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Au lendemain du 31 juillet prochain, date de la fin du mandat du gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, les choses ne seront plus les mêmes. Il suffit d’écouter les gens pour mesurer leurs appréhensions au sujet de ce qui se passera une fois que Riad Salamé aura quitté son poste.

L’opinion publique est préoccupée par la possibilité d’une augmentation du taux de change du dollar et la continuité des activités de la plateforme Sayrafa. Malheureusement, ces inquiétudes resteront sans réponse car même les personnes au pouvoir ne sont pas en mesure de les dissiper. Le pays traverse actuellement une période inhabituelle, imposée par les partisans du vide présidentiel. De leur côté, les membres du gouvernement et du Parlement sont réticents à prendre des décisions car ils ne veulent pas assumer la moindre responsabilité. Cette situation crée une atmosphère d’incertitude et d’immobilisme dans le pays.

Les regards sont désormais tournés vers les vice-gouverneurs de la Banque du Liban et il semble que les pôles du pouvoir cherchent à les tenir responsables des événements des dernières années en les désignant comme boucs émissaires. C’est pourquoi le Premier ministre sortant, Najib Mikati, tarde à leur assurer la couverture juridique qu’ils réclament et qui engagerait la responsabilité du gouvernement quant à la poursuite du financement de l’État à partir des réserves obligatoires à la BDL, estimées à environ 9 milliards et 400 millions de dollars.

Le gouvernement et le Parlement sont, dans ce contexte, totalement paralysés et n’ont pas réussi à entreprendre les réformes nécessaires. Cette situation ne date pas seulement de la vacance présidentielle, mais remonte à bien avant, au début de l’effondrement économique, précisément. Ceux qui détiennent le pouvoir dans le pays, en particulier le Hezbollah et ses alliés, ont délibérément choisi cette voie de la paralysie. De ce fait, ils n’ont pas abandonné la politique de subventions qui a entraîné une perte de plus de 12 milliards de dollars au niveau des réserves en devises. Une partie substantielle de ces pertes a profité aux contrebandiers liés à l’axe obstructionniste, ce qui a assuré le financement des forces politiques liées à cet axe pour de nombreuses années.

Il convient de noter que ce sont ces mêmes parties qui s’opposent à tout accord avec le Fonds Monétaire International, car elles souhaitent voir perdurer le financement de l’État à partir des réserves obligatoires, notamment pour les salaires, car leurs partisans dans le secteur public ne peuvent en être privés et devraient même bénéficier d’augmentations pour continuer à gaspiller ce qui reste de deniers publics. De plus, elles s’opposent vivement à toute réforme du secteur public car cela entraînerait la mise à pied d’un grand nombre de leurs partisans placés dans les administrations étatiques.

À en croire certaines informations, ces mêmes parties sont à l’affût depuis un certain temps des revenus pétroliers et gaziers en cas de découvertes commercialement exploitables. Elles cherchent à s’emparer de ce secteur et ont même commencé à créer des sociétés et à tenter de lier le fonds souverain, où les recettes pétrolières seraient déposées, à des postes qu’elles contrôlent au sein de l’État, notamment au ministère des Finances.

Face à cette réalité, certains experts financiers et monétaires au Liban craignent une détérioration délibérée de la situation qui aggraverait la perte de contrôle sur les ressources et revenus restants de l’État, permettant ainsi aux obstructionnistes de continuer à user de manipulations financières dont ils ont déjà bénéficié à hauteur de milliards de dollars.

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