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La crise financière de 2019, aggravée par la dépréciation vertigineuse de la monnaie libanaise, a fortement affecté les revenus et les moyens de subsistance des employés de la fonction publique, notamment les forces de sécurité et les militaires, qui constituent la majorité des fonctionnaires.

Avec leurs salaires mensuels, perçus en livres libanaises et réduits à 150 dollars, de nombreux militaires ont quitté l’armée, tandis que les retraités ont à peine de quoi vivre, leur revenu étant aussi misérable.

Frustré par les fausses promesses d’améliorer leurs conditions de vie, les militaires à la retraite sont descendus dans la rue mardi pour exprimer leur colère en perturbant une réunion du cabinet qui a finalement été reportée faute de quorum.

Selon un sergent à la retraite, "le budget 2024 du Parlement libanais a brimé les droits du personnel militaire retraité" en ne consacrant aucun fonds pour les augmentations salariales.

"Le salaire minimum des militaires retraités est de 150 dollars au taux de change actuel, contre près de 1.200 dollars avant la crise économique de 2019", a déclaré à Ici Beyrouth le sergent, sous couvert d’anonymat.

"Mes dépenses mensuelles pour mon générateur privé se situent entre 100 et 150 dollars. Comment puis-je vivre avec ma femme et ma fille avec un salaire de 50 dollars?", a-t-il demandé.

Des soldats et des officiers retraités de tous les services de sécurité, à savoir l’armée, les forces de sécurité intérieure, la sécurité générale et les douanes, ont organisé la manifestation de mardi pour faire valoir leurs revendications, notamment l’ajustement de leurs salaires – de la même manière que pour les employés du secteur public – et une prime "de productivité".

Selon les chiffres officiels, les retraités perçoivent actuellement environ 10% de leurs anciens salaires, tandis que les prix des biens et des produits de consommation ont augmenté.

"Les employés du secteur privé ont vu leurs salaires ajustés après que l’État a levé les subventions (sur les biens de première nécessité), ce qui a entraîné une augmentation des prix de presque tout. Pourquoi le gouvernement ne reconnaît-il toujours pas notre existence?", s’interroge le sergent retraité.

Revendiquant une "vie plus digne", les manifestants ont bloqué les routes menant à la place de l’Étoile et brûlé des pneus.

Demandant un salaire minimum de 500 dollars américains, ils ont souligné qu’ils avaient servi l’État pendant des années et méritaient bien son attention à ce moment critique de l’histoire du Liban.

Les salaires du personnel retraité varient, selon leur grade et leurs années de service, entre 130 et 200 dollars. Les officiers de haut rang tels que les généraux et les colonels gagnent respectivement 145 à 200 dollars et 120 à 180 dollars, mais personne ne gagne plus de 200 dollars.

"Est-il juste qu’une facture de générateur représente les trois quarts du revenu d’un officier retraité qui a passé sa vie en première ligne, sous la pluie et le froid? Et quand le gouvernement établira-t-il un budget qui traite réellement cette question plutôt que d’émettre de fausses promesses et de prolonger les délais?", a demandé un brigadier à la retraite, qui s’est également exprimé à Ici Beyrouth sous couvert d’anonymat.

Depuis 2019, le Liban traverse une crise économique sans précédent qui a entraîné un effondrement historique de la monnaie nationale par rapport au dollar américain, actuellement de 89.000 livres libanaises pour un dollar.