Un groupe d’experts de l’ONU a jugé les États-Unis et sept autres pays " responsables " de sévices infligés à un prisonnier saoudien à Guantanamo, lundi 5 mai. Selon ces experts, certains cas de détention dans la prison militaire américaine pourraient constituer des " crimes contre l’Humanité ".

Les Etats-Unis et sept autres pays sont responsables de la détention illégale et de tortures infligées à un prisonnier saoudien en attente d’un procès dans lequel il risque la peine de mort à Guantanamo, a estimé un groupe de travail des Nations unies.

Le groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire a également laissé entendre que l’utilisation systématique de la prison militaire de Guantanamo (Cuba) pour détenir des suspects arrêtés dans le cadre de la " Guerre contre le terrorisme " menée par Washington après les attentats du 11 septembre 2001 pourrait, dans certains cas, constituer des crimes contre l’Humanité.

Les cinq experts indépendants qui constituent ce groupe de travail se sont prononcés sur le cas de Abd al-Rahim al-Nashiri, un ressortissant saoudien d’origine yéménite soupçonné d’être le cerveau de l’attentat suicide d’octobre 2000 contre le destroyer USS Cole, qui a coûté la vie à 17 marins américains.

Les avocats ont indiqué qu’après avoir été capturé à Dubaï en 2002, Al-Nashiri avait pendant quatre ans fait la navette entre différents " sites noirs " (des prisons clandestines) de la CIA en Afghanistan, en Lituanie, au Maroc, en Pologne, en Roumanie et en Thaïlande, dans lesquels il a été torturé.

Transféré à Guantanamo en 2006, il y est toujours détenu. Il n’a été inculpé qu’en 2008, et son procès devant la justice militaire américaine, dans lequel il encourt la peine de mort, est toujours en cours.

Dans un avis adopté à la fin de l’année dernière, mais discrètement rendu public vendredi, le groupe de travail de l’ONU a établi que les huit pays étaient " conjointement responsables de la torture et des traitements cruels, inhumains et dégradants infligés à M. al-Nashiri ".

Compte tenu des circonstances, ils ont estimé que " la solution appropriée serait de libérer M. al-Nashiri immédiatement " et de lui accorder des réparations.

Il reste à Guantanamo, qui a compté jusqu’à près de 800 prisonniers, 31 détenus.

Malo Pinatel, avec AFP