Le Futur accuse Baabda de dicter ses ordres à Ghada Aoun, la présidence réplique en dénonçant une campagne vindicative.

Entre le Courant du futur de l’ancien Premier ministre, Saad Hariri, et la présidence de la République, la guerre des communiqués est ouverte depuis mardi, avec les tentatives forcenées de la procureure générale du Mont-Liban, de faire arrêter le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, quand bien même ce dernier avait présenté contre elle un recours pour cause de parti pris flagrant à son encontre.

Mercredi, Mme Aoun a poussé le zèle jusqu’à engager des poursuites contre le directeur des Forces de sécurité intérieure (FSI), le général Imad Osman, qu’elle accuse d’avoir empêché ses agents, officiellement en charge de la sécurité de Riad Salamé, de laisser le service de Sécurité de l’Etat (qui relève du président de la République) exécuter un mandat d’amener ouvert contre M. Salamé.

Elle a transmis le dossier au premier juge d’instruction, Nicolas Mansour, qui doit entendre le général Osman jeudi prochain en principe.

Cette affaire a soulevé une véritable tempête politique, le Premier ministre, Najib Mikati, ayant clairement exprimé son opposition à la procédure menée par Mme Aoun, durant un entretien téléphonique avec la cheffe du bloc parlementaire du Futur, Bahia Hariri.

Entre-temps, ce parti a fait paraître un communiqué au ton virulent, dans lequel il accuse de nouveau la présidence de la République de dicter ses ordres à la procureure et de se comporter en chef de parti et non pas en chef d’Etat. " Le président a décidé de (…) regagner son poste à Rabieh (son ancienne résidence de fondateur du CPL) pour s’engager dans les batailles menées par le CPL afin de porter un coup aux institutions de l’Etat ", lance le Courant du futur en dénonçant " une hérésie " présidentielle qui consiste à " couvrir la décision de la juge Ghada Aoun d’engager des poursuites contre le directeur des FSI parce que ce dernier a assumé sa mission de protéger une personnalité publique, en l’occurrence le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé ".

Anticipant le démenti présidentiel qui devait intervenir plus tard, le Courant du futur a accusé Ghada Aoun d’" agir sous les ordres directs de la présidence de la République, après avoir échoué la veille à provoquer un clash entre les FSI et le Service de sécurité de l’Etat " qu’elle avait chargé d’exécuter le mandat d’amener contre Riad Salamé. " Les motifs de ces agissements ne sont plus un secret pour personne. Le président de la République de Rabieh lance sa campagne électorale et ouvre un Palais de justice particulier à la tête duquel se tient Ghada Aoun, pour le compte de son courant politique ", stigmatise le communiqué, selon lequel " les Libanais doivent aujourd’hui chercher dans les couloirs du palais où Michel Aoun est installé, les instigateurs des tentatives de plonger le pays dans plus de chaos ". Et de conclure : " Les tentatives de porter atteinte au général Osman ne passeront pas, quoi qu’ils fassent ".

Régissant à ces accusations, le bureau de presse de Baabda a dénoncé " des mensonges et des leurres propagés par le Courant du futur pour la deuxième journée consécutive, au sujet d’interventions présumées du chef de l’Etat dans les affaires de la justice ". Il a indiqué que le président " n’est pas concerné par les procédures suivies par la magistrature ou les forces de sécurité concernées ". Le bureau de presse de Baabda a accusé le Courant du futur de " chercher à se venger et de faire de la provocation contre la personne du président ", assurant que le président " continuera de militer pour connaître le sort de l’argent des épargnants déposé par les banques à la Banque centrale "