Les réactions internationales appelaient à la retenue après des frappes iraniennes au Pakistan, auxquelles ce dernier a répondu, jeudi 18 janvier. Washington a annoncé suivre la situation "de très près", tandis que la Chine s’est dite prête "à jouer un rôle constructif pour apaiser la situation".

L’Iran a protesté jeudi contre des frappes meurtrières du Pakistan sur "des caches terroristes" sur son territoire, menées en riposte à une opération similaire des forces iraniennes sur le sol du voisin pakistanais.

Les autorités iraniennes ont convoqué le chargé d’affaires pakistanais pour "demander des explications au gouvernement pakistanais", a indiqué le porte-parole de la diplomatie à Téhéran, Nasser Kanani.

L’Iran et le Pakistan, seul pays musulman doté de l’arme nucléaire, sont confrontés depuis des décennies à des insurrections larvées le long de leur frontière commune, longue d’un millier de km.

"Vive inquiétude"

Ces attaques réciproques surviennent alors que le Proche-Orient est secoué par la guerre Israël-Hamas dans la bande de Gaza, et par les attaques des Houthis, soutenus par l’Iran, contre des navires marchands en mer Rouge.

Cette montée de tension suscite "la vive inquiétude" de l’Union européenne, tandis que Moscou a appelé à "la plus grande retenue" et que Pékin, qui entretient des liens privilégiés avec Islamabad et Téhéran, s’est dit prêt "à jouer un rôle constructif pour apaiser la situation".

Pays ennemi de l’Iran et allié du Pakistan, les États-Unis ont dit ne "pas vouloir d’escalade" et suivre "de très près" les tensions entre Téhéran et Islamabad. Le chef de l’ONU Antonio Guterres s’est dit " vivement préoccupé " et a appelé les deux pays " à une retenue maximale ".

Avant l’aube, l’armée pakistanaise a frappé "avec des drones trois zones résidentielles proches de la frontière, détruisant quatre maisons" dans le sud-est de l’Iran, a indiqué le vice-gouverneur de la province iranienne du Sistan-Baloutchistan, Alireza Marhamati.

Le Pakistan a signalé une "série de frappes de précision (…) contre des caches terroristes" au Sistan-Baloutchistan.

Elles ont été menées "au vu de renseignements crédibles sur d’imminentes activités terroristes à une large échelle", ont indiqué les Affaires étrangères à Islamabad, faisant état de "terroristes" tués.

Missile et drone

Ce cycle de violence a commencé mardi soir avec une frappe aérienne de l’Iran contre des "cibles terroristes" au Pakistan, qui a causé la mort de deux enfants, selon Islamabad.

Selon des médias pakistanais, l’attaque iranienne s’est produite près de Panjgur, dans le sud-ouest du Baloutchistan (Ouest).

Menée " par missile et par drone", elle a visé le quartier général, au Pakistan, du groupe jihadiste Jaish al-Adl (Armée de la justice en arabe), en réponse à une "agression contre la sécurité" de l’Iran, selon l’agence de presse iranienne Mehr.

Jaish al-Adl, formé en 2012, a mené plusieurs attaques sur le sol iranien ces dernières années. Le groupe rebelle sunnite est considéré comme une "organisation terroriste" par les États-Unis et l’Iran, majoritairement chiite.

Après cette attaque, qualifiée de "totalement inacceptable" par Islamabad, le Pakistan a rappelé son ambassadeur en Iran. Son Premier ministre par intérim, Anwar-ul-Haq Kakar, a décidé d’abréger son déplacement au Forum de Davos en Suisse.

L’Iran et le Pakistan s’accusent fréquemment de permettre à des groupes rebelles d’opérer à partir de leurs territoires respectifs pour lancer des attaques, mais ce genre d’opérations impliquant les forces armées est rare.

Tirs en Syrie et en Irak

En décembre, Jaish al-Adl a revendiqué une attaque contre un commissariat de police de la ville de Rask, au Sistan-Baloutchistan, qui a coûté la vie à 11 policiers iraniens.

Pour le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian, Jaish al-Adl agit "contre la sécurité" de l’Iran et du Pakistan.

Mardi, l’Iran a aussi procédé à des tirs de missiles sur ce qu’il a qualifié de quartiers généraux d’"espions" et de cibles "terroristes" en Syrie et au Kurdistan irakien autonome, voisin du territoire iranien.

Les États-Unis ont condamné ces frappes iraniennes.

Le Pakistan, l’Iran et, dans une moindre mesure, l’Afghanistan abritent quelque 10 millions de Baloutches, majoritairement des musulmans sunnites, qui se plaignent d’être marginalisés et spoliés des ressources naturelles.

Avec AFP