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Une véritable course contre la montre est engagée entre les efforts soutenus fournis pour aboutir à un règlement à Gaza et la possibilité imminente d’un conflit généralisé. L’issue de cette course demeure incertaine, bien que la plupart des analyses favorisent l’option d’un règlement, s’appuyant sur diverses données disponibles.

Les déclarations lourdes de menaces du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a souligné, lundi et vendredi dernier, la gravité de l’attaque israélienne contre le consulat iranien en Syrie et affirmé que "si l’ennemi veut la guerre, nous n’avons pas encore utilisé notre principal moyen de défense", suggèrent davantage une voie vers une solution majeure plutôt qu’un conflit généralisé, de l’avis d’un diplomate.

À travers ses propos assortis de menaces, Nasrallah semble adresser des messages multidirectionnels, en particulier aux États-Unis, qu’il tient pour responsables de toutes les crises régionales, notamment après l’attaque israélienne contre le consulat iranien en Syrie, qui marque, selon lui, un tournant crucial dans le conflit régional en cours.

De l’avis de plusieurs diplomates chevronnés, l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU de la résolution 2728, appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et à laquelle Washington ne s’était pas opposé, est un autre signe indicateur que la région s’orienterait vers une solution globale de la question palestinienne, avec une intensification des contacts internationaux et régionaux, conformément au calendrier international défini par la 2728.

Selon plusieurs sources, le Cabinet restreint du gouvernement israélien se concentre sur la situation dans la bande de Gaza, notamment sur la neutralisation du Hamas, et semble éviter actuellement d’aborder la possibilité d’un conflit ouvert avec le Liban, en dépit des menaces régulières proférées par les responsables israéliens à l’encontre du pays du Cèdre.

À en croire ces mêmes sources, même la menace israélienne d’une opération militaire contre Rafah, au sud de Gaza, ne serait pas mise à exécution. Le gouvernement israélien aurait d’ailleurs refusé de céder à la demande de Benjamin Netanyahou d’envahir cette ville.

Cette décision semble être influencée par la pression accrue exercée par Washington et les gouvernements occidentaux contre Netanyahou, en particulier après la frappe israélienne sur le centre de distribution alimentaire mondial à Gaza, où sept collaborateurs de l’ONG humanitaire World Central Kitchen ont été tués la semaine dernière.

Dans ce contexte, un diplomate occidental avance l’idée que la guerre de Gaza pourrait être la dernière dans la région, si tant est qu’elle déboucherait sur une solution définitive et globale de la question palestinienne.

Israël, dont le gouvernement est soumis à de fortes pressions populaires depuis le 7 octobre – date de l’attaque du Hamas contre ses kibboutz – souhaite une solution qui garantisse la sécurité et la stabilité sur son territoire, comme l’ont clairement exprimé ses responsables ou encore les manifestants à Tel Aviv. "Nous ne voulons plus être pris pour cible" par le Hamas ou le Hezbollah", ont scandé ces derniers.

Ceci explique, entre autres, le fait que Netanyahou, qui reste fermement déterminé à réaliser son plan à Gaza en éliminant le Hamas, ne souhaite pas ouvrir de nouveaux fronts. Il explique également pourquoi le Cabinet restreint israélien n’a pas pris de décision concernant une éventuelle guerre avec le Liban.

La perspective d’un règlement global pousse toutefois chacune des parties prenantes à vouloir améliorer ses conditions, dans le cadre des négociations en cours, à Doha et au Caire, où la période postcessation des hostilités est discutée, notamment la libération des prisonniers et des otages.

Israël refuse ainsi tout cessez-le-feu avant d’être convenu d’un règlement selon ses propres conditions. En contrepartie, les Palestiniens demandent une solution définitive à leur cause, avant de parvenir à un règlement.

Selon des milieux diplomatiques, le nœud du problème réside toutefois dans le refus de Netanyahou de reconnaître la solution à deux États, alors que les pressions internationales pour arracher à Tel Aviv la reconnaissance d’un État palestinien indépendant dans le cadre d’un règlement global se multiplient.

Dans les mêmes milieux, on révèle que plusieurs solutions, formulations et propositions sont en cours de discussion pour parvenir à un accord sur la création d’un État palestinien indépendant.

Reste le facteur iranien. Selon des sources bien informées, Téhéran ne s’engagera pas dans une guerre dans la région et se contentera de manœuvrer, comme toujours, pour asseoir son influence dans la région.

De mêmes sources, on rappelle que la guerre entre l’Iran et l’Irak (1980-1988) a marqué la fin des conflits menés par Téhéran, comme l’avait annoncé l’ayatollah Khomeini à la fin de cette guerre.

Cette déclaration sous-entend que l’Iran ne lancera plus de guerres depuis son territoire. Téhéran délègue désormais ses actions militaires à ses bras militaires dans la région pour atteindre ses objectifs, lui permettant ainsi de se distancer des conséquences directes de tout conflit.

De toute façon, l’Iran ne peut se permettre une nouvelle guerre, étant donné sa situation économique et sociale précaire, ainsi que les divisions internes et les récentes manifestations contre le régime en place.