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Engagés au Vatican dans les travaux d’un synode sur la réforme de l’Église dans le sens d’une plus grande collégialité (4-29 octobre), les chefs des Églises orientales, fédérées au sein de l’Assemblée des patriarches et évêques catholiques au Liban (APECL), suivent avec inquiétude, depuis le 7 octobre, les opérations militaires à Gaza, ainsi qu’aux frontières méridionales libanaises, restant en étroit contact par téléphone avec la réalité libanaise.

Conscients que les équilibres politiques internes empêchent le gouvernement de Najib Mikati de réclamer officiellement la neutralité du Liban dans le conflit en cours, ces Églises comptent sur le pape, les "pays amis" et l’ONU pour éviter que le Liban ne soit entraîné, contre son gré, dans une guerre qui aurait des conséquences catastrophiques sur tous les plans, notamment sur la présence chrétienne en Orient, déjà menacée par les hémorragies humaines qui ont touché l’Irak et la Syrie.

"Frères, arrêtez arrêtez! La guerre est toujours une défaite", s’est exclamé dimanche le pape François sur la place Saint-Pierre de Rome, au cours de la prière de l’Angelus. Cet appel angoissé a été repris dimanche par le patriarche Béchara Raï, président de l’APECL. Au cours de la messe dominicale qu’il a célébrée en la chapelle du Collège maronite, à Rome, le patriarche a condamné  "la guerre d’extermination et de destruction en cours" à Gaza, ainsi que la volonté affichée "d’expulser les Palestiniens de leur sol natal et de liquider une cause vieille de 75 ans".  Il a estimé que "la seule solution viable est celle des deux États, avec le maintien d’un régime spécial pour Jérusalem", une position calquée sur celle du Vatican.

En ce qui concerne le Liban, et au nom de toutes les Églises orientales catholiques et de beaucoup de forces politiques, le patriarche maronite a plaidé en faveur de "sa neutralité" dans le conflit en cours, invitant les responsables politiques à  "agir de manière que le pays n’entre pas en guerre avec Israël, tout en observant une solidarité pacifique avec le peuple palestinien et sa cause".

Les ambassadeurs de France, de Jordanie, de Palestine et de la Ligue arabe auprès du Saint-Siège, ainsi que l’ancien commandant de la Finul, le général Stefano Del Col, assistaient à l’office.

Au demeurant, dans un appel solennel lancé le 15 octobre à la communauté internationale, et rendu public lundi dans sa version française, le patriarche Raï a demandé au Vatican, aux pays amis du Liban et aux grandes puissances, de tout mettre en œuvre pour "freiner l’ingérence de pays étrangers" dans les affaires du Liban et "reconnaître sa neutralité positive".

L’appel est cosigné par les patriarches Ignace Youssef III Younan (Syriaque catholique), Youssef Absi (Melkite) et Raphaël Pedros XXI (Arménien catholique), ainsi que par les évêques, prêtres, consacrés et laïcs, participant aux travaux du synode en cours à Rome. Il a été lancé à l’issue d’une réunion consacrée au Liban tenue en présence du pape François, du Cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État, et de Mgr Paul Richard Gallagher, Secrétaire pour les relations avec les États.

"Le problème du Liban dépend des conflits en cours au Moyen-Orient, dans la région et au niveau international, affirme l’appel. L’ingérence de pays étrangers régionaux et internationaux dans les affaires du Liban, prenant comme partisans des factions libanaises qui leur sont soumises, a contribué à rompre l’équilibre de la mosaïque du Liban. C’est pourquoi nous prions le pape François de mettre tout son poids pour négocier avec les pays amis du Liban et les grandes puissances le salut du Liban afin qu’il reprenne sa mission et joue son rôle de pays-message dans le concert des nations."

Et l’appel d’ajouter: "Nous demandons également aux Nations unies et aux pays amis du Liban de nous aider à freiner l’ingérence de pays étrangers, à reconnaître au Liban sa neutralité positive, à appliquer les résolutions 1559, 1680 et 1701 des Nations unies et à régler le conflit israélo-palestinien."

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