Après la guerre des mots, celle des manoeuvres sur le terrain: Biden a choisi de maintenir la pression sur la Russie en annonçant l’envoi de soldats en Europe de l’Est. Une façon d’assurer les pays alliés que les Etats-Unis sont sérieux dans leurs garanties sécuritaires. En face, les services de renseignements occidentaux ont révélé samedi que la Russie a transféré des systèmes de défense aérienne S-400 au Bélarus,  situé à la frontière nord-ouest de l’Ukraine, ainsi que des missiles balistiques à courte portée " Iskander ". Ces deux systèmes d’armes " dernier cri " sont considérés comme les fleurons de la technologie russe. Par ailleurs, toujours selon les mêmes sources, 20000 soldats appartenant à la marine et à aux forces aériennes russes ont été dépêchés à la frontière ukrainienne. Pour couronner le tout, Kiev a appelé samedi les Occidentaux à être " fermes " dans leurs négociations avec la Russie.

Les tensions sont au plus haut depuis fin 2021 autour de l’Ukraine, aux frontières desquelles Moscou a massé des dizaines de milliers de soldats. Si la Russie se défend de tout projet d’attaque, elle exige des garanties pour sa sécurité, dont le rejet d’une adhésion de Kiev à l’Otan. Cette demande clé a été rejetée par les Etats-Unis cette semaine dans une réponse écrite à Moscou. Mais la porte reste ouverte à des négociations, le Kremlin ayant dit vouloir prendre le temps d’analyser la réponse de Washington.

Lors d’une conversation téléphonique avec son homologue français Jean-Yves Le Drian, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a appelé samedi les Occidentaux à " être vigilants et fermes dans les contacts avec la Russie ", disant viser un " un règlement politique et diplomatique " de la crise. Il aussi appelé à " éviter les mesures susceptibles d’alimenter l’anxiété " et de " compromettre la stabilité financière " de cette ex-république soviétique, l’un des pays les plus pauvres d’Europe.

Ces propos font écho à ceux du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a exhorté vendredi à ne pas semer la " panique " face au déploiement des soldats russes aux frontières, alors que plusieurs pays dont les Etats-Unis ont évacué les familles de leurs diplomates.

Le président américain Joe Biden maintenait pour sa part la pression en annonçant l’envoi prochain d’un contingent de soldats en Europe de l’Est, une nouvelle qui ne manquera pas d’irriter Moscou, qui dénonce le renforcement de l’Alliance à ses frontières depuis vingt ans. " Je vais envoyer des troupes américaines en Europe de l’Est et dans les pays de l’Otan prochainement ", a annoncé samedi M. Biden, dont le pays a déjà placé 8500 militaires en alerte pour renforcer l’Otan. Il a cependant ajouté que ces soldats ne seraient " pas beaucoup ".

La France a elle annoncé l’envoi de " plusieurs centaines " de soldats en Roumanie, pays frontalier.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et son homologue allemande Annalena Baerbock sont attendus en Ukraine les 7 et 8 février.

A Londres, Boris Johnson s’est dit " déterminé à accélérer les efforts diplomatiques et à renforcer la dissuasion pour éviter une effusion de sang en Europe ". Le Premier ministre britannique doit s’entretenir dans les prochains jours avec Vladimir Poutine, avant un déplacement dans la région.

Pour sa part, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki est attendu mardi à Kiev. " La Pologne soutient l’Ukraine pour empêcher l’agression de la Russie ", a tweeté le porte-parole du gouvernement polonais Piotr Muller.

S’estimant menacée par l’élargissement continu de l’Otan à ses frontières et par le soutien occidental à l’Ukraine, la Russie souhaite un retour des déploiements militaires aux frontières de 1997. Les demandes russes ont été formellement rejetées mercredi par les Etats-Unis et l’Otan. " Les réponses des Etats-Unis et de l’Otan n’ont pas tenu compte des inquiétudes fondamentales de la Russie ", a relevé le Kremlin vendredi, à l’issue d’une conversation entre Vladimir Poutine et le président français Emmanuel Macron. " Le président Poutine n’a exprimé aucune intention offensive ", a noté la présidence française, ajoutant que les deux dirigeants avaient convenu de la " nécessité d’une désescalade ".

Les Européens et les Américains ont promis des sanctions sans précédent en cas d’attaque contre l’Ukraine. Ont été évoqués le gazoduc stratégique Nord Stream 2 entre la Russie et l’Allemagne, ou encore l’accès des Russes aux transactions en dollars, la monnaie reine dans les échanges internationaux. Les Etats-Unis ont par ailleurs saisi jeudi le Conseil de sécurité de l’ONU, réclamant une réunion lundi en raison de la " menace claire " que fait peser à leurs yeux la Russie sur " la paix et la sécurité internationales ".

De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a assuré que la Russie ne voulait " pas de guerre " et préférait la " voie de la diplomatie ". Moscou avait prévenu qu’un rejet de ses demandes allait se traduire par des représailles, sans plus de précisions. Des députés russes ont proposé que Moscou reconnaisse l’indépendance des territoires séparatistes prorusses en Ukraine, qui combattent les forces de Kiev depuis 2014, et qu’elle leur fournisse ouvertement des armes.

Avec AFP

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