L’Office national du fleuve Litani a annoncé avoir détecté la bactérie du choléra dans les eaux du fleuve, au niveau du bassin supérieur, lors de ses contrôles réguliers d’échantillons prélevés dans des sites aléatoires et prédéfinis. Toutefois, il n’y a pas de raison de paniquer ou de craindre une épidémie pour le moment, selon un spécialiste des maladies infectieuses.

Dans un communiqué publié vendredi, l’Office a souligné que les eaux contaminées par la bactérie du choléra sont la principale cause de la propagation de la maladie, notamment parce que le fleuve, en particulier dans son bassin supérieur, continue de recevoir des eaux usées non traitées, contaminées par divers types de bactéries.

Le choléra est une infection diarrhéique aiguë causée par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés par une bactérie de l’espèce Vibrio cholerae.

Résultats des prélèvements

Le 9 septembre 2024, l’Office national du Litani a prélevé des échantillons d’eau de sept points du fleuve Litani dans son bassin supérieur, afin de surveiller toute contamination par le choléra. Ces échantillons ont été analysés dans son laboratoire de Khirbet Kanafar.

Les résultats ont révélé la présence de la bactérie du choléra en deux points: le point de collecte des eaux usées, à Chtaura, et celui au niveau du pont de Dalhamiyé, selon le texte.

Il est à noter que ces deux points avaient déjà montré des signes de contamination lors de la propagation de l’épidémie en 2022.

Dans ce cadre, l’Office national met en garde contre la situation actuelle du fleuve et appelle à l’arrêt immédiat de toutes les activités pouvant aggraver cette situation ou provoquer une nouvelle épidémie.

"Dès que la bactérie du choléra atteint les eaux de surface, elle peut se propager dans tous les points, constituant ainsi un grave danger pour la santé de tous les habitants du bassin supérieur du fleuve Litani", peut-on lire dans le communiqué.

Pas besoin de paniquer 

Contacté par ici Beyrouth, Dr Elie Haddad, spécialiste en maladies infectieuses à l’Hôtel-Dieu de France, a souligné "qu’il ne faut pas paniquer, et qu’il est encore tôt pour parler d’épidémie, bien que le choléra puisse se propager très rapidement". Il a expliqué qu’il s’agit de "cas sporadiques. "On ne peut parler d’épidémie qu’à partir du moment où plus de cent cas sont détectés par jour et sur la totalité du territoire libanais, ce que ne fut même pas le cas en octobre 2022".

Le Dr Haddad a affirmé que "la propagation du choléra peut être bloquée si les mesures de précaution maximale sont prises". Il a souligné l’importance de l’hygiène. Il faut, entre autres, "mettre du chlore dans les citernes, bien se laver les mains et nettoyer convenablement les fruits et légumes". Remettant en cause l’efficacité de l’utilisation du vinaigre pour le nettoyage des légumes, Dr Haddad a déclaré qu’il est plus utile "d’utiliser des produits qui contiennent du chlore, équilibrés, qui ne sont pas toxiques pour le corps et qu’on retrouve facilement dans les pharmacies et les supermarchés". Il a enfin fait valoir l’importance "du dépistage dès que les symptômes apparaissent et de la vaccination au niveau national".

L’épidémie de choléra de 2022

Il convient de rappeler qu’en octobre 2022, une épidémie de choléra s’était déclarée au Liban. Elle fut probablement le résultat d’une grave épidémie dans la Syrie voisine, elle-même liée à l’eau contaminée de l’Euphrate. C’était la première manifestation du choléra au Liban depuis 1993.

Le 9 décembre 2022, 5.105 cas suspects et confirmés de choléra avaient été signalés, ainsi que 23 décès associés.

En juin 2023, le ministère libanais de la Santé avait annoncé la fin de l’épidémie.