L’armée israélienne a affirmé vendredi qu’elle visait un "homme armé du Hamas" tirant depuis le toit d’un des camions d’aide lorsqu’elle a tué, lundi, sept travailleurs humanitaires à Gaza, admettant avoir commis une série d’"erreurs graves". Lundi soir, en l’espace de quatre minutes, Israël a mené trois frappes contre leur convoi.

L’équipe aux commandes des drones à l’origine des frappes a fait une "erreur d’appréciation opérationnelle de la situation" après avoir repéré un "homme armé du Hamas" tirant depuis le toit d’un des camions d’aide que les collaborateurs de l’ONG américaine World Central Kitchen (WCK) escortaient, selon une enquête interne de l’armée.

L’armée, qui évoque des "violations des procédures opérationnelles normales", a aussi reconnu que WCK avait bien communiqué son plan de route, mais les militaires chargés des frappes ne l’avaient pas en main.

Lors d’un point de presse au quartier général de l’armée à Tel-Aviv, de hauts gradés israéliens ont présenté aux journalistes des séquences vidéo de drone montrant l’"agent du Hamas" se joignant au convoi de WCK qui circulait à Gaza dans la nuit de lundi à mardi peu après 22h, heure locale.

Deux limogeages

De grands logos WCK ornaient le toit des véhicules, mais la caméra du drone ne pouvait pas les voir dans l’obscurité, a déclaré le général en retraite Yoav Har-Even, qui dirige l’enquête. "Cela a été un facteur clé dans la chaîne des événements", a-t-il dit.

Ceux qui ont approuvées les frappes "étaient convaincus qu’il visaient des agents armés du Hamas, et non des employés de WCK", selon un communiqué de l’armée. Le général Har-Even a évoqué une confusion ayant mené le commandement à penser que les véhicules du convoi "avaient été saisis par le Hamas".

Deux officiers impliqués dans cette bavure, un colonel de réserve et un commandant d’active, vont être limogés, selon le rapport du général Har-Even.

Tôt vendredi, il a informé le fondateur de WCK, le célèbre chef cuisinier américain d’origine espagnole Jose Andres, des premiers résultats de son enquête, avant que ces informations sur les circonstances des frappes ne soient divulguées plus largement. M. Andres avait qualifié l’attaque de "frappe israélienne ciblée" contre son personnel.

L’ONG américaine a demandé vendredi la création d’une commission d’enquête indépendante chargée d’enquêter sur "les meurtres" de ses membres.

La mort des humanitaires avait provoqué une vague d’indignation à l’échelle internationale.

Fiachra Gibbons, Avec AFP