela ne fera pas long feu eu égard aux données qui seront recueillies par le nouvel émissaire et qui mettront la France devant un seul choix: trouver une nouvelle initiative.

Selon certaines informations, Le Drian entamera, à son arrivée à Beyrouth, une série de discussions avec les différentes forces politiques libanaises. Il attendra également les résultats de la séance électorale prévue le 14 juin, au cours de laquelle le chef des Marada, Sleiman Frangié, affrontera l’ancien ministre des Finances, Jihad Azour. Il effectuera ensuite une évaluation des discussions et des résultats de la séance, et en informera le président Emmanuel Macron. Ce n’est qu’à ce moment-là que la France sera en mesure de proposer une nouvelle initiative en coordination avec les pays qui ont participé à la réunion des Cinq de Paris, à savoir la France, les États-Unis, l’Arabie saoudite, le Qatar et l’Égypte ; tout en sachant que la coordination française avec ces pays est déjà en place et en bonne marche.

D’après les mêmes sources, Paris n’est pas mécontent de voir l’opposition, le Courant Patriotique Libre, les députés indépendants et ceux du changement soutenir la candidature de Jihad Azour. Paris accueille l’entente survenue plutôt favorablement, considérant qu’elle ouvre la voie à une lutte démocratique qui prouve que le jeu démocratique se porte encore bien au Liban. Dans ce contexte, on indique que Paris, en raison de l’issue attendue de la prochaine séance électorale, et sachant pertinemment qu’elle n’aboutira pas à l’élection d’un président, est confronté à deux choix: soit soutenir le candidat qui obtiendra le plus de voix, Jihad Azour en l’occurrence, soit se tourner vers une troisième option, en tête de laquelle figure le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun.

Quel que soit le choix, il doit être approuvé par les Cinq de la réunion de Paris, ce qui lui confèrera une envergure et une légitimité internationale et régionale que personne ne pourra contester. Ainsi, le pays n’aura plus à supporter les affres de la vacance présidentielle à un moment où la région se dirige vers un règlement de tous les conflits et le lancement d’un vaste processus d’investissement. Le Liban ne peut pas se permettre de manquer le train en marche et de perdre les gains financiers, sociaux, politiques et de développement tant attendus.