Ils étaient venus assister en nombre à un festival de musique au sud d’Israël. Au matin du 7 octobre, des éléments armés du Hamas ont transformé cette rave party en un bain de sang, marquant le début de l’offensive depuis la bande de Gaza par un crime de guerre.

Dans le sud d’Israël, près de la frontière avec Gaza, des milliers de jeunes, israéliens et étrangers, avaient dansé jusqu’à l’aube dans une rave party quand des commandos du Hamas les ont surpris, massacrant environ 250 personnes.

Des bénévoles en état de choc, appelés à collecter les corps, ont raconté lundi le spectacle morbide auquel ils ont assisté.

" Ils ont massacré les gens de sang-froid d’une façon absolument inconcevable ", témoigne Moti Bukjin, le porte-parole de Zaka, une organisation spécialisée dans les premiers secours ainsi que la collecte et l’identification des corps conformément à la loi juive.

" Ils sont juste allés abattre des gens dans leurs voitures ", a-t-il raconté à l’AFP.

Les jeunes étaient rassemblés près du kibboutz Reim, dans une région éloignée du sud d’Israël proche de la frontière avec la bande de Gaza.

La fête a tourné au drame lorsqu’un millier de combattants du Hamas ont traversé la frontière samedi matin, lançant leur offensive sur Israël à moto, en camionnette, avec des bateaux rapides ou des planeurs motorisés.

Certains planeurs ont été vus survolant le festival dans une vidéo largement partagée en ligne. Des jeunes gens fuyaient vers leurs voitures pendant que des tirs résonnaient, dans plusieurs vidéos dont l’AFP n’a pu vérifier l’authenticité.

Beaucoup de jeunes ont été tués, d’autres pris en otage. Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montrait une femme de 25 ans, Noa Argamani, appelant à l’aide à l’arrière d’une moto alors qu’elle était kidnappée.

" Dans la zone où a eu lieu la rave party, et pour la rave party elle-même, mon estimation, fondée sur le nombre de camions, chaque camion transportant 50 corps – et il y avait quatre ou cinq camions – je dirais environ 200-250 corps ", ajoute Moti Bukjin.

Cette sinistre estimation signifie que le nombre de morts lors du festival représente plus d’un tiers du bilan total, du côté israélien, de l’offensive lancée par le mouvement islamiste palestinien, soit plus de 700 morts selon l’armée israélienne.

Abattus en tentant de fuir

" Je suis bénévole à Zaka depuis 28 ans, et après la catastrophe de Meron (une bousculade meurtrière lors d’un pèlerinage juif dans le nord d’Israël), je pensais avoir touché le fond. J’ai voulu en finir avec Zaka après avoir vu 45 cadavres ", a déclaré M. Bukjin, joint par téléphone alors qu’il se préparait à retourner dans les zones du sud d’Israël frappées par des combattants du Hamas.

" Je pensais que c’était la fin du monde, mais clairement, les choses peuvent être nettement pires, nettement pires ", a-t-il ajouté, la voix secouée par l’émotion.

Des images aériennes obtenues par l’AFP ont montré des dizaines de voitures incendiées sur le bord de la route menant au site du festival.

" Il y a avait des voitures sur le bord de la route, une voiture renversée, une voiture sur le côté. Dans chaque voiture, il y avait deux ou trois corps, ou un seul corps ", a dit M. Bukjin.

Il a raconté que tous les corps qu’il avait collectés étaient ceux de personnes abattues, achevées d’une balle dans la tête tandis que les assaillants incendiaient leurs voitures.

" Certains avaient une balle dans la tête ou dans le menton ", témoigne-t-il.

Des festivaliers tentant de fuir à pied ont aussi été tués. " Certains des corps étaient dans des fossés, ils ont été abattus en tentant de fuir et sont tombés ", se souvient-il.

Avec AFP