C’est dans une ambiance inédite que les députés libanais s’apprêtent à élire le nouveau président de la Chambre issue des élections du 15 mai 2022, ainsi que son bureau.

Alors que l’ouverture de la séance est prévue à 11, des groupes du soulèvement du 17 octobre 2019 ont voulu pour l’occasion faire entendre leur voix : question de rappeler aux élus qu’ils les tiennent à l’œil et qu’ils n’acceptent pas une gestion des affaires publiques qui ressemblerait aux précédentes.

Ils étaient ainsi plusieurs centaines à se regrouper dès 9h près de la statue de l’Emigré à l’entrée du port de Beyrouth, pulvérisé le 4 août 2020 par l’explosion de centaines de tonnes de nitrate d’ammonium. Parmi les protestataires, de nombreux proches des victimes. Silencieux, ils serraient contre eux des portraits de ceux qui avaient perdu la vie dans le drame.

Parmi eux, il y avait aussi et surtout, douze députés issus de la Thawra. Ce sont eux qui ont ouvert la marche vers la Place de l’Etoile où se trouve le siège du Parlement. Brandissant des drapeaux libanais, les manifestants ont avancé vers le centre-ville de Beyrouth, au rythme des slogans du soulèvement du 17 octobre, hostiles surtout à la classe politique jugée responsable de l’effondrement du pays, et plus particulièrement au député Nabih Berry, qui devrait être reconduit à la tête du Parlement pour un septième mandat.

C’est au niveau de l’accès à la Place de l’Etoile, où les protestataires et leurs élus sont arrivés peu après 10h, que s’est manifesté de façon flagrante le monde qui sépare les douze élus de plusieurs autres parmi leurs collègues.

Les premiers sont arrivés à pied, dans une ambiance de liesse et avec pour seule protection leurs élus, dans le secteur où ils avaient été victimes de violence en 2019, alors que d’autres, parmi les inamovibles décriés par la rue, sont arrivés presque furtivement dans des voitures aux vitres fumées, sous haute escorte policière.

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