Les contours d’un accord probable pour une trêve à Gaza commençaient à se préciser, mardi 27 février, le président américain Joe Biden faisant part de son optimisme, au moment où l’émir du Qatar doit atterrir à Paris.

L’espoir d’une trêve entre Israël et le Hamas a de nouveau été relancé, mardi, le président américain Joe Biden ayant évoqué, la veille, une possible trêve d’ici la semaine prochaine, au moment où la crise humanitaire menace de se transformer en famine à Gaza.

L’Égypte, le Qatar, les États-Unis, la France et d’autres pays tentent de négocier, depuis plusieurs semaines, un nouveau cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

Selon une source au sein du mouvement islamiste palestinien, les discussions portent sur une trêve de six semaines, associée à une libération d’otages détenus par le Hamas et à celle de prisonniers palestiniens détenus par Israël, ainsi que l’entrée à Gaza d’une importante quantité d’aide humanitaire.

Le président américain Joe Biden a affirmé, lundi soir, qu’Israël cesserait ses "opérations" militaires contre le Hamas dans la bande de Gaza lors du Ramadan dans le cadre d’une trêve en cours de négociation.

"Le Ramadan arrive et il y a eu un accord avec les Israéliens selon lequel ils ne s’engageraient pas dans des opérations durant le Ramadan, afin de nous donner le temps de faire sortir tous les otages" détenus par le mouvement islamiste palestinien, a déclaré M. Biden lors d’un entretien accordé à la télévision américaine NBC.

"J’ai espoir que d’ici lundi prochain, nous ayons un cessez-le-feu", a déclaré M. Biden, lundi soir, à New York. "Mon conseiller à la sécurité nationale me dit que nous sommes proches, ce n’est pas encore fait", a-t-il nuancé.

Un responsable israélien a déclaré au site d’information Ynet que "la tendance est positive", sous couvert d’anonymat.

L’émir du Qatar à Paris

Tamim ben Hamad al-Thani, l’émir du Qatar, pays au centre des efforts de négociations et qui héberge le Hamas, entame, mardi, à Paris, une visite d’État de deux jours, a annoncé la présidence française.

Le dirigeant qatari devrait rencontrer Emmanuel Macron à 16 heures (15 heures GMT) à l’Élysée. La visite sera suivie d’un dîner d’État.

Selon l’agence de presse officielle du Qatar, l’émir vient de rencontrer le chef du Hamas, Ismail Haniyeh à Doha et a discuté des efforts "visant à parvenir à un accord de cessez-le-feu immédiat et permanent".

Mais le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a réaffirmé, dimanche, qu’Israël lancerait prochainement une opération terrestre contre Rafah, permettant selon lui une "victoire totale" sur le Hamas en "quelques semaines".

Une trêve ne ferait que "retarder" cette offensive, a-t-il souligné.

L’armée a présenté, lundi, au cabinet de guerre, "un plan pour l’évacuation des populations des zones de combat dans la bande de Gaza, ainsi que le plan d’opérations à venir", selon le bureau du Premier ministre, sans donner plus de détails sur le lieu où les civils pourraient se réfugier.

"Sonner le glas" de l’aide

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a averti, lundi, qu’une offensive sur la ville surpeuplée de Rafah, d’où Israël veut faire sortir les civils pour vaincre définitivement le Hamas, "sonnerait le glas" des programmes d’aide.

Adossée contre la frontière fermée avec l’Égypte, dans le sud de Gaza, Rafah est l’unique point d’entrée de l’aide humanitaire pour la bande de Gaza qui abrite 1,4 million de Palestiniens et où des combats font rage depuis près de cinq mois entre l’armée israélienne et le Hamas.

L’offensive israélienne a fait 29.782 tués à Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé de l’enclave.

La guerre a éclaté le 7 octobre quand des commandos du Hamas ont lancé une attaque sans précédent sur le sud d’Israël, entraînant la mort d’au moins 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Durant l’attaque, quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza. Selon Israël, 130 otages y sont encore retenus, dont 31 seraient morts.

Le Premier ministre israélien est confronté à une pression croissante de l’opinion publique sur le sort des otages toujours détenus à Gaza et les manifestations contre son gouvernement ont repris.

Les Israéliens doivent voter, mardi, pour des élections municipales, prévues initialement fin octobre mais reportées à deux reprises en raison de la guerre.

Gazaouis affamés

Les gouvernements étrangers et les humanitaires ont multiplié les avertissements contre une offensive sur Rafah qui entraînerait de nombreuses victimes et aggraverait encore la catastrophe humanitaire.

Des Palestiniens de Gaza ont raconté à l’AFP être forcés de manger des feuilles, du fourrage pour le bétail, voire d’abattre des animaux de trait pour se nourrir alors que les rares convois d’aide atteignant le nord sont pillés par la population.

Deux ONG, Amnesty International et Human Rights Watch (HRW), ont accusé, lundi, Israël, de continuer à limiter l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza malgré la demande en janvier de la Cour internationale de justice (CIJ).

L’armée jordanienne a déclaré, lundi, avoir effectué une série de largages d’aide humanitaire, de nourriture et d’autres fournitures "directement à la population" palestinienne de la bande de Gaza assiégée, dont un par un avion de l’armée française.

Le gouvernement de l’Autorité palestinienne a remis, lundi, sa démission au président Mahmoud Abbas, alors que les appels s’intensifient en faveur d’une réforme du leadership politique palestinien dans le cadre de l’après-guerre à Gaza.

Le président Abbas a accepté cette démission, tout en précisant que les ministres restaient en charge en attendant la formation d’un nouveau gouvernement.

Depuis 2007, le leadership palestinien est divisé entre l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qui exerce un pouvoir limité en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par Israël, tandis que le Hamas contrôle la bande de Gaza.

Adel Zaanoun, Emmanuel Duparcq, avec AFP