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Face au spectre d’une conflagration généralisée au Liban, comme conséquence de la guerre de Gaza, de nombreux Libanais envisagent de fuir les zones dangereuses, notamment au Liban-sud et dans la banlieue sud de Beyrouth, vers des régions considérées comme plus sûres.

Selon plusieurs sources médiatiques, les prix de location d’appartements auraient considérablement augmenté, voire plus que doublé, dans différentes régions libanaises, depuis le début du conflit à Gaza qui a fait " plus de 19.000 déplacés au Liban " selon l’ONU. Notre consœur Nada Ayoub rapporte que les agents immobiliers affirment qu’environ un millier d’appartements auraient été loués dans certaines zones au cours des deux dernières semaines, pour un prix compris entre 600 et 1 500 dollars, la plupart à des personnes financièrement aisées.  Au nombre des régions concernées figurent le Barouk, Achrafieh, le Metn, Bhamdoun et Jezzine.

Contacté par Ici Beyrouth, Marwan Rizk, consultant immobilier à Rizk Ekhwan, relève " une certaine exagération au niveau des chiffres rapportés ", reconnaissant toutefois " une hausse normale de 20 à 30 % " qui s’explique par "une forte augmentation de la demande, parallèlement au fait que les locations se font pour une courte durée" au profit de personnes fuyant les zones exposées aux combats.

" Dans n’importe quel pays, quand la demande augmente, le prix augmente ", souligne M. Rizk, notant que " les locations dans le Metn et à Beyrouth se font normalement pour six mois ou un an, mais quand il s’agit de locations pour un ou deux mois, les prix augmentent, en raison des coûts de fonctionnement qui augmentent ", d’autant plus que " certains locataires quittent sans payer l’électricité " qui sera alors prise en charge par le propriétaire.  Et d’ajouter : " Les propriétaires n’augmentent pas les tarifs des loyers dans le but d’arnaquer les personnes, mais afin de couvrir leurs dépenses, dont les frais de l’électricité ".

Le cas du Chouf

M. Rizk a par ailleurs révélé que " 85 % des appartements vides dans le Chouf ont été loués ", d’autant que " cette région est l’une des moins exposées au danger vu que le Hezbollah n’y est pas présent ".

Il convient de rappeler que l’ancien chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, qui fait part de sa crainte quant à l’élargissement du conflit, avait annoncé vendredi dernier le lancement d’un plan d’urgence pour accueillir les personnes déplacées, soulignant que " les villages de la Montagne seront ouverts à tous, qu’ils soient chiites, sunnites ou chrétiens ".

De son côté, Joumana Eid, PDG de Lead international, a indiqué avoir été contactée par des personnes envisageant de fuir des zones exposées au danger vers de régions comme Rabieh, Faraya et Faqra. Elle a indiqué " n’avoir pas été en mesure de les aider, vu que sa clientèle est principalement composée de diplomates et d’étrangers ".

Quant à l’augmentation des prix, Mme Eid indique " n’avoir aucune information à ce sujet ", estimant par ailleurs que la hausse des prix pourrait s’expliquer par le fait que " les locations se font dans des régions où la demande a baissé ", à l’instar de Rabieh, " qui a été vidée des diplomates et des responsables étrangers qui s’y trouvaient " sans être remplacées par de nouveaux locataires.  Rappelons que les ambassades de plusieurs pays arabes et occidentaux ont demandé à leurs ressortissants de quitter le Liban au vu de l’éventualité d’un embrasement général.

Il reste que la situation sur ce plan demeure nébuleuse au stade actuel du fait que les effets du phénomène en question ne se manifestent pas dans toutes les régions supposées sûres. La présidente du conseil municipal de Bickfaya, à titre d’exemple, Nicole Gemayel, confirme ainsi qu’elle n’a pas ressenti un quelconque problème au niveau des locations. "D’ailleurs, nous n’avons pas assez d’appartements à louer, indique-t-elle, et jusqu’à présent nous ne disposons pas d’informations concernant une hausse des loyers".