Le président du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev a décrété mardi l’état d’urgence à Almaty et dans une région pétrolière à la suite de manifestations contre la hausse des prix du gaz.

A Almaty (sud-est), capitale économique de ce pays d’Asie centrale, la police a utilisé des grenades assourdissantes et du gaz lacrymogène pour disperser une manifestation contre la hausse des prix du gaz qui avait rassemblé plusieurs milliers de personnes.Le président Tokaïev a décrété l’état d’urgence à Almaty et dans la province de Mangystau à partir du 5 janvier et jusqu’au 19 janvier, précise le site internet de la présidence. Un couvre-feu sera instauré de 23H00 à 07H00.Il avait auparavant appelé à la fin des manifestations dans une vidéo mise en ligne. " Ne répondez pas aux provocations venant de l’étranger et de l’intérieur du pays. Ne répondez pas aux appels à prendre d’assaut les bâtiments officiels. C’est un crime pour lequel vous seriez puni ", a déclaré le chef de l’Etat de 81 ans, qui gouverne le pays depuis 2019.

Cette manifestation, dans un pays autoritaire où ce type de rassemblement est rare, fait suite à un mouvement de colère qui a éclaté dans plusieurs villes depuis dimanche.

Deux journalistes de l’AFP, qui ont vu mardi les tirs de la police pour disperser la foule à Almaty, ont comptabilisé au moins 5.000 participants à cette manifestation. Les messageries populaires Whatsapp, Telegram et Signal étaient inaccessibles dans la nuit.

Des manifestants ont été aperçus attaquant des véhicules, dont un camion de pompiers. Plusieurs manifestants et policiers antiémeute ont été hospitalisés pour ce qui semblait être de légères blessures, selon l’AFP.

Le mouvement de colère a débuté dimanche, après une hausse des prix du gaz naturel liquéfié (GNL), dans la ville de Janaozen, dans l’ouest de ce pays riche en ressources naturelles, avant de s’étendre à la grande ville régionale d’Aktau, sur les bords de la mer Caspienne.

Mardi soir, les autorités avaient tenté de calmer la situation en concédant une réduction du prix du GNL, le fixant à 50 tenges (0,1 euro) le litre dans la région, contre 120 au début de l’année.

Justifiant cette concession régionale, M. Tokaïev a assuré sur Twitter qu’il s’agissait " d’assurer la stabilité dans le pays ".

Cette promesse n’a pas pour autant entraîné la dispersion des manifestants, qui exigeaient de parler au président. Les médias locaux ont montré des images de milliers d’entre eux encerclés par la police.

M. Tokaïev avait parallèlement annoncé qu’une commission gouvernementale, incluant des membres de ses services, avait " commencé à travailler " à Aktau.

" La commission a pour consigne de trouver une solution mutuellement acceptable au problème soulevé dans l’intérêt de la stabilité du pays ", a-t-il précisé.

Il a néanmoins mis en garde contre les " troubles à l’ordre public ", appelant les manifestants à " faire preuve de responsabilité et de volonté de dialoguer ".

Janaozen a été par le passé le théâtre des troubles les plus meurtriers ayant secoué le Kazakhstan depuis son indépendance de l’URSS en 1991. En 2011, au moins 14 ouvriers d’un site pétrolier avaient été tués quand la police avait réprimé une manifestation contre les conditions de travail et les salaires.

La région de Mangystau, où est située la ville de Janaozen, dépend du GNL comme principale source de carburant pour les voitures et toute hausse de son prix entraîne celle des produits alimentaires, déjà à la hausse depuis le début de la pandémie de coronavirus.

M. Tokaïev, au pouvoir depuis 2019, a été choisi comme successeur par le dirigeant historique Noursoultan Nazarbaïev, 81 ans, qui a dirigé le Kazakhstan durant 30 ans à partir 1989 et conserve une influence.

Le Khazakstan, première économie d’Asie centrale habituée par le passé à des taux de croissance à deux chiffres, souffre de la baisse des prix du pétrole et de la crise économique en Russie, qui a mené à la dévaluation du tenge kazakh et une forte inflation.

AFP

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