Vol des bijoux du Louvre à Paris: la traque est lancée, le musée reste fermé lundi
Cette photographie montre le « Collier et boucles d'oreilles de la parure d'émeraudes de l'impératrice Marie-Louise » exposé à la galerie Apollon le 14 janvier 2020 au musée du Louvre à Paris, après la réouverture de la galerie suite à dix mois de travaux de rénovation. ©AFP

Au lendemain du spectaculaire cambriolage au musée du Louvre à Paris, qui reste fermé lundi, la police française est lancée aux trousses de quatre malfaiteurs partis avec huit «joyaux de la couronne de France».

Portant la marque de la criminalité organisée, ce vol en plein jour dans le plus grand musée du monde, qui reçoit près de 9 millions de visiteurs par an et abrite 35.000 œuvres sur 73.000 m², a eu un retentissement international.

Devant Le Louvre, lundi matin, une longue file d'attente s'était formée avant 9H00 (7H00 GMT), a constaté une journaliste de l'AFP. Puis le musée a indiqué qu'il resterait fermé pour la journée. Il ne devrait pas rouvrir avant mercredi, le mardi étant jour de fermeture hebdomadaire.

«On avait prévu cette visite depuis 6 mois et on rentre demain, tant pis», ont regretté Chloe Hutchison, 26 ans, et Michael Wilkie, 29 ans, un couple d'Écossais.

Le ministre de l'Intérieur français Laurent Nuñez et sa collègue de la Culture Rachida Dati tiennent lundi matin «une réunion avec les services de l'État sur la sécurisation» du musée, a indiqué à l'AFP le ministère de la Culture.

Ce vol par effraction a déclenché une polémique politique et relancé le débat sur la sécurité des musées français, qui présentent «une grande vulnérabilité», a reconnu dimanche Laurent Nuñez.

«Nous avons failli», a estimé lundi sur la radio publique France Inter le ministre de la Justice français Gérald Darmanin, puisque des malfaiteurs ont été «capables de mettre un monte-charge» sur la voie publique, «de faire monter des gens en quelques minutes pour récupérer des bijoux inestimables et de donner une image déplorable de la France».

Dimanche aux alentours de 09H30 (07H30 GMT), une nacelle se cale sous un balcon. Après avoir découpé une vitre à la disqueuse, deux cambrioleurs s'introduisent dans la galerie d'Apollon, commandée par Louis XIV pour exalter sa gloire de Roi-Soleil. La salle abrite «la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne», qui compte environ 800 pièces.

Ils ouvrent deux vitrines à la disqueuse. Visages masqués, ils volent neuf pièces, toutes du XIXe siècle.

Un malfaiteur visible sur les images est vêtu d'un gilet jaune. Or, les enquêteurs, qui disposent aussi d'images de vidéosurveillance, ont en leur possession un gilet jaune, récupéré après sa découverte par un «citoyen», selon la procureure de Paris, Laure Beccuau.

Sept minutes chrono 

La couronne de l'impératrice Eugénie, l'épouse de Napoléon III (empereur de 1852 à 1870), est abandonnée dans leur fuite par les malfaiteurs. Son état est en cours d'examen.

Mais sont emportées huit pièces «d'une valeur patrimoniale inestimable» selon les autorités. Parmi elles, le diadème d'Eugénie, qui compte près de 2.000 diamants, et le collier de la parure de saphirs de Marie-Amélie, dernière reine de France (épouse de Louis-Philippe Ier, roi des Français de 1830 à 1848), et d'Hortense de Beauharnais (mère de Napoléon III). Il est composé de huit saphirs et de 631 diamants, selon le site internet du Louvre.

L'opération dure sept minutes. Elle est le fait de cambrioleurs «chevronnés» qui pourraient être «étrangers» et «éventuellement» connus pour des faits similaires, selon Laurent Nuñez.

Selon le ministère de la Culture, grâce à l'intervention d'agents du musée, «les malfaiteurs ont été mis en fuite, laissant derrière eux leurs équipements».

Selon Laure Beccuau, les auteurs peuvent avoir agi «au bénéfice d'un commanditaire» ou avoir voulu obtenir «des pierres précieuses pour pratiquer des opérations de blanchiment».

Une soixantaine d'enquêteurs 

Ce vol, le premier recensé au Louvre depuis celui en 1998 d'un tableau du peintre français Camille Corot jamais retrouvé, relance le débat sur la sécurité des musées.

«Jusqu'où ira le délitement de l'État?», s'est indigné le président de la formation d'extrême droite Rassemblement national, Jordan Bardella, dénonçant une «insupportable humiliation» pour la France.

«Je pense que c'est le symptôme d'un pays qui ne sait plus protéger son patrimoine», a estimé lundi François-Xavier Bellamy, vice-président du parti conservateur Les Républicains.

Selon le ministère de la Culture, les alarmes, situées sur la fenêtre extérieure de la galerie ainsi que sur les deux vitrines haute sécurité, se sont déclenchées. Il reste à «savoir si les gardiens ont entendu ces alarmes» et déterminer si elles ont bien «sonné» dans la pièce objet du vol, selon Mme Beccuau.

«Nous retrouverons les œuvres et les auteurs seront traduits en justice», a promis dimanche le chef de l'État, Emmanuel Macron.

Une soixantaine d'enquêteurs sont mobilisés.

Avec AFP

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