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Dans un geste qui marque l’ampleur des risques perçus par le Vatican concernant la situation des chrétiens au Liban, le secrétaire d’État du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, est en visite dans le pays pour tenter de dénouer l’impasse présidentielle. Le Vatican espère rapprocher les points de vue chrétiens et contribuer à un consensus national aboutissant à l’élection d’un président de la République.

L’initiative du Vatican s’inscrit dans une coordination avec la France. Après sa récente visite à Beyrouth, Jean-Yves Le Drian, émissaire spécial du président français pour le Liban, s’est rendu au Vatican où il a rencontré le cardinal Parolin pour discuter des enjeux liés à l’élection présidentielle au Liban ainsi que des positions des différentes factions politiques concernées.

Selon les informations disponibles, les deux parties ont convenu de l’importance cruciale de la tenue de l’élection présidentielle, soulignant que le président libanais est le seul chef d’État chrétien de la région, et qu’il est impératif de préserver cette singularité.

Les personnes proches du dossier affirment que le secrétaire d’État du Vatican, dispose d’informations détaillées sur l’élection présidentielle, grâce aux données fournies par l’ambassadeur du Saint-Siège au Liban, Bkerké, la France, les États-Unis et divers groupes chrétiens libanais.

Cependant, ces données ne laissent pas présager que la mission du Cardinal Parolin sera aisée, car il est conscient que de nombreuses parties concernées traiteront l’initiative du Vatican comme toute autre initiative étrangère: elles la soutiendront si elles y adhèrent et la rejetteront si ce n’est pas le cas. Cela ne concerne pas seulement le Hezbollah mais d’autres parties, telles que les Forces libanaises.

D’après les sources mentionnées, certaines factions chrétiennes expriment la crainte que les positions du Vatican ne soient perçues comme favorisant un camp politique au détriment d’un autre, notamment après l’invitation de Nabih Berry, président du Parlement, à engager un dialogue et des consultations. Berry cherche à convaincre ses interlocuteurs, y compris le secrétaire d’État du Vatican, de l’urgence d’organiser rapidement l’élection présidentielle. Cependant, le principal obstacle demeure l’opposition qui refuse de répondre à son appel au dialogue et aux consultations, qu’il souhaite diriger personnellement.

En effet, M. Berry s’est engagé à organiser des séances consécutives pour l’élection du président de la République sans toutefois assurer le maintien du quorum lors de ces sessions, que celles-ci aboutissent à une élection ou pas, renvoyant ainsi la responsabilité de l’échec à l’opposition.

Les personnes proches du dossier ont révélé que le secrétaire du Vatican chercherait également à vérifier la validité de l’affirmation selon laquelle l’élection présidentielle au Liban n’est pas influencée par les événements en cours à Gaza et dans le sud du Liban. De plus, il aura pour mission de définir le profil idéal du prochain président de la République. Selon des sources au Vatican, l’objectif est de garantir une stabilité politique et sécuritaire durable pour le Liban, estimant qu’un État fonctionnel est essentiel pour mettre un terme à l’exode des chrétiens libanais.