L’Azerbaïdjan a été enjoint par la Cour Internationale de Justice de relâcher son blocus sur le couloir de Latchine, axe stratégique pour le ravitaillement des populations arméniennes qui résident dans la région du Nagorny-Karabakh. Cette directive de la CIJ s’inscrit dans une série de rappels à l’ordre et au respect des droits humains adressés à Bakou et Erevan depuis le début des conflits.

La plus haute juridiction de l’ONU a ordonné mercredi à l’Azerbaïdjan d’assurer la libre circulation sur un axe routier vers l’Arménie vital pour l’approvisionnement de la population au Nagorny-Karabakh, un territoire disputé avec l’Arménie depuis plus de trente ans.

Depuis la mi-décembre, des Azerbaïdjanais qui se présentent comme des défenseurs de l’environnement manifestant contre des mines illégales bloquent le couloir de Latchine, une étroite bande de terre reliant l’Arménie à cette enclave et placée sous le contrôle de troupes russes d’interposition.

Axe routier vers le Nagorny-Karabakh.

En raison du blocus, cette région montagneuse de quelque 120.000 habitants – majoritairement des Arméniens – manque de nourriture, de médicaments et de carburant, une situation équivalente à un " nettoyage ethnique " aux yeux d’Erevan.

La situation a retenu l’attention de la communauté internationale : l’Union européenne a commencé lundi à déployer une mission d’observation à la frontière entre les deux pays et le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a appelé samedi l’Arménie et l’Azerbaïdjan à faire la paix.

L’Azerbaïdjan " doit prendre toutes les mesures dont elle dispose afin d’assurer la circulation sans entrave des personnes, des véhicules et des marchandises le long du couloir de Latchine dans les deux sens ", a déclaré Joan Donoghue, la juge présidente de la Cour internationale de justice (CIJ).

Le risque d’une escalade au Nagorny Karabakh reste élevé malgré de récents progrès dans les pourparlers de paix entre Bakou et Erevan et les efforts accrus des Occidentaux en vue de trouver un règlement pacifique dans cette région, que la Russie considère comme faisant partie de sa zone traditionnelle d’influence.

La CIJ mobilisée sur les questions de haine raciale

Les anciennes républiques soviétiques rivales du Caucase, qui se sont livrées une courte guerre en 2020, ont toutes deux fait appel à CIJ pour que celle-ci intervienne dans le conflit.

La CIJ, qui siège à La Haye, tranche les différends entre États. Ses arrêts sont sans appel, mais elle n’a pas de moyens autres que la diplomatie pour les faire appliquer.

Les deux pays voulaient que la cour prenne des mesures d’urgence avant de traiter les affaires sur le fond dans ce conflit reposant sur des allégations de violations d’une convention internationale contre les discriminations.

Les Arméniens manifestent contre le blocage de l’Azerbaïdjan

Les magistrats ont rejeté dans la foulée la requête de l’Azerbaïdjan qui leur demandait d’ordonner à l’Arménie de cesser de poser des mines terrestres dans la zone contestée.

Bakou a affirmé que l’Arménie avait disséminé 2.700 mines depuis un accord de paix pour mettre fin à la guerre dans la région en 2020.

L’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont affrontés au début des années 1990, au moment de la dislocation de l’URSS, pour le contrôle du Nagorny-Karabakh.

Ce premier conflit, qui a fait 30.000 morts, s’est soldé par une victoire arménienne. Mais l’Azerbaïdjan a pris sa revanche à l’occasion d’une deuxième guerre qui a coûté la vie à 6.500 personnes à l’automne 2020 et lui a permis de reprendre de nombreux territoires.

La CIJ avait déjà sommé en décembre 2021 les deux pays de stopper la haine raciale et d’éviter d’aggraver leur différend.

Maureen Décor, avec AFP

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