L’Union européenne lance, mardi, à Luxembourg, des négociations d’adhésion avec l’Ukraine et la Moldavie, malgré les efforts de la Russie pour entraver le processus.

L’Union européenne d’un côté, l’Ukraine et la Moldavie de l’autre, lancent officiellement, mardi, à Luxembourg, des négociations censées permettre à ces deux pays d’être un jour membres à part entière de l’UE.

La Russie a cherché par tous les moyens à entraver ce processus, qui s’annonce long et difficile, devant conduire ces deux anciennes républiques soviétiques à s’ancrer à l’Europe.

"Nous attendons avec impatience la semaine prochaine, le 25 juin, lorsque l’Ukraine et l’UE tiendront leur première conférence intergouvernementale, ce qui marquera le début effectif du processus de négociation", a déclaré la semaine dernière le président ukrainien Volodymyr Zelensky, saluant la réalisation d’un "rêve européen".

Les négociations d’adhésion entre l’UE et un pays tiers se font dans le cadre d’une conférence intergouvernementale (CIG).

Les Vingt-Sept vont d’abord ouvrir formellement les discussions avec l’Ukraine mardi après-midi vers 15H30 (13H30 GMT), puis avec la Moldavie, selon une source diplomatique.

L’ouverture de ces pourparlers est le résultat d’un accord obtenu de haute lutte par 26 pays de l’UE, qui ont été contraints de rivaliser d’ingéniosité pour convaincre le 27e, la Hongrie de Viktor Orban, de ne pas bloquer le processus.

Le Premier ministre hongrois s’est farouchement opposé à toute discussion d’adhésion avec l’Ukraine, jugeant que ce pays n’était pas prêt. État membre de l’UE le plus proche de la Russie de Vladimir Poutine, la Hongrie bloque aussi toute l’aide militaire européenne à Kiev.

M. Orban avait finalement accepté de quitter la table du sommet des dirigeants des Vingt-Sept en décembre, le temps que ses 26 homologues décident d’ouvrir ces négociations d’adhésion avec Kiev et Chisinau.

"Screening"

Une fois la conférence intergouvernementale formellement ouverte, les négociateurs vont d’abord passer en revue la législation des deux pays pour vérifier si elle est compatible avec celle de l’UE.

Cette étape, le "screening" en jargon bruxellois, dure en principe entre un et deux ans, a-t-on expliqué de source diplomatique.

Mais dans le cas de l’Ukraine ou de la Moldavie, les choses iront plus vite car "nous avons déjà une idée assez claire" de la situation, a souligné ce diplomate européen, sous couvert d’anonymat.

Il faudra compter néanmoins plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avant que les différents chapitres de négociation ne soient effectivement ouverts.

Et il est peu probable qu’ils le soient avant la fin de cette année: la Hongrie, peu enthousiaste à accueillir l’Ukraine, prend le 1er juillet la présidence semestrielle du Conseil de l’UE, qui rassemble les ministres des Vingt-Sept.

Les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne avaient ouvert la voie à de telles négociations d’adhésion à la mi-décembre 2023.

Mais la Hongrie freinait jusque-là l’ouverture formelle des négociations avec Kiev, jugeant que les conditions n’étaient pas réunies.

La Commission européenne a quant à elle estimé le 7 juin que l’Ukraine et la Moldavie avaient désormais rempli toutes les conditions préalables à une telle adhésion.

L’exécutif européen a réclamé de Kiev des mesures pour lutter contre la corruption et l’emprise des oligarques. La Commission a également demandé une meilleure prise en compte des minorités, une mesure réclamée avec insistance par Budapest en raison de la présence en Ukraine d’une communauté hongroise.

L’UE a accordé, en juin 2022, à l’Ukraine, le statut de candidat à l’adhésion, dans un geste hautement symbolique quelques mois après le début de la guerre déclenchée par Moscou, ainsi qu’à la Moldavie voisine.

L’ouverture de négociations n’est qu’une étape d’un processus d’adhésion long et ardu. Une éventuelle entrée dans l’UE de l’Ukraine, pays de plus de 40 millions d’habitants et puissance agricole, pose de nombreuses difficultés, à commencer par celle des aides financières dont elle devrait bénéficier.

L’UE a prévu de son côté de se réformer pour faire face à cet élargissement et améliorer sa gouvernance et la prise de décision déjà souvent complexe à 27 États membres.

Par Olivier BAUBE, AFP

 

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