Le leader des Kataëb, Samy Gemayel, a exprimé des réserves au sujet de l’initiative du bloc de la Modération nationale, lancée le 24 février, pour un déblocage de la présidentielle, sans pour autant la rejeter directement.

Il a ainsi estimé que "rien ne distingue les initiatives récemment proposées de celle du chef du Parlement, Nabih Berry", qui appelle à un dialogue en vue d’une entente autour d’un candidat à la présidence de la République.

Dans ce cadre, il a rappelé le discours du député Ali Hassan Khalil selon lequel "il s’agit d’un processus de dialogue comme celui auquel M. Berry avait précédemment appelé".

Pour rappel, l’initiative du bloc de la Modération nationale consiste à réunir au Parlement des députés de différents blocs en vue de concertations; celles-ci seront suivies d’un appel au président de la Chambre pour la tenue d’une réunion parlementaire électorale ouverte, avec des tours successifs, jusqu’à l’élection d’un nouveau président.

Lors d’une interview accordée à la chaîne locale Al-Jadeed, M. Gemayel s’est lancé dans une argumentation qui montre les failles d’une approche qui s’articule autour d’un dialogue. "Premièrement, nous n’avons vu aucun engagement de la part de la partie opposée (le tandem Amal-Hezbollah) à tenir une session ouverte et des tours consécutifs", a-t-il pointé. L’avantage d’une session ouverte est d’assurer le quorum une seule fois, lors de la tenue du premier tour. Alors que dans le cas de sessions consécutives, un défaut de quorum au début de chaque session pourrait mener au blocage du processus électoral.

"Deuxièmement, le candidat du 8 mars, Sleiman Frangié, ne s’est pas retiré de la course à la présidence", a poursuivi M. Gemayel, soulignant que "nous sommes donc toujours au point de départ".

Critiquant les parties favorables à l’initiative du bloc de la Modération, il a avancé que celle-ci "n’aborde pas ces failles structurelles", d’autant que "le Hezbollah refuse de discuter d’un troisième candidat".

Pour le chef des Kataëb, la seule solution réside dans un changement de position de la part du Hezbollah, "qui doit accepter un autre candidat ainsi qu’un consensus avec le reste des Libanais". Sinon, "toutes les initiatives qui pourraient être mises en avant ne seraient qu’une perte de temps", a-t-il déclaré.

Dans ce contexte, rappelons que le bloc de la Modération nationale doit discuter lundi avec le Hezbollah de son initiative.

Selon lui, "imposer un président aux Libanais par la force des armes est en fait un coup d’État mené par le Hezbollah contre la Constitution, par le biais d’un blocage du processus démocratique qui n’est pas en sa faveur depuis un an et demi". "Une telle démarche sera contrecarrée par tous les moyens disponibles", a-t-il martelé.

En conclusion, M. Gemayel a souligné que "l’absence d’un président porte un coup à l’État tout entier et sape toutes les possibilités de redressement, ainsi que les chances de former un nouveau gouvernement, d’adopter des réformes et tout ce qui peut être mis en œuvre pour sauver le pays".