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Aucune personne sensée ne peut réellement souhaiter une escalade de la guerre dans le sud du Liban, voire une confrontation totale. Même le Hezbollah, qui est engagé sur le terrain, ne s’en vante pas et continue d’envoyer des messages indiquant que l’arrêt des hostilités à Gaza entraînera de facto la fin des hostilités dans le sud du Liban. Parallèlement, ce dernier diffuse des messages réitérant sa préparation à la guerre et précisant que, cette fois-ci, elle sera sans limites.

Toutes les parties libanaises ont le droit de s’opposer à la guerre, à son timing, à ses objectifs et à ses cibles, même si de nombreux Libanais voient la solidarité avec la cause palestinienne et la population de Gaza comme un devoir moral et humanitaire, sans pour autant vouloir s’engager dans un conflit armé. Cependant, il est inacceptable de promouvoir l’idée d’une guerre ou d’une invasion israélienne similaire à celle de 1982. Les conséquences d’un tel scénario seraient bien plus désastreuses qu’à l’époque et bien plus graves que les divergences internes entre les factions libanaises.

Il est désormais évident que le front du Sud-Liban est intrinsèquement lié à celui de Gaza. Il est trop tard pour soulever des objections concernant l’unicité des fronts, limitée au front libanais uniquement et non à d’autres, comme celui de la Syrie. Bien que cette affirmation contienne une part de vérité, elle repose sur le principe de l’égalité conceptuelle entre l’occupation et la libération.

Toutefois, il est crucial de reconnaître la nécessité d’explorer toutes les options possibles pour éviter que cette escalade ne dépasse les limites raisonnables. Cela ne doit pas pour autant justifier ou minimiser les lourdes pertes subies par le sud et sa population jusqu’à présent. En effet, les coûts élevés engendrés laisseront des séquelles durables et auront des répercussions significatives à plusieurs niveaux.

Plus important encore, le Liban ne doit pas subir une nouvelle agression israélienne. Pour rappel, Israël viole régulièrement la souveraineté libanaise par terre, mer et air depuis des décennies. Sans compter les différentes invasions et les bombardements quasi-continus, laissant des empreintes indélébiles et de mauvais souvenirs, notamment en 1978, 1982, 1993, 1996, 2006 et plus récemment en 2023-2024.

Le Liban ne peut supporter une nouvelle guerre, étant donné l’effondrement sans précédent qu’il subit et la crise économique extrêmement pesante. De plus, la plupart des pays arabes se sont désintéressés de lui et n’investissent plus comme par le passé, lorsque le pays était un centre d’intérêt arabe et international, attirant des emplois et servant de lien entre l’Orient et l’Occident. Le pays a certes perdu un bon nombre de ses avantages concurrentiels, mais pas tous, comme en témoigne l’afflux sans précédent de visiteurs pendant la saison estivale, en dépit des menaces israéliennes et de l’impasse politique interne avec plus d’un an et demi de vacance présidentielle.

Cependant, cet afflux de touristes et d’expatriés, bien que significatif, reste très insuffisant pour résoudre les crises majeures de l’économie libanaise, marquée par des dysfonctionnements structurels historiques qui nécessitent des réformes profondes ainsi que des discussions constructives pour refonder l’économie libanaise sur des bases solides tenant compte de l’égalité et de la justice sociale.

Aujourd’hui, plus que jamais, il est impératif de rester à l’écart des querelles de clocher stériles et futiles, particulièrement dans un contexte de tensions régionales exacerbées. Il est également crucial de ne pas entraîner le Liban dans une confrontation qu’il ne souhaite pas, qu’il ne peut pas se permettre et dont les répercussions seront dévastatrices.

Le Liban traverse une période critique et il est contre-productif d’alimenter les conflits internes en soulevant des questions controversées qui accentuent les divisions sans apporter de solutions. La priorité fondamentale reste l’élection d’un président de la République. L’absence de ce dernier souligne l’importance centrale de son rôle national et politique, contrairement à ceux qui affirment qu’il a perdu son influence après l’accord de Taëf.

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