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"Il y a loin de la coupe aux lèvres"… Sans verser dans le cynisme mal placé, ce vieux proverbe français reflète parfaitement la situation politico-militaire dans laquelle sont embourbés depuis fort longtemps le Hezbollah et son "parrain" régional. Ces deux acteurs, particulièrement actifs sur la scène moyen-orientale, et parfois bien au-delà, affichent en effet, de façon continue, un comportement médiatique qui montre clairement qu’ils sont loin d’avoir véritablement les moyens de leur politique. Et pour cause: ils ont les poings fortement liés (militairement) par un "jeu" politique international ayant beaucoup plus de poids que leurs ambitions démesurées.  

Les développements de ces onze derniers mois illustrent à quel point les discours incendiaires et belliqueux des pôles du camp iranien ne sont en définitive qu’une coquille vide. Il pourrait difficilement en être autrement face au profond déséquilibre du rapport des forces en présence, caractérisé par le gouffre technologique incommensurable qui sépare l’alliance israélo-occidentale de l’axe dit "obstructionniste".

Tout le monde se souvient de la posture guerrière du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui, à maintes reprises, a menacé de bombarder Haïfa "et bien au-delà de Haïfa", brandissant même le spectre des "100.000 missiles" sophistiqués pointés vers Israël. Mais où a-t-il bien pu dissimuler "100.000" missiles (!) sur un territoire aussi exigu que le Liban? (sauf s’il comptabilise à son actif tout l’arsenal de la République islamique!).

L’image schématique de la coquille vide peut s’appliquer aussi au cas du régime des mollahs. Il est devenu difficile de répertorier le nombre de fois où une attaque iranienne d’envergure contre Israël était jugée "imminente", sans que cela se traduise dans les faits. De la même manière, les menaces et déclarations martiales des hauts responsables à Téhéran ne se comptent plus, mais cette posture guerrière à répétition est restée sans lendemain.

La seule fois où la République islamique a lancé, dans la nuit du 13 au 14 avril dernier, une attaque massive de missiles contre le territoire israélien, l’aviation de l’État hébreu et la coalition occidentale, menée par les États-Unis, et même certains pays arabes (notamment la Jordanie) se sont mobilisés pour faire échec à cette attaque en un court laps de temps. Ainsi, 99% des 300 drones et missiles (balistiques et de croisière) tirés par l’Iran ont été interceptés et détruits avant qu’ils n’atteignent l’espace israélien. En revanche, en réaction à cette attaque (avortée), des drones israéliens réussirent à mener le 19 avril un raid contre la ville d’Ispahan, au cœur de l’Iran, en prenant bien soin d’épargner méticuleusement les installations nucléaires présentes dans la ville.

Côté libanais, l’attaque promise par le Hezbollah en représailles à l’assassinat de Fouad Chokr, le 30 juillet, a fait chou blanc, l’aviation israélienne ayant lancé des raids préventifs massifs qui ont étouffé dans l’œuf et réduit à sa plus simple expression l’offensive hezbollahie.

À l’évidence, le camp iranien n’a pas les moyens d’affronter efficacement l’armada occidentale, la suprématie technologique et aérienne d’Israël, ainsi que les fortes pressions américaines, pour traduire ses menaces et ses vociférations en une véritable offensive militaire, hormis la guerre d’usure stérile ou des opérations terroristes en tous points vaines.  

La posture médiatique belliciste du régime des mollahs et de ses suppôts régionaux est entrée, en ce 9 septembre, dans son douzième mois et nous sommes à ce stade loin, très loin, de Haïfa ou de la "route de Jérusalem"… Le régime des mollahs et sa tête de pont libanaise ont sans doute une force de nuisance non négligeable. Certes, mais il ne suffit pas de détenir une force de frappe destructrice; encore faut-il pouvoir l’utiliser, concrètement.

Les événements des onze derniers mois ont montré que les États-Unis et leurs alliés occidentaux (Grande-Bretagne et France, notamment) ne lésinent pas sur les moyens lorsqu’il s’agit se préserver la sécurité d’Israël, ces moyens étant aussi bien militaires que politiques. Washington a ainsi déployé dans la région deux porte-avions, accompagnés de leurs destroyers et navires de guerre, ainsi qu’un sous-marin doté de missiles de croisière, des F 35, des avions furtifs F 22 et des avions-citernes. L’administration US a parallèlement démontré qu’elle possède de forts moyens de pressions politiques pour court-circuiter dans les faits toutes les velléités d’attaque d’envergure contre Israël.

La dissuasion militaire et politique occidentale, plus spécifiquement américaine, et la puissance israélienne ont ainsi pratiquement neutralisé, en amont, les capacités offensives du camp iranien. De sorte que les habitants du Liban-Sud, dont plus de 100.000 ont été forcés à l’exode, sont en droit de se demander à quoi sert de revendiquer un impressionnant arsenal militaire si, dans le contexte d’un conflit aussi explosif que celui qui ébranle actuellement la région, un tel arsenal reste inopérant et cloué au sol du fait d’un jeu politique international qui réduit fortement la marge de manœuvre des acteurs locaux.

Il est devenu nécessaire d’admettre aujourd’hui certaines réalités, aussi dures soient-elles. Le régime des mollahs a réussi à hypothéquer, lentement mais sûrement, la cause palestinienne. Non pas dans l’objectif de libérer un quelconque territoire ou de favoriser l’édification d’un État palestinien, mais dans le seul et unique but de renforcer et de bétonner la stature régionale de la République islamique. Et, il faut le reconnaitre: un tel dessein est, en définitive, le véritable enjeu prioritaire du combat mené depuis le 8 octobre par le Hezbollah… au mépris des intérêts vitaux, du bien-être et même de la survie de la population libanaise.