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Les forces politiques de l’opposition, en tête desquelles les Forces libanaises, cherchent à reproduire le scénario de l’élection présidentielle du 14 juin 2023. Pour rappel, lors de cette séance électorale, Sleiman Frangié, chef des Marada et candidat du duopole Hezbollah-Amal, avait obtenu 51 voix, tandis que Jihad Azour, candidat de l’alliance entre le Courant patriotique libre et l’opposition, en avait remporté 59.

Dans des déclarations publiques, l’opposition et le CPL maintiennent leur soutien au candidat Azour et n’envisageraient de le retirer que si le duo chiite abandonnait Frangié. Le Hezbollah avait informé l’envoyé présidentiel français, Jean-Yves Le Drian, de sa disposition à considérer d’autres candidats dans le cadre du dialogue, sans pour autant annoncer officiellement qu’il renonçait à Frangié.

Dans ce contexte, Frangié ne semble guère enthousiaste à l’idée d’un dialogue. À l’occasion de l’anniversaire de l’assassinat des membres de sa famille à Ehden en 1978, il a mis l’accent sur son initiative, qui proposait initialement que les quatre leaders chrétiens, à savoir Samir Geagea, Gebran Bassil, Samy Gemayel et lui-même, se portent candidats à la présidence de la République. Cependant, il a rapidement fait évoluer cette initiative pour restreindre la compétition au chef des Forces libanaises et à lui-même, soit à deux options politiques: celle pro-Hezbollah et celle anti-Hezbollah.

En effet, Frangié pense que cette confrontation est la voie quasi certaine pour accéder à la présidence de la République. Il estime que le quorum restera intact et que les forces politiques du centre le préféreront à Geagea, ce qui lui donnerait l’avantage de devenir le prochain président sans avoir à s’opposer ouvertement au dialogue ni à embarrasser le duo chiite s’il décidait d’opter pour un troisième candidat. Ainsi, le processus paraîtra extrêmement démocratique et satisfaisant pour les parties arabes et internationales.

Selon les observateurs, tout laisse à penser qu’il n’y aura pas d’élection présidentielle, que ce soit avec ou sans dialogue. C’est le souhait du Hezbollah, contrairement à ce qu’il affiche. Cependant, une clarification de sa position sur ce point fournirait à ses détracteurs des preuves supplémentaires sur le rôle obstructionniste qu’il joue à ce niveau. Ainsi, tout en accueillant et en soutenant les initiatives locales et étrangères, le Hezbollah entretient un jeu de rôle avec le président de la Chambre, Nabih Berry. Tandis que le premier envoie des signaux positifs, le second répond par d’autres négatifs, dans l’attente d’un règlement régional.