La guerre de 2006 a pris fin grâce à l’adoption de la résolution 1701, fruit des négociations menées par le gouvernement libanais de Fouad Siniora. Cependant, le contexte actuel au Liban est radicalement différent. Selon l’ancien ministre Tarek Mitri, qui a participé aux discussions aux côtés de M. Siniora, seul un cessez-le-feu à Gaza pourrait mettre un terme à la guerre au Liban.

Quels facteurs ont permis l’adoption de la résolution 1701 et l’arrêt des hostilités en 2006?

À l’époque, le Liban disposait d’un gouvernement légitime où le Hezbollah était représenté. Lorsque ce dernier a violé la Ligne bleue le 12 juillet, le gouvernement a unanimement pris ses distances avec cette action militaire, affirmant qu’il n’en avait pas été informé et qu’il ne l’approuvait pas. Cette posture visait à se positionner comme un négociateur défendant un Liban menacé par Israël, dans le but d’obtenir un cessez-le-feu. Israël ne s’attaquait pas seulement aux cibles du Hezbollah, mais détruisait l’ensemble du pays (infrastructures, ponts, routes…). Après 33 jours de conflit, le gouvernement libanais a réussi à obtenir une cessation des hostilités, la résolution 1701 étant censée préparer un cessez-le-feu durable. Les principaux facteurs ayant contribué à l’adoption de cette résolution étaient la volonté de la communauté internationale (hormis les États-Unis) de mettre fin à la guerre et les efforts du gouvernement libanais, qui jouissait d’un certain crédit moral auprès de nombreux pays, y compris les membres du Conseil de sécurité des Nations Unies. Il est à noter que 14 pays membres du Conseil plaidaient pour un cessez-le-feu, tandis que seuls les États-Unis souhaitaient prolonger le conflit pour affaiblir le Hezbollah.

Lorsque les États-Unis ont réalisé qu’après 33 jours, Israël causait des destructions massives au Liban sans affaiblir significativement le Hezbollah, ils ont conclu que la guerre n’avait plus de sens et donné leur accord pour des négociations qui ont abouti à l’adoption de la 1701.

Un autre facteur déterminant a été l’annonce du gouvernement libanais concernant le déploiement de 15.000 soldats au Liban-Sud pour combler le vide laissé par le retrait israélien. Cela a rassuré la communauté internationale et a fait avancer le processus de négociation.

En résumé, l’effort diplomatique du gouvernement libanais a été crucial et les États-Unis ne pouvaient pas soutenir indéfiniment une guerre qui devenait de plus en plus impopulaire à l’échelle mondiale et qui ne remplissait plus ses objectifs.

Bien que la résolution 1701 ait mis fin aux hostilités, elle n’a pas résolu le conflit. Aujourd’hui, le Liban est à nouveau aux portes de la guerre, et le Hezbollah a renforcé son arsenal militaire au fil des ans.

La résolution 1701 a été partiellement appliquée après la guerre de 2006, contribuant à une certaine pacification entre juillet 2006 et octobre 2023, malgré les violations principalement du côté israélien. Le Hezbollah a respecté la résolution en ne procédant pas à des incursions et en ne dépassant pas la Ligne bleue.

Concernant les armes du Hezbollah, il convient de rappeler que la résolution 1701 mentionne, dans ses préambules, la résolution 1559 relative au désarmement. Cependant, les paragraphes opérationnels ne stipulent pas un désarmement total du Hezbollah, mais plutôt dans une zone au sud du Litani, sous le contrôle de l’armée libanaise et de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul).

Il existe également un accord tacite permettant au Hezbollah de conserver ses armes au sud du Litani, tant qu’elles ne sont pas utilisées ni visibles. En d’autres termes, la Finul a adopté l’idée que ce qui n’est pas visible n’existe pas. Les armes du Hezbollah étant entreposées dans des sous-sols, leur invisibilité a contribué à donner l’impression que la résolution 1701 était respectée.

Qu’est-ce qui pourrait changer la donne aujourd’hui?

Un cessez-le-feu à Gaza pourrait bouleverser la situation au Liban. Il est évident que le Hezbollah ne pourra pas mettre fin à ses ripostes contre Israël tant qu’un cessez-le-feu n’est pas décrété à Gaza. Se présentant comme un soutien aux Palestiniens, il poursuivra ses actions tant que les combats dans la bande de Gaza se poursuivront.

Selon des diplomates occidentaux ayant contacté le Hezbollah, il semblerait que ce dernier soit ouvert à une application plus souple de la 1701.

Cela impliquerait-il un désarmement total du Hezbollah?

Penser qu’un désarmement complet du Hezbollah est envisageable est illusoire. Bien qu’il puisse accepter de retirer certaines armes et combattants du sud du Litani, un désarmement total est très improbable. Les Israéliens pourraient également demander des garanties supplémentaires, ce qui nécessiterait une pression accrue des États-Unis sur Israël.