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La mobilisation occidentale, en particulier de la France et des États-Unis, la semaine dernière, a mis en lumière l’ampleur de l’inquiétude, suscitée par les affrontements sur le terrain entre l’armée israélienne et le Hezbollah, que le conflit ne dégénère en une véritable guerre, comme le redoute Washington.

Dans les hautes sphères, on indique clairement que l’escalade des affrontements conduirait à une explosion majeure. Le président américain, Joe Biden, a même proposé un plan de paix pour éviter l’embrasement, incluant le retrait d’Israël de l’enclave palestinienne et un échange de prisonniers entre Israël et le Hamas. Ce plan a été rejeté, tout comme Israël a refusé de se conformer à la décision du Conseil de sécurité des Nations unies concernant l’arrêt de la guerre.

Washington n’a pas seulement élevé la voix, mais il a également activé sa diplomatie en envoyant lundi le conseiller principal du président américain, Amos Hochstein, dans la région. Ce dernier s’est rendu d’abord à Tel Aviv pour tenter de contenir l’escalade. Il est ensuite attendu mardi à Beyrouth pour rencontrer les responsables concernés, dans l’espoir de convaincre le Hezbollah de ralentir ses actions et éviter que la situation ne dégénère en conflit généralisé.

Tout cela s’inscrit dans le contexte global de la région, mettant en avant la proposition du président américain qui a été au centre des discussions lors des pourparlers tenus au palais de l’Élysée.

Le dossier du Liban a également été abordé, tant sur les aspects sécuritaires visant à prévenir le déclenchement de la guerre que sur les aspects politiques mettant en avant la nécessité de l’élection d’un président de la République. L’accent a été mis sur l’impératif d’arrêter les opérations militaires et de promouvoir une solution politique basée sur la solution à deux États, considérée comme une voie vers une paix générale.

Les pourparlers qui se sont tenus dans plusieurs capitales européennes, notamment à Paris, ont été précédés d’une série de contacts initiés par l’émissaire spécial du président français pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, et M. Hochstein. Ces efforts ont permis d’ajouter un paragraphe sur la crise libanaise dans le communiqué final du sommet franco-américain tenu à l’Élysée, grâce à la collaboration entre une cellule de crise libanaise et des responsables américains.

MM. Le Drian et Hochstein ont élaboré un plan d’action pour le Liban en cas de cessez-le-feu à Gaza, bien que leurs priorités soient différentes. Néanmoins, ils sont d’accord sur l’élection d’un président de la République, la délimitation des frontières et l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies.

En prévision du sommet franco-américain, Jean-Yves Le Drian a rencontré des responsables au Vatican, à Riyad, à Londres, à Doha et en Égypte afin de discuter du dossier libanais et d’éviter que celui-ci ne soit mis de côté dans l’attente des élections américaines. Sa crainte étant l’effondrement du Liban, comme il l’a déjà fait savoir aux dirigeants libanais.

Alors que le discours de M. Biden lors du sommet n’a pas abordé la question libanaise, car son administration n’avait pas encore défini sa position sur la crise, le président français, Emmanuel Macron, a centré son intervention sur ce sujet selon deux perspectives: la sécurité, en mettant l’accent sur la stabilité au Liban-Sud, et le volet politique, en appelant à l’élection d’un président de la République.

Dans le communiqué final du sommet, M. Macron a souligné que "la stabilité du Liban et la réduction des tensions le long de la Ligne bleue sont d’une importance capitale pour les deux pays (les États-Unis et la France) qui collaborent à cet objectif. Ils appellent toutes les parties à faire preuve du maximum de retenue et de responsabilité dans le respect de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies et sa mise en œuvre". Il a également insisté sur "l’urgence de mettre fin à la vacance présidentielle de 18 mois en élisant un président de la République sans délai, de former un gouvernement et de mettre en œuvre des réformes essentielles pour stabiliser l’économie du Liban et favoriser une croissance intégrale et solidaire du pays".

Pour leur part, les chefs du Quad (États-Unis, France, Grande-Bretagne et Allemagne) ont souligné dans une déclaration commune l’importance de "maintenir la stabilité et d’unir les efforts pour soutenir la désescalade le long de la Ligne bleue, conformément à la résolution 1701". Ils ont appelé toutes les parties à faire preuve de vigilance pour éviter toute escalade régionale et à collaborer pour soutenir la mise en œuvre du plan présenté par M. Biden dans le but de parvenir à la paix et à la stabilité.

Un cessez-le-feu sera-t-il atteint ou la guerre va-t-elle s’étendre?

Selon des sources diplomatiques, il y a une forte pression pour éviter une escalade du conflit, mais Israël n’a pas encore accepté la proposition de M. Biden, bien qu’elle ait été élaborée par Benjamin Netanyahou. M. Biden l’aurait toutefois modifiée pour les besoins de sa campagne présidentielle pour surpasser Donald Trump, au vu des sondages très serrés. En parallèle, le Hamas consulte les leaders et les responsables palestiniens, iraniens et arabes pour coordonner leurs positions.

De sources arabes bien informées, on estime qu’une escalade sécuritaire généralisée est peu probable, grâce à la pression internationale. L’Israël de Benjamin Netanyahou hésite à faire des concessions décisives qui pourraient favoriser la victoire de M. Biden sur Donald Trump. Le Premier ministre israélien attend le retour de M. Trump à la Maison Blanche, ce qui pourrait modifier les équilibres et les dynamiques régionales.

De son côté, l’Iran a déployé ses forces militaires et ses alliés politiques dans la région pour déstabiliser la situation, dans le but d’ouvrir des négociations avec l’administration Biden avant les élections américaines, par crainte d’une réélection de Donald Trump et des sanctions que son administration pourrait imposer. Si la proposition de M. Biden pour un cessez-le-feu est acceptée, des sources indiquent qu’il pourrait y avoir une résolution accélérée de la crise au Liban, tant sur le plan présidentiel que sécuritaire.

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