Donald Trump, en pleine campagne pour retrouver la Maison Blanche, traverse une période difficile marquée par des doutes croissants quant à sa stratégie. Confronté à la dynamique de Kamala Harris, nouvelle candidate démocrate à la présidence, l’ex-président républicain apparaît déstabilisé, suscitant des interrogations sur sa capacité à mener une campagne efficace dans un contexte politique de plus en plus tendu.

Donald Trump n’a jamais manqué de confiance en lui. Mais, après les événements extraordinaires de ces dernières semaines, sa campagne pour revenir à la Maison Blanche connaît de fortes turbulences, l’ex-président apparaissant plus âgé, moins à l’aise et sans cap clair.

Alors qu’il semblait se diriger vers une victoire sans appel en novembre, détracteurs comme alliés de Donald Trump affirment désormais que le candidat républicain semble comme sonné. À la fois par la tentative d’assassinat dont il a été l’objet mi-juillet et par le retrait de la candidature de Joe Biden.

Tantôt vindicatif, tantôt morose: face aux récentes sorties du candidat républicain à la présidentielle américaine, les observateurs de la campagne s’interrogent sur la stratégie de l’ex-président, confronté à la dynamique de sa rivale, Kamala Harris, âgée de 59 ans.

Joe Biden, qui, à 81 ans, était confronté à des doutes quant à son acuité mentale, servait jusque-là de paratonnerre sur l’âge de Donald Trump. Celui-ci, à 78 ans, devient le plus vieux candidat à une élection présidentielle américaine.

Car, maintenant que le président démocrate a laissé sa place à une candidate plus jeune, plus éloquente et plus énergique, certaines failles de Donald Trump sont placées sur le devant de la scène: ses propos incohérents au ton parfois apocalyptique, son manque d’énergie en l’absence de public et ses trous de mémoire sur certains noms.

"Cerné" 

Jeudi, lors d’une conférence de presse où il était censé vanter son programme économique, Donald Trump a d’abord déroulé sur le sujet, les yeux souvent rivés sur son classeur.

Mais l’homme d’affaires a digressé à de nombreuses reprises, vilipendant notamment les éoliennes qui tuent les oiseaux, ou encore contestant le nombre de partisans aux meetings de Kamala Harris.

Ancien (bref) conseiller de Donald Trump à la Maison Blanche avant qu’ils ne se brouillent, Anthony Scaramucci a affirmé que l’ex-président était "très troublé" par le changement de dynamique dans la campagne.

Ses diatribes, ses hésitations, et ses attaques? Autant d’éléments qui sous-tendent que Donald Trump "est désormais effrayé, cerné et très en colère", a déclaré Anthony Scaramucci sur la chaîne MSNBC.

L’inventaire à la Prévert de ses lamentations ne fait d’ailleurs que s’allonger: "Ils ne sont pas gentils avec moi", a-t-il notamment déclaré jeudi.

Le milliardaire a redoublé d’efforts pour s’en prendre à Kamala Harris, qu’il accuse d’être "devenue noire" pour des raisons électoralistes et qu’il qualifie de "communiste".

"Je pense que je suis dans mon bon droit de lancer des attaques personnelles", a-t-il encore estimé jeudi.

"Je n’ai pas beaucoup de respect pour elle. Je n’ai pas beaucoup de respect pour son intelligence, et je pense qu’elle sera une présidente affligeante", a-t-il ajouté.

"Arrêter de se plaindre"

Face aux attaques parfois outrancières de Donald Trump, l’équipe de campagne de Kamala Harris a décidé de prendre un contre-pied volontiers provocateur.

Le camp démocrate met ainsi l’accent sur les diatribes "égotistes" et "emplies de griefs personnels" de l’ancien président et n’hésite plus à les qualifier, lui et ses acolytes, de "bizarres". Une pique qui a le don d’agacer les républicains, Donald Trump en tête.

Plusieurs responsables de son parti en sont presque à supplier l’ex-président de se concentrer sur les sujets de fond plutôt que sur des bisbilles de cour de récré.

Son ex-rivale aux primaires, Nikki Haley, lui a ainsi demandé sur la chaîne Fox News d’"arrêter de se plaindre" de Kamala Harris.

Donald Trump "ne gagnera pas en parlant de la taille des foules" aux meetings de chacun, a-t-elle lancé.

Le dénigrement est depuis longtemps "un élément central" du style Trump, souligne auprès de l’AFP Elizabeth Bennion, professeure de sciences politiques à l’université de l’Indiana.

Et si son animosité continue d’électriser sa base électorale, l’impact d’une telle stratégie sur les électeurs indécis est "moins clair", estime la chercheuse.

"Certains observateurs se sont demandés si Trump allait potentiellement faire preuve de retenue face à une candidate, femme (à l’identité) multiraciale", ajoute-t-elle.

"La réponse est clairement non."

Par Michael MATHES, AFP