Onze soldats de l’armée irakienne ont été tués lors d’une attaque nocturne menée contre leur base dans la province de Diyala (est) attribuée au groupe Etat islamique (EI), l’une des opérations les plus meurtrières depuis plusieurs semaines.

L’Irak a proclamé sa " victoire " contre l’EI fin 2017. Mais, si les jihadistes n’occupent plus de pans entiers du territoire irakien, des cellules continuent à attaquer ponctuellement villageois et forces armées, en particulier dans les zones rurales allant du nord de Bagdad à la ville de Kirkouk, à 240 km au nord de la capitale irakienne.

La dernière attaque d’envergure en date contre les forces de sécurité irakiennes remonte à début décembre, lorsque neuf combattants kurdes des peshmergas avaient péri aux côtés de trois civils dans une offensive de l’EI, au sud d’Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan d’Irak.

L’attaque menée dans la nuit de jeudi à vendredi s’est produite dans la province de Diyala, dans l’est de l’Irak.

" Onze soldats, dont un lieutenant, ont été tués dans une attaque menée par des membres de l’EI (…) visant une base de l’armée ", a déclaré, sous le couvert de l’anonymat, un haut responsable militaire en poste à Diyala, l’une de ces régions où des cellules combattantes sont toujours actives.

L’attaque, qui n’avait pas été revendiquée à la mi-journée vendredi, a eu lieu " vers 2h30 (23h30 GMT jeudi) contre une base de la région de Hawi al-Azim ", située non loin de la province de Salaheddine, a-t-il poursuivi.

Le gouverneur de Diyala Mouthanna al-Tamimi a confirmé ce bilan auprès de l’agence de presse irakienne INA. Il a critiqué " la négligence des soldats, car la base est fortifiée. Il y a une caméra thermique, des lunettes de vision nocturne et une tour de guet en béton ".

" Les terroristes ont profité du froid et de la négligence des soldats ", a dit ce responsable. " Cela a poussé les terroristes à commettre leur crime, puis ils se sont retirés à Salaheddine. "

10.000 combattants actifs

Après une montée en puissance fulgurante en 2014 en Irak et en Syrie voisine et la conquête de vastes territoires, l’EI a vu son " califat " autoproclamé vaciller sous le coup d’offensives successives dans ces deux pays.

Mais il reste une menace et continue de mener des attaques ponctuelles contre des villageois et les forces de sécurité dans le nord du pays, notamment dans la région de Kirkouk et dans les provinces de Salaheddine et Diyala.

Aujourd’hui, l’organisation jihadiste " maintient une présence largement clandestine en Irak et en Syrie et mène une insurrection soutenue de part et d’autre de la frontière entre les deux pays ", selon un rapport de l’ONU publié l’an dernier.

Dans ces deux pays, l’organisation jihadiste conserverait " en tout 10.000 combattants actifs ", d’après ce rapport.

L’EI " tente de réorganiser ses troupes et ses activités en Irak ", estime l’analyste irakien Imed Alaou, qui pointe " la mauvaise formation des forces de sécurité, le manque de suivi des responsables, le non-respect des consignes et les basses températures (…) qui facilitent " les offensives des jihadistes.

Début septembre, treize membres de la police fédérale irakienne ont été tués lors d’une attaque perpétrée par l’EI contre leur point de contrôle près de Kirkouk.

Les jihadistes prennent aussi pour cible les combattants kurdes des peshmergas. Le 6 décembre dernier, quatre d’entre eux avaient été tués dans l’attaque imputée à l’EI de l’avant-poste qu’ils tenaient au nord de Kirkouk.

Trois jours plus tôt, au moins douze personnes, trois civils et neuf peshmergas, ont péri dans une autre offensive de l’EI, au sud d’Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan d’Irak.

Le dernier attentat à la bombe d’envergure revendiqué par l’EI en Irak a visé en juillet 2021 un marché du quartier chiite de Sadr City à Bagdad qui a fait une trentaine de morts.

Sur le terrain, les forces irakiennes ne peuvent plus compter sur l’appui militaire de la coalition internationale antijihadistes emmenée par les Etats-Unis. Cette dernière, qui compte 3.500 soldats, dont 2.500 Américains, a mis fin à sa " mission de combat " l’an dernier et se cantonne désormais à un rôle de formation et de conseil.

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