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Il semble évident que les récents incidents sécuritaires au Liban dissimulent un plan visant à perturber la paix civile et à saper la coexistence et l’unité nationale.

Le tragique enlèvement et meurtre de Pascal Sleiman, coordinateur des Forces libanaises (FL) pour la région de Jbeil, en est une preuve manifeste, qui trahit une intention claire de déstabiliser le Liban sur le plan sécuritaire.

Lors de leur interrogatoire, les ravisseurs ont prétendu avoir agi pour voler la voiture de Sleiman. Cependant, leurs aveux se sont rapidement révélés faux, puisqu’ils ont abandonné le véhicule et transporté le corps de Sleiman en Syrie après qu’il eut succombé à ses blessures. Selon les médias syriens, ces derniers ont franchi la frontière syrienne à travers des passages non autorisés, dans une zone contrôlée par le Hezbollah. Ces événements ont suscité de nombreuses interrogations sur les motivations de l’opération et de ses commanditaires.

Pourquoi les cerveaux de ce crime, censés être inconnus, ont-ils choisi de recruter des déplacés syriens pour enlever Pascal Sleiman et le tuer? Voulaient-ils faire d’une pierre deux coups? D’une part, déclencher une guerre entre chrétiens et musulmans en accusant les forces locales puissantes d’être derrière le crime et, d’autre part, semer la discorde entre chrétiens et Syriens. Ces derniers temps, les réseaux sociaux bruissent de discussions sur ce "plan", étant donné que des ressortissants syriens ont été chargés de la tâche.

Après cet événement tragique, un autre crime a été perpétré dans la région de Beit Mery, dans le Metn. Le cambiste Mohammad Ibrahim Srour, qui faisait l’objet de sanctions américaines pour ses liens présumés avec le transfert de fonds de l’Iran vers le Hamas palestinien, a été retrouvé mort dans des circonstances mystérieuses.

S’ensuit alors une série d’attaques contre le siège du Parti social nationaliste syrien (PSNS) à Jdita, dans la région de la Bekaa. Les coupables ont laissé sur les lieux un drapeau des FL, alimentant ainsi les tensions et exacerbant les divisions sectaires, surtout après une activité intense des armées électroniques sur les réseaux sociaux.

Attiser les flammes de la discorde survient alors que le Moyen-Orient s’engage dans un processus de règlement global pour une paix généralisée, équitable et durable. De toute évidence, certains partis politiques cherchent à renforcer leur position sur la scène politique et leur rôle dans un règlement futur, en plus d’étendre leur influence dans la région.

Dans ce contexte, les récentes prises de position du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, illustrent cette tendance. Ce dernier a souligné "son rôle en tant que garant de l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité par le biais de sa présence militaire dans le Liban-Sud, à condition qu’Israël cesse totalement ses violations terrestres, maritimes et aériennes, tout en se positionnant comme défenseur de la paix civile, de l’unité nationale et de la coexistence."

Ainsi, à la suite du crime de Sleiman, il a accusé les (FL) et les Kataëb d’inciter à la guerre civile, à la lumière des accusations portées contre le Hezbollah par des forces politiques et populaires.

Nasrallah a voulu faire passer un message en affirmant: "Nous, le tandem chiite, avons empêché la guerre et la discorde. Nous avons été attaqués à Tayyouné et avons évité les frictions (en référence aux frictions du 14 octobre 2021 qui ont opposé les partisans des FL à ceux du Hezbollah et d’Amal). Il a prétendu que des menaces ont été proférées contre la communauté chiite à Jbeil et au Kesrouan, une affirmation qui a été démentie par les autorités religieuses chiites à Jbeil.

En effet, les déclarations de Nasrallah ont été perçues comme un appel fort aux forces souverainistes, notamment aux Forces libanaises et aux Kataëb, les invitant à s’aligner sur le projet de la "résistance".

Pour étouffer définitivement les "conspirations et les rumeurs", les forces souverainistes ont exigé que toute la vérité sur le meurtre de Sleiman soit révélée.

Cette exigence est renforcée par les inquiétudes exprimées par une source sécuritaire occidentale, qui craint d’autre messages et incidents sanglants dans le cadre d’une conspiration visant à déstabiliser le Liban et à contraindre les forces souverainistes à se plier au projet du Hezbollah.

Pendant que les efforts diplomatiques s’intensifient pour résoudre la crise politique au Liban, accélérer l’élection du président de la République et séparer le front sud du front de Gaza, l’envoyé français Jean-Yves Le Drian mène des consultations à Washington, notamment avec l’envoyé américain au Liban, Amos Hochstein, avant d’effectuer sa tournée dans les pays du Quintette (États-Unis, France, Arabie saoudite, Qatar et Égypte) entre autres pour ce faire.

Alors que la pression extérieure sur les forces politiques libanaises pour élire un président de la République s’intensifie, les ambassadeurs du Quintette reprennent les réunions avec les dirigeants libanais pour pousser dans cette direction.

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