"Pas de passage en force", mais l’exigence d’un retour à l’ordre. Emmanuel Macron, en visite express, jeudi, en Nouvelle-Calédonie, après plus d’une semaine d’émeutes d’une extrême violence, a donné environ un mois aux responsables politiques locaux pour montrer leur capacité à s’entendre sur un accord politique global.

Avant de reprendre l’avion pour Paris à l’issue d’un déplacement de 17 heures sur le Caillou, il a assuré à ses interlocuteurs – indépendantistes et non indépendantistes – qu’il n’imposerait pas la réforme controversée du corps électoral, un texte constitutionnel qu’il voulait jusqu’ici soumettre au Congrès du Parlement d’ici au 30 juin.

Pour autant, la réforme n’est ni retirée, ni suspendue, et la réunion des parlementaires à Versailles n’est pas formellement reportée. "Je me suis engagé à ce que cette réforme ne passe pas en force", a déclaré Emmanuel Macron lors d’un point presse à Nouméa.

Le texte, adopté séparément par le Sénat et l’Assemblée nationale, a mis le feu aux poudres sur l’archipel. Six morts, dont deux gendarmes, et des dégâts considérables sont à déplorer.

Il est rejeté par les indépendantistes, car il consacre un "dégel" du corps électoral qui intègrerait ainsi les personnes installées sur le territoire depuis au moins 10 ans. Les Kanaks craignent que leur influence ne soit diluée.

"Permettre l’apaisement"

Il faut que "nous nous donnions quelques semaines afin de permettre l’apaisement, la reprise du dialogue en vue d’un accord global" sur l’avenir institutionnel de l’archipel, a déclaré Emmanuel Macron, jeudi, à Nouméa. Cette large entente sur les institutions, si elle se dessinait ou se matérialisait, rendrait inutile la réforme électorale.

"Mon souhait est que cet accord puisse être soumis au vote des Calédoniens" par voie référendaire, a-t-il ajouté, s’engageant à faire un point d’étape "d’ici un mois", à condition toutefois que l’ordre soit rétabli.

Il s’est de nouveau montré intransigeant sur cette question, exigeant une levée des barrages "dans les heures qui viennent" pour mettre fin à l’état d’urgence. Ce dispositif exceptionnel, qui renforce les moyens des forces de sécurité, avait été mis en place le 15 mai. Il prévoit, parmi tout un éventail de mesures (couvre-feu, etc.), un blocage de TikTok, auquel ne s’est pas opposé le Conseil d’État dans une décision rendue jeudi.

Francesco Fontemaggiet, avec Sophie Deviller, avec AFP