La guerre entre Israël et le Hamas se déroule peut-être à Gaza, mais son impact est fortement ressenti en Cisjordanie.

Ibrahim al-Qiq, Palestinien de Cisjordanie, a perdu son permis de travail israélien après le début de la guerre de Gaza, ce qui l’a plongé dans le désespoir et l’endettement, comme des milliers d’autres personnes dans le territoire palestinien.

Israël a mis fin aux permis de travail des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza à la suite des attaques du Hamas du 7 octobre qui ont déclenché la guerre, laissant de nombreuses personnes comme Qiq lutter pour survivre.

Âgé de 37 ans et père de trois enfants, Qiq gagnait environ 6 000 shekels (1 615 dollars) par mois en tant qu’ouvrier du bâtiment en Israël jusqu’à ce qu’il perde son permis de travail.

" Nous avons dépensé ce que nous avons gagné ", a-t-il déclaré à l’AFP. " Nos dettes se sont accumulées et nous devons acheter des provisions et payer le loyer de nos maisons ainsi que les factures d’eau et d’électricité.

Il a été contraint d’emprunter près de 7 000 shekels pour couvrir ses dépenses.

Sa ville natale montagneuse de Kharas, près de la ville d’Hébron en Cisjordanie, compte environ 12 000 habitants. Selon la municipalité locale, 70 % de sa main-d’œuvre traversait chaque jour les points de contrôle israéliens, qui prennent beaucoup de temps, pour aller travailler en Israël.

Des appartements résidentiels inachevés sont visibles près de la ville de Kharas, au nord d’Hébron en Cisjordanie, le 6 décembre 2023. (John Macdougall, AFP)

Les autres sont employés par l’Autorité palestinienne, mais celle-ci a du mal à payer son personnel dans un contexte de récession qui a vu la production économique chuter de plus d’un tiers au cours du mois qui a suivi le début de la guerre.

Israël a retiré 130 000 permis de travail à des Palestiniens de Cisjordanie et a retenu 600 millions de shekels (160 millions de dollars) de taxes sur les produits palestiniens, a déclaré Manal Qarhan, fonctionnaire au ministère palestinien de l’Économie.

Elle a déclaré que l’administration perdait désormais 24 millions de dollars par jour en raison de la perte de taxes et de la baisse du tourisme des Palestiniens vivant en Israël.

Les travailleurs palestiniens ne bénéficient pas d’une assurance sociale ou d’une indemnisation du chômage de la part du gouvernement israélien, comme c’est le cas pour les travailleurs israéliens, et l’Autorité palestinienne n’en offre pas non plus.

Les chômeurs sont ainsi livrés à eux-mêmes.

" Ceux dont les femmes avaient des bijoux en or les ont vendus pour nourrir leurs enfants ", explique Tareq al-Hlahla, lui aussi au chômage et qui s’efforce de subvenir aux besoins d’une famille élargie de 10 personnes.

Jamil Siaara, un ouvrier du bâtiment au chômage, a déclaré : " Notre avenir est incertain : " Notre avenir n’est pas clair. Nous souffrons de stress mental et n’avons pas d’économies ".

L’impact se répercute sur l’économie locale.

Le 12 décembre 2023, l’armée israélienne a fouillé une ambulance palestinienne à l’entrée d’un hôpital à Jénine, en Cisjordanie. (Jaafar Ashtiyeh, AFP)

Ahmed Radwan, propriétaire d’un supermarché à Kharas, a déclaré que les ventes avaient chuté de 70 % et qu’il avait cessé de fournir des produits d’épicerie à crédit après que les dettes des clients aient atteint 40 % du chiffre d’affaires.

Les gens n’achètent plus que " des produits de base comme le lait, le riz, le sucre et la farine, et ceux qui avaient l’habitude d’acheter du pain n’en achètent plus qu’une demi-miche ", a déclaré M. Radwan.

Il a licencié la moitié de ses six employés et deux autres partiront ce mois-ci.

Maria Chami, avec AFP