Randa Ahmed vaquait à ses tâches ménagères quand une détonation soudaine l’a fait sursauter. Dans son salon à Bagdad, elle retrouve son fils de quatre ans en sang, blessé par une balle perdue, victime comme d’autres Irakiens de la prolifération des armes.

Toute occasion est propice à des tirs en Irak, ravagé par des décennies de conflit: célébrations d’un mariage, victoire d’une équipe de foot, mais aussi disputes de voisinage, rivalités entre tribus ou règlements de compte entre factions armées, liées à la scène politique.

En raison de la difficulté de l’opération, les médecins ont déconseillé une intervention chirurgicale pour retirer la balle.

Aujourd’hui, l’Irak a retrouvé un semblant de stabilité, mais le pays sort de près d’un demi-siècle de violences.

Il y a eu les guerres régionales menées par l’ex-dictateur Saddam Hussein, puis l’invasion américaine de 2003 qui a renversé son régime et ouvert la voie à une des pages les plus sanglantes de l’histoire du pays, meurtri par un conflit confessionnel et la montée en puissance des groupes jihadistes.

Dans cet Irak de 43 millions d’habitants, les armes, légères et lourdes, inondent les provinces. En 2017, l’ONG spécialisée Small arms survey recensait 7,6 millions d’armes légères en circulation, armes de poing ou armes longues.

Saad Abbas profitait de la fraîcheur de son jardin à Bagdad quand, soudain, une douleur lancinante lui a déchiré l’épaule. En regardant le sang couler, il comprend qu’une balle perdue vient de le toucher.

Depuis, il reste le plus souvent alité, le projectile logé dans sa chair. Les médecins ont déconseillé une opération, à cause d’un état de santé déjà fragile.

Il y a des coups de feu "quand une équipe de foot gagne, pendant un mariage, des fiançailles. Où vont les balles? Elles tombent sur les gens", s’emporte le quinquagénaire.

La possession illégale d’armes à feu est théoriquement passible d’un an de prison. Mais les autorités doivent multiplier les efforts pour vaincre le fléau, et ont annoncé en 2023 de nouvelles régulations.

"Notre principal souci ce n’est pas les armes légères, mais l’armement intermédiaire et lourd", indique à l’AFP le porte-parole du ministère de l’Intérieur, le général Moqdad Miri.

Un programme récemment adopté permet aux particuliers de remettre à l’État certaines armes, des mitraillettes par exemple, en contrepartie de compensations allant jusqu’à 4.000 dollars.

Chaque foyer est néanmoins autorisé à conserver un seul revolver pour se " protéger ", et 697 centres spécialisés ont été désignés pour permettre aux civils d’y enregistrer cette pièce.

Dans un pays dominé par une forte culture tribale, " nombreux sont ceux qui considèrent que les armes font partie de leur identité ", reconnaît le général Miri.

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