À Istanbul, 210 arrestations lors des manifestations du 1er-Mai
©(Photo Yasin AKGUL / AFP)
Deux cents dix manifestants ont été interpellés mercredi à Istanbul lors des rassemblements du 1er-Mai, alors qu’ils tentaient d’accéder à la place Taksim, selon un bilan du ministère turc de l’Intérieur. «Deux cents dix personnes qui n’ont pas écouté les avertissements, qui ont tenté d’avancer vers la place Taksim et ont attaqué nos policiers le 1er mai, journée du travail et de la solidarité à Istanbul, ont été arrêtées», a indiqué le ministre Ali Verlikaya sur le réseau X.

La principale ville de Turquie et sa capitale économique et touristique avait été placée en état de siège depuis l’aube par les forces de l’ordre qui en ont bloqué son centre sur un large périmètre afin d’empêcher les manifestants de gagner la place Taksim, complètement barricadée depuis la veille.

M. Verlikaya avait pris soin d’annoncer mardi que plus de 42.000 policiers seraient déployés dans la mégapole, dénonçant par avance les «organisations terroristes (qui veulent) faire du 1er mai un champ d’action et de propagande».

Des rives du Bosphore jusqu’à la péninsule historique de Sultanhamet et le palais de Topkapi, des barrières métalliques empêchaient tout passage, les transports en commun, ferries compris, sont restés à l’arrêt, prenant au piège des touristes désemparés sous un ciel maussade. Les accès piétons ont été progressivement rouverts dans l’après-midi après la dispersion des rassemblements.

Dès le début de la matinée, alors que les manifestants se réunissaient dans le quartier de Besiktas pour célébrer le 1er-Mai, des incidents ont éclaté avec les policiers et plusieurs dizaines de personnes ont été emmenées sans ménagement dans les fourgons de la police, sous les yeux des journalistes de l’AFP.

D’autres incidents ont ensuite éclaté devant la municipalité d’Istanbul, où les policiers anti-émeutes ont tiré des gaz lacrymogènes et des balles en plastique contre les manifestants qui essayaient de forcer leurs barrages, ont constaté les équipes de l’AFP, dont un photographe a été atteint à la nuque.
«Ne pas abandonner»


Le maire d’opposition CHP Ekrem Imamoglu, largement réélu le 31 mars, ainsi que le président du parti, qui avaient appelé au rassemblement devant la municipalité, ont été empêchés d’avancer. «Vous ne pouvez pas nous priver de Taksim!», «Taksim, c’est partout, la résistance est partout!», criaient les manifestants.

Selon l’association de défense des droits de la presse MLSA, plusieurs journalistes ont été jetés à terre durant ces échauffourées.

Le président du CHP, première force d’opposition au parlement, Özgür Özel, a promis de «ne pas abandonner»: «Nous poursuivrons nos efforts jusqu’à ce que Taksim soit libre, a-t-il déclaré. Taksim appartient aux travailleurs.» S’adressant aux policiers, il a ajouté: «Ces travailleurs ne sont pas vos ennemis. Notre seul souhait est que ce jour soit célébré comme une fête. Nous ne voulons pas de conflit.»

«Taskim est un symbole important pour nous, Taskim signifie 1er mai, signifie travail», a déclaré à l’AFP le secrétaire général de la Confédération des syndicats progressistes de Turquie, Arzu Cerkezoglu. Il a rappelé que la Cour constitutionnelle avait déjà statué sur le droit de manifester sur la place et la Cour européenne des droits de l’homme confirmé que l’interdiction était illégale.

Les rassemblements ne sont plus autorisés place Taksim, devenue l’épicentre de la contestation du pouvoir de Recep Tayyip Erdogan depuis la vague de contestation qui a secoué le pays en 2013. Mais les organisations syndicales et politiques appellent régulièrement leurs membres à y converger.

Avec AFP
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