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De toute évidence, il sera difficile pour le Hezbollah et le Hamas de savoir comment le Mossad israélien est parvenu à exploiter la faille sécuritaire et à assassiner un des hauts dirigeants du groupe islamiste palestinien, Saleh el-Arouri. Élucider ce mystère nécessitera un travail de longue haleine pour le Hezbollah, un effort dont le résultat n’est guère garanti. Cela dit, plusieurs experts des renseignements ont expliqué que les Israéliens surveillaient Al-Arouri de près et n’ont exécuté leur opération qu’après s’être assurés que l’éventualité d’un échec était nulle.

Ces mêmes experts estiment que la brèche sécuritaire exploitée par Israël se situe au niveau libanais, palestinien et turc, et que la planification de pareil assassinat aurait débuté le jour de l’opération Déluge d’Al-Aqsa". Ces derniers s’interrogent de même sur la raison pour laquelle El-Arouri et d’autres dirigeants du Hamas n’avaient pas pris de précautions suffisantes quant aux multiples menaces directes proférées par Israël à leur encontre. Les informations relatives à l’assassinat de Saleh el-Arouri ne permettent jusque-là aucune conclusion, même s’il a été confirmé que l’immeuble et l’enceinte dans lesquels se trouvait la cible ont été visés par plusieurs missiles.

Certaines informations indiquent que les projectiles utilisés seraient au nombre de six et auraient été lancés par un avion de chasse, et non par un drone. Il s’agirait, toujours selon ces informations, de missiles sophistiqués dotés d’une précision chirurgicale. Il est tout aussi important de noter que les Israéliens sont parfaitement capables de brouiller les radars de l’armée libanaise, pour ainsi rendre impossible la détection d’un avion de chasse ou d’un drone au moment de l’attaque. Partant, on peut même se demander si les missiles ont été lancés par un bâtiment de guerre israélien dont la précision permet un ciblage presque parfait. À en croire les experts du renseignement, l’assassinat d’El-Arouri dans la banlieue sud de Beyrouth fait du Liban une zone à risque pour les dirigeants du Hamas et du Jihad islamique.

Par conséquent, il est impératif de mettre en place de nouvelles mesures préventives au sein des instances dirigeantes, et les déplacements doivent désormais s’effectuer de manière plus discrète et moins visible. Après tout, Israël perçoit le Liban comme un champ de guerre hostile, contrairement à d’autres États hébergeant des cadres du Hamas, comme le Qatar ou la Turquie. Par conséquent, mener des opérations de ce type dans des pays pareils générerait des conflits que l’État hébreu souhaite éviter, alors que les assassinats perpétrés dans d’autres États comme le Liban, la Syrie, ou l’Iran ne susciteront pas des représailles de taille; les attaques passées lancées dans ces pays-là n’ont provoqué aucune réaction réelle, la décision d’entrer dans une guerre totale n’a jusque-là pas été prise à Téhéran. Il ne s’agit donc que d’une surenchère rhétorique stridente loin d’égaler en intensité les assassinats commis par Israël.