Sous pression politique croissante, le président américain Joe Biden a demandé à Israël des mesures "immédiates" pour répondre à la crise humanitaire à Gaza.

Joe Biden, en campagne pour un second mandat, a pour la première fois infléchi jeudi sa ligne de soutien inconditionnel à Israël, cédant à une pression politique de plus en plus intense, y compris au sein de son propre parti.

La formulation est prudente, mais le communiqué publié par la Maison Blanche après une conversation téléphonique du président américain avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou fait un lien, inédit, entre le soutien de l’Amérique et une action "immédiate" pour répondre au désastre humanitaire dans la bande de Gaza.

Quelques heures après cet échange, l’exécutif israélien a annoncé des "mesures immédiates pour augmenter l’aide humanitaire" à Gaza, via le port d’Ashdod et le point de passage d’Erez.

"Ces mesures (…) doivent maintenant être mises rapidement et complètement en œuvre", a réagi dans la foulée, dans un communiqué, Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.

Lors de l’appel d’une trentaine de minutes avec M. Netanyahou, Joe Biden "a dit clairement qu’Israël devait annoncer et mettre en place des mesures spécifiques, concrètes et tangibles pour répondre à la souffrance des civils, à la crise humanitaire, et pour la sécurité des travailleurs humanitaires", lit-on dans un bref compte-rendu de l’échange.

Le président américain a averti ensuite le Premier ministre israélien, selon la même source, que "la politique américaine en ce qui concerne Gaza serait déterminée par l’évaluation (qu’il ferait) des décisions immédiates prises par Israël".

"Inacceptables"

Joe Biden, qui juge "inacceptables" tant les frappes israéliennes contre des travailleurs humanitaires que la situation humanitaire générale à Gaza, a également exhorté Benjamin Netanyahou à "conclure sans délai un accord" pour un "cessez-le-feu immédiat", toujours selon le communiqué de la Maison Blanche.

Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, a ensuite précisé lors d’une conférence de presse que Washington réclamait une augmentation "spectaculaire" de l’entrée d’aide dans le territoire palestinien menacé de famine, et ce "dans les jours et les heures qui viennent".

John Kirby a assuré que Joe Biden avait été "secoué" par la mort lundi de sept humanitaires à Gaza, dont six étrangers, tués par une frappe israélienne et a reconnu un "mécontentement croissant" des Américains face à la gestion du conflit par Benjamin Netanyahou.

"Nulle part"

L’un des sénateurs démocrates les plus proches du président, Chris Coons, reconnaissait jeudi sur CNN que les États-Unis étaient "arrivés au stade" où il leur faudrait peut-être conditionner l’aide militaire à Israël. "S’il n’y a pas de conséquences réelles, l’indignation ne mène nulle part", a par ailleurs averti Ben Rhodes, ex-conseiller à la sécurité nationale de Barack Obama, sur le réseau social X.

Joe Biden a endossé le rôle de premier soutien d’Israël depuis l’attaque sans précédent du Hamas, le 7 octobre, et en a fait une affaire "personnelle", selon le mot de son proche conseiller Jake Sullivan.

Rien ne l’avait fait dévier jusqu’ici, ni le bilan toujours plus lourd de victimes civiles à Gaza, ni les manifestations pro-palestiniennes qui accompagnent désormais chacun de ses déplacements.

Les Américains musulmans et d’origine arabe, et une partie de l’électorat progressiste, ne décolèrent pas contre le président, accusé de contribuer aux souffrances des Palestiniens.

Aurélia End, avec AFP