Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a rencontré mercredi 20 mars le prince héritier saoudien à Jeddah, dans le cadre d’une tournée régionale visant à discuter d’un cessez-le-feu à Gaza, avec un arrêt prévu en Israël.

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken rencontrait mercredi soir à Jeddah le dirigeant saoudien, au premier jour d’une nouvelle tournée au Moyen-Orient axée sur les efforts en vue d’une trêve humanitaire à Gaza et qui le mènera aussi en Egypte et en Israël.

Les Etats-Unis, principal allié d’Israël, redoublent d’efforts pour parvenir à un accord de cessez-le-feu dans la guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas, déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien.

Douchant les espoirs d’un accord rapide sur une trêve, un responsable du Hamas à Beyrouth a affirmé que son mouvement jugeait " globalement négative " la réponse d’Israël à sa proposition d’une trêve associée à la libération d’otages retenus à Gaza et de Palestiniens incarcérés par Israël.

Arrivé mercredi à Jeddah dans l’ouest du royaume en provenance de Manille, M. Blinken s’est rendu dans la soirée au palais du prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du royaume, après s’être entretenu avec son homologue saoudien Fayçal ben Farhane.

Les deux chefs de la diplomatie ont discuté de la " nécessité urgente de protéger tous les civils à Gaza et y augmenter immédiatement l’aide humanitaire ", selon le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller.

Ils ont également insisté sur " une coordination étroite entre partenaires régionaux et internationaux (…) pour préparer la phase d’après le conflit ", selon lui.

Jeudi, le secrétaire d’Etat se rendra en Egypte où il devrait rencontrer le président Abdel Fattah al-Sissi, puis vendredi en Israël, en pleine dissensions entre l’administration démocrate du président Joe Biden et le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

En Israël, " il discutera de la nécessité d’assurer que le Hamas soit vaincu, y compris à Rafah, de manière qui protège la population civile, n’entrave pas l’acheminement de l’aide humanitaire et renforce la sécurité d’Israël ", a dit mercredi Matthew Miller à des journalistes voyageant avec le chef de la diplomatie américaine.

Sixième déplacement

M. Blinken " informera également les dirigeants israéliens de ses entretiens avec les dirigeants arabes visant à construire une paix et une sécurité durables pour les Israéliens, les Palestiniens et la région ", selon M. Miller.

Il s’agit du sixième déplacement au Moyen-Orient de M. Blinken depuis le 7 octobre. Ce jour-là, des commandos du Hamas infiltrés de Gaza ont mené une attaque dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort d’au moins 1.160 personnes la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de sources officielles.

Selon Israël, environ 250 personnes ont été enlevées durant l’attaque et 130 d’entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 33 seraient mortes.

En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas. Son armée a lancé une offensive dévastatrice dans le territoire palestinien qui a fait 31.923 tués, en majorité des civils selon le ministère de la Santé à Gaza et provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire assiégé.

Mardi, M. Blinken a durci le ton vis-à-vis d’Israël dénonçant le fait que " l’ensemble de la population " à Gaza souffre d’une " insécurité alimentaire grave ".

Les Etats-Unis mènent en parallèle une intense activité diplomatique afin de rallier les pays arabes à la reconstruction à Gaza une fois le conflit terminé, ainsi que sa gouvernance, et ont formé un " groupe de contact " incluant l’Egypte, la Jordanie, l’Arabie, les Emirats et le Qatar.

A terme, les Etats-Unis s’efforcent de faciliter un accord de normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël, qui contiendrait des garanties de sécurité américaines pour le royaume saoudien, selon son entourage.

Ryad a toutefois conditionné tout accord de normalisation à la création d’un Etat palestinien, une perspective rejetée avec force par Israël.

 Tensions

La nouvelle tournée de M. Blinken au Moyen-Orient intervient au moment où les Etats-Unis pressent leur allié israélien d’éviter une offensive terrestre d’envergure à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Selon la Maison Blanche, qui a sommé une délégation israélienne à Washington la semaine prochaine, une telle opération risquerait de faire encore plus de victimes civiles, " aggraverait la situation humanitaire déjà grave, renforcerait l’anarchie à Gaza et isolerait encore plus Israël ".

Le président américain Joe Biden soutient Israël depuis le début de la guerre mais s’éloigne de plus en plus ostensiblement du Premier ministre Benjamin Netanyahou, qui est à la tête d’une coalition gouvernementale incluant des partis d’extrême droite.

Mais les Etats-Unis continuent de fournir des milliards de dollars d’aide militaire à leur proche allié.

Léon Bruneau avec AFP