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Le Hezbollah n’a actuellement aucune intention de revoir les règles d’engagement le long de la frontière septentrionale avec Israël. Pour la formation pro-iranienne, les tirs d’artillerie et de roquettes lancés dimanche matin contre des positions israéliennes dans la région des fermes de Chebaa occupée s’inscrivent dans cette continuité stratégique.

Cette opération, qui peut être qualifiée de démonstration de force et de rappel à l’ordre, visait essentiellement à exprimer la solidarité du Hezbollah avec la lutte menée par le Hamas contre les forces israéliennes dans la bande de Gaza. Elle permet également de faire taire les critiques quant à la prétendue capacité des missiles et des combattants du Hezb, dont la mission déclarée est la libération de la Palestine. À cet égard, le Hamas entreprend une opération en ce sens, tandis que le Hezbollah se limite à des frappes à distance, nettement moins conséquentes que celles menées à Gaza.

D’après les informations actuellement disponibles, et indépendamment des développements militaires anticipés dans la bande de Gaza ainsi que des actions qui pourraient être entreprises ultérieurement, il semble que le Hezbollah n’envisage pas une escalade, et ce, pour diverses raisons.

Tout d’abord, le Hezbollah est parfaitement conscient qu’une escalade généralisée aurait un impact dévastateur sur l’ensemble de la population libanaise, en particulier sur sa propre base, et que personne ne serait en mesure de supporter de telles conséquences. De plus, cela aurait des répercussions majeures sur la stabilité intérieure du Liban et sur les relations entre les Libanais.

Deuxièmement, le Hezbollah souhaite que le processus d’exploration pétrolière et gazière dans les blocs maritimes du sud se déroule conformément aux plans établis. Toute escalade militaire majeure risquerait de perturber gravement ce processus. Par conséquent, le Liban ne pourrait pas profiter rapidement des retombées financières de ce secteur, car les opérations dans le bloc 9 seraient interrompues, et TotalEnergies et ses partenaires pourraient se retirer en raison de l’instabilité.

Le Hezbollah mise beaucoup sur le secteur pétrolier, en particulier sur la manne financière qu’il pourrait engendrer, permettant ainsi de réduire la dépendance de l’aide arabe et internationale et du Fonds monétaire international. Ces revenus constitueraient de plus une source de financement essentielle pour le Hezbollah et sa base.

Troisièmement, une escalade mettrait en péril la résolution des contentieux concernant la délimitation des frontières terrestres, en particulier dans le nord du village de Ghajar. Le Hezbollah ne souhaite pas sacrifier la carte qu’il peut utiliser comme moyen de négociation dans le cadre de cet accord entre la tente installée dans les collines de Kfarchouba occupées et le nord du village de Ghajar. Preuve en est que le Hezbollah a immédiatement réinstallé la tente après qu’elle a été bombardée par les Israéliens.

Enfin, l’attitude future d’Israël à l’égard du Hezbollah reste à déterminer. Les Israéliens ne désirent certainement pas une escalade ou une confrontation totale avec la formation pro-iranienne. Parallèlement, ils cherchent à éviter que le scénario qui se déroule dans la bande de Gaza ne se reproduise dans les colonies du nord. Il est essentiel de noter qu’une telle décision ne dépend pas uniquement du Hezbollah, mais également de l’Iran qui n’a pas encore tranché concernant l’ouverture de tous les fronts du conflit, allant de la Palestine au Liban en passant par la Syrie.

 

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