L’armée israélienne a bombardé vendredi Rafah, ville du sud de la bande de Gaza où s’entassent plus d’un million de Palestiniens déplacés depuis le 7 octobre , sur fond de crainte d’un " désastre " humanitaire de son allié américain qui juge " excessive " sa riposte contre le Hamas.

Washington a averti jeudi d’un " désastre " à Rafah et assuré ne pas soutenir une opération " sans une planification sérieuse et crédible " concernant les civils sur place. " Je pense, comme vous le savez, que la riposte à Gaza, dans la bande de Gaza, a été excessive ", a déclaré le président américain, Joe Biden, dans une rare critique à l’égard d’Israël.

Signe des vives tensions au Moyen-Orient dans le sillage de la guerre à Gaza, des salves de roquettes ont été lancées dans la nuit depuis le Liban vers le nord d’Israël, peu après une frappe aérienne israélienne contre un responsable militaire du Hezbollah, et les États-Unis ont mené des bombardements contre les Houthis au Yémen.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, qui a conclu jeudi une tournée régionale visant à encourager les efforts pour obtenir une trêve, a exhorté Israël à " protéger " les civils dans ses opérations à Gaza, incluant Rafah.

Après des opérations terrestres à Gaza City, puis à Khan Younès, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a ordonné la préparation d’une offensive contre Rafah, ville située à la frontière, fermée, avec l’Égypte, où s’entassent 1,3 million de Palestiniens, dont la grande majorité sont des personnes déplacées par les affrontements des derniers mois.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit " alarmé " par une opération terrestre sur place. " Une telle action aggraverait de façon exponentielle l’actuel cauchemar humanitaire dont les conséquences régionales sont déjà incalculables ", a-t-il écrit sur le réseau social X.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, des témoins ont fait état de frappes mortelles dans le centre et le sud de Gaza.

Au Caire, un " nouveau cycle de négociations ", parrainé par l’Égypte et le Qatar avec la participation du Hamas, a débuté jeudi pour parvenir à " un apaisement dans la bande de Gaza " ainsi qu’à un échange de prisonniers palestiniens contre des otages israéliens, selon un responsable égyptien.

L’Arabie saoudite a par ailleurs reçu jeudi les chefs de la diplomatie du Qatar, de l’Égypte, de la Jordanie, des Émirats arabes unis, ainsi que Hussein al-Sheikh, ténor de l’Autorité palestinienne (AP) de Mahmoud Abbas, rival politique du Hamas, pour des " consultations " sur la situation à Gaza.

Selon l’agence saoudienne SPA, ces hauts responsables ont appelé à un " cessez-le-feu immédiat et total à Gaza " ainsi qu’à des mesures " irréversibles " en vue de la création d’un État palestinien indépendant.

Le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian, dont le pays mène un " axe de la résistance " contre Israël, incluant le Hamas, le Hezbollah et les Houthis, est, lui, attendu vendredi au Liban.