La Chine a mis en garde le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, pendant sa visite à Pékin, contre une détérioration de ses relations avec les États-Unis, malgré les tentatives de réconciliation entre les deux géants économiques mondiaux.

La Chine a mis en garde Washington, vendredi, contre le risque de "détérioration" des liens avec les États-Unis, à la faveur de la visite que mène depuis mercredi à Pékin, le secrétaire d’État américain Antony Blinken, dans le but d’apaiser les différends entre les deux premières puissances mondiales.

Les tensions entre les deux pays se sont nettement atténuées depuis sa précédente visite en juin. Mais des différends empoisonnent toujours leurs relations, notamment les restrictions américaines sur les exportations vers la Chine de technologies avancées, dont les semi-conducteurs.

Le réseau social TikTok est par ailleurs menacé d’interdiction aux États-Unis s’il ne coupe pas ses liens avec sa maison mère chinoise ByteDance. Washington soupçonne l’application d’être utilisée pour espionner des Américains, collecter des informations personnelles et servir également la propagande chinoise.

Avant son déplacement, Antony Blinken avait indiqué qu’il soulèverait avec ses interlocuteurs chinois des questions délicates, telles que les pratiques commerciales de la Chine, le soutien de Pékin à Moscou ou encore Taïwan.

Les relations entre les deux puissances "commencent à se stabiliser", a estimé vendredi le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, mettant toutefois en garde contre la persistance d’"éléments négatifs".

Pression " déraisonnable "

"Ces relations sont confrontées à toutes sortes de difficultés. Les droits légitimes de la Chine en matière de développement ont été indûment opprimés et nos intérêts fondamentaux sont remis en question", a souligné Wang Yi, dans une allusion aux restrictions américaines dans le secteur technologique.

"La Chine et les États-Unis doivent-ils continuer à aller dans la bonne direction, celle de la stabilité, ou retourner dans celle d’une détérioration?", a feint de s’interroger Wang Yi.

En amont des discussions avec son homologue chinois, M. Blinken a affirmé qu’il serait "très clair, très direct" avec lui, tout en disant espérer "des progrès sur les questions sur lesquelles nos présidents se sont mis d’accord ".

Les deux pays doivent être aussi " clairs que possible dans les domaines dans lesquels nous avons des divergences, au moins pour éviter les malentendus et les erreurs de calcul ", a déclaré M. Blinken.

Taïwan et Ukraine

Le déplacement de M. Blinken, qui s’achève ce vendredi, est ainsi le signe d’une baisse des frictions entre la Chine et les États-Unis, exacerbées sous l’ancien président Donald Trump, lequel promet à nouveau une ligne dure face à Pékin s’il remporte les élections de novembre.

Le président Joe Biden, tout en recherchant une plus grande stabilité entre les deux plus grandes économies du monde, maintient toutefois la pression. M. Blinken devrait plaider pour la retenue, alors qu’un nouveau président sera investi le 20 mai à Taïwan.

L’archipel devait figurer parmi les questions soulevées à Pékin, d’autant que le Congrès américain a donné mardi son feu vert à une enveloppe d’assistance militaire de 95 milliards de dollars à destination d’alliés de Washington tels que Taipei.

La volonté du gouvernement de Joe Biden de collaborer avec la Chine contraste fortement avec les efforts déployés pour isoler la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022.