Le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, a été réélu dimanche pour un quatrième mandat de président en récoltant plus de 87% des voix. Un score inédit dans une élection sans opposition, violemment réprimée, qui ne faisait pas grand doute.
Vladimir Poutine a remporté, selon de premières données dimanche, avec quelque 87% des voix, une présidentielle qui avait été calibrée pour garantir son triomphe, en l’absence d’une opposition décimée par la répression et n’ayant même pas pu présenter de candidat.
Ce score fourni à l’issue d’un sondage par l’institut officiel Vtsiom a été annoncé à la télévision d’État.D’après la Commission électorale russe, le maître du Kremlin a réuni 87,47% des voix après le dépouillement des suffrages dans 36,3% des bureaux de vote. Un record pour celui qui avait toujours recueilli entre 64 et 68% des suffrages aux scrutins précédents.
"Soutien colossal", "consolidation incroyable" de la société: la télévision russe multipliait les superlatifs pour décrire la victoire du chef de l’État, après une élection dont l’opposition avait été exclue après une répression sans merci.L’ex-président et numéro 2 du Conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, a salué dimanche "la victoire éclatante" de M. Poutine."La Russie a fait son choix", s’est félicitée la cheffe de la Commission électorale, Ella Pamfilova, annonçant en outre une participation record de 74,22%.

"Ivre de pouvoir"

L’équipe de l’opposant russe Alexeï Navalny, mort en prison, a en revanche dénoncé un score n’ayant "pas de lien avec la réalité".

Le pouvoir avait martelé au préalable que le peuple russe devait être "uni" derrière son leader, présentant le conflit ukrainien comme ourdi par les Occidentaux pour détruire la Russie.

L’assaut contre l’Ukraine, déclenché par Vladimir Poutine en février 2022 et sans aucune issue en vue malgré ses dizaines de milliers de morts, était quant à lui en toile de fond du vote, d’autant que les attaques sur le territoire russe se sont multipliées cette semaine.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé que M. Poutine était un homme "ivre de pouvoir" qui veut "régner éternellement".

La Pologne et le Royaume-Uni ont pour leur part jugé que la présidentielle russe n’avait été ni "libre", ni "équitable", Varsovie concluant qu’elle n’était donc "pas légale".

En Russie, les autorités n’ont pas laissé de place aux contradicteurs du pouvoir: les trois autres candidats sélectionnés étaient tous dans la ligne du Kremlin, qu’il s’agisse de l’Ukraine ou de la répression qui a culminé avec la mort d’Alexeï Navalny, mi-février, dans une prison de l’Arctique.

Dans ce contexte, l’épouse du défunt détracteur n°1 de Vladimir Poutine, Ioulia Navalnaïa, avait appelé ses partisans à se montrer en nombre en allant tous voter au même moment, à midi, dimanche, contre le président russe.

"J’ai écrit Navalny"

Elle-même a voté après plusieurs heures d’attente dans une foule immense à l’ambassade de Russie à Berlin.

"J’ai écrit (sur le bulletin de vote) le nom “Navalny” parce qu’il n’est pas possible (…) qu’un mois avant les élections, le principal opposant à Poutine, déjà emprisonné, soit tué", a-t-elle expliqué à la presse après avoir voté.

Ses soutiens ont scandé "Ioulia, Ioulia, nous sommes avec toi!", a constaté sur place l’AFP. Elle a également qualifié M. Poutine de "tueur" et de "gangster".

Devant de nombreuses autres ambassades russes, des foules importantes sont allées voter à midi à travers le monde, des dizaines de milliers de Russes s’étant exilés depuis le début de l’assaut contre l’Ukraine à cause de la répression et de la peur d’être mobilisés dans l’armée.

Dans le cimetière, des dizaines de personnes ont défilé, déposant des fleurs fraîches sur la sépulture ainsi que des bulletins sur lesquels avait été ajouté le nom de Navalny.

Dans l’ensemble, la mobilisation de l’opposition s’est déroulée dans le calme, mais l’ONG OVD-Info, spécialisée dans le suivi de la répression, a fait état d’au moins 77 interpellations en Russie pour diverses formes d’actions de protestation électorales.

Malgré les attaques récentes et régulières de l’Ukraine, un conflit meurtrier qui se prolonge et des libertés de plus en plus restreintes, le maître du Kremlin peut tout de même compter sur une popularité bien réelle.

Avec AFP