Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a gracié un chercheur et un avocat après une pluie de critiques à l’international, mercredi 19 juillet. M. Sissi souhaite ainsi mettre en avant son initiative du " dialogue national " destinée à redonner voix à l’opposition.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a accordé mercredi une grâce au chercheur Patrick Zaki et à Mohamed al-Baqer, l’avocat du détenu politique le plus célèbre du pays, au lendemain d’une levée de boucliers, notamment à l’étranger.

Mardi, deux mois et demi après l’ouverture d’un " dialogue national " censé redonner de la voix à une opposition laminée par dix années de répression, M. Zaki, 32 ans, était emprisonné après avoir été condamné à trois ans de prison.

Après 22 mois de détention préventive, il s’était présenté libre devant la cour d’exception qui le jugeait pour " fausses informations " pour un article paru en ligne en 2019 dénonçant des " violations " des droits des Coptes, la plus importante minorité chrétienne du Moyen-Orient avec 10 à 15% des 105 millions d’Egyptiens.

La condamnation mardi de M. Zaki avait suscité l’ire de Washington, du Commissariat des droits de l’Homme de l’ONU et de dizaines d’ONG.

Mardi soir, le coordinateur du " dialogue national ", Diaa Rashwan, chef des services de communication de l’Etat, avait à son tour lancé un appel à la " libération immédiate " de Patrick Zaki pour montrer " l’engagement continu du président " à " un climat positif pour le succès " de cette initiative.

Il y a plusieurs semaines, il avait déjà plaidé pour la libération de Mohamed el-Baqer, condamné à quatre ans d’emprisonnement, lui aussi pour " fausses nouvelles ".

Cet avocat de 42 ans avait été arrêté en 2019 alors qu’il assistait à l’interrogatoire de son client Alaa Abdel Fattah, blogueur prodémocratie et icône de la " révolution " de 2011, toujours détenu malgré une grève de la faim lors de la COP27 organisée par l’Egypte en novembre.

Sous l’autocrate Hosni Moubarak (1981-2011), les libertés étaient restreintes pour les intellectuels, mais elles ont encore diminué depuis l’arrivée au pouvoir de M. Sissi en 2014.

Malo Pinatel, avec AFP