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- L’éditorial – Le contentieux libano-palestinien: Retour sur l’Histoire
On prend les mêmes (ou presque) et on recommence! Ceux qui ont vécu la crise libanaise de la fin des années 1960 et du début des années 1970 ainsi que la guerre qui en a résulté à partir de 1975 ont sans doute aujourd’hui un vague sentiment de déjà-vu au niveau du contentieux libano-palestinien. Cette phase sombre de l’histoire du Liban présente d’inquiétantes similitudes avec la situation actuelle, même si le contexte géopolitique de ces deux époques, qu’un demi-siècle sépare, est à l’évidence très différent.
Pour bien illustrer ce troublant parallélisme entre les deux situations, un retour à l’atmosphère du début des années 1970 constituerait un éclairage assurément bénéfique. En 1969, l’État libanais signait avec l’Organisation de libération de la Palestine un funeste document officiel: l’Accord du Caire. Ce dernier accordait aux organisations palestiniennes armées une liberté de mouvement dans une partie du Liban-Sud, notamment dans une zone du Arkoub qui sera désignée sous le nom de «Fateh-land» (le «territoire du Fateh»!).
L’objectif de cet accord était de permettre aux combattants palestiniens – les Fedayine – de mener en toute liberté des attaques contre Israël (en lançant, notamment, des roquettes de type Katioucha en direction du territoire israélien). Il en résultait des raids de représailles menés régulièrement contre les villages du Liban-Sud, avec toutes les conséquences que cela entrainait au niveau de la déstabilisation du pays et de la perpétuation d’un climat conflictuel permanent. Au fil des mois, l’OLP a progressivement gangrené l’État central, noyauté et corrompu une partie de la classe politique, et (surtout) spolié largement la souveraineté nationale. C’était il y a près de 50 ans... La ressemblance avec la conjoncture actuelle parle d’elle-même…
En réaction à ce fait accompli imposé par la Centrale palestinienne, le président de la République de l’époque, Sleiman Frangié, avait demandé, en 1973, à l’armée de mettre un terme aux débordements de l’OLP. Il sera toutefois contraint de faire marche arrière sous la pression du président syrien Hafez el-Assad, avec qui il entretenait pourtant d’anciennes relations personnelles très étroites. Le président Frangié devait faire part de l’échec de sa tentative aux partis souverainistes (dits chrétiens), lesquels ont alors mené une campagne assidue et ont porté les armes afin de contrer les atteintes continues à la souveraineté, sources de déstabilisation chronique.
Ce bras de fer débouchera sur le déclenchement de la guerre libanaise, en avril 1975. Tout le monde connaît la suite…
Le point le plus marquant dans ce «retour sur l’Histoire» est que ceux qui se sont opposés, politiquement et par les armes, à la spoliation de la souveraineté ont été stigmatisés et diabolisés par une partie de la classe politique, mais surtout par des courants gauchisants. Ces derniers, sous le couvert de l’appui à «la noble cause palestinienne», ont fait le jeu de forces régionales dont le seul but était non pas de défendre les Palestiniens, mais de plonger le Liban dans des conflits sans fin en vue d’exploiter la scène libanaise dans leurs manœuvres régionales.
Les partisans de ces courants gauchisants se gargarisaient de slogans populistes, se montrant ainsi incapables d’établir une distinction entre, d’une part, le soutien de principe à la cause palestinienne et, d’autre part, la nécessité de faire face au processus de déstabilisation et aux atteintes à la souveraineté du pays de la part de certaines puissances de la région aux visées hégémoniques.
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Ce même schéma politique s’applique à la conjoncture actuelle, plus particulièrement après l’attaque du 7 octobre.
Ceux qui mènent campagne pour dénoncer les épreuves endurées par la population de Gaza et qui se posent, sans discernement, en porte-étendard de la cause palestinienne ne parviennent pas à établir, eux aussi, la distinction – comme ce fut le cas dans les années 1970 – entre deux attitudes radicalement différentes: d’une part, l’adoption d’une position de principe d’ordre moral (très souvent détachée des réalités objectives); et, d’autre part, la nécessité impérieuse de faire face fermement, comme le font aujourd’hui les pôles et partis souverainistes libanais, à la stratégie de déconstruction des structures libanaises et de transformation du Liban en un simple pion manipulé par une puissance régionale.
Les factions et les cadres qui, par humanisme (frôlant l’angélisme) et par manque de lucidité, s’alignent sur la rhétorique du camp iranien, ne saisissent pas qu’ils se rendent complices des factions qui, du fait de leurs aventures guerrières stériles, condamnent les Libanais à revivre la très longue agonie des périodes les plus sombres des années 1970 et 1980, dont l’aboutissement aura été l’effondrement généralisé actuel.
Les Libanais ont suffisamment été victimes pendant un demi-siècle des manigances, des manœuvres et des complots de diverses forces régionales. Il est grand temps qu’ils puissent se retrouver entre eux, apprendre à se connaître, mettre de l’ordre dans la Maison libanaise pour pouvoir mener une vie simplement décente. C’est alors que les leçons d’humanisme et de morale auront leur bonne place…