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Lors de sa neuvième visite dans la région depuis le 7 octobre, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, est arrivé en Israël dimanche pour faire parvenir le message de l’administration américaine au Premier ministre, Benjamin Netanyahou.

En amont de la reprise des pourparlers à Doha, Joe Biden avait convoqué une réunion avec ses principaux conseillers à la Maison Blanche. Il a ensuite dépêché son émissaire Amos Hochstein au Liban, le chef de la CIA, William Burns, à la tête d’une délégation de sécurité, à Doha, et son conseiller pour le Moyen-Orient, Brett McGurk, au Caire. Parallèlement, le président américain a renforcé la présence militaire américaine dans la région en déployant des navires de guerre, des porte-avions et des chasseurs F-22, améliorant ainsi les capacités aériennes avec des avions de combat avancés. L’objectif: dissuader l’Iran et le Hezbollah de lancer une offensive militaire contre Israël en réponse aux assassinats d’Ismail Haniyé, chef du bureau politique du Hamas, à Téhéran, et de Fouad Chokr, commandant militaire du Hezbollah, dans la banlieue sud de Beyrouth.

Parallèlement au renforcement de la présence diplomatique et militaire américaine dans la région, la Maison Blanche a publié le 8 août un communiqué cosigné par le président Joe Biden, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et l’émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani. Ce communiqué met en avant l’urgence de conclure un accord de cessez-le-feu et de libérer les otages et les détenus.

Dans un autre geste tout aussi significatif, un communiqué conjoint a été publié le 12 août par la France, les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie, dans lequel ces derniers ont exprimé leur soutien total aux efforts de désescalade, à l’instauration d’un cessez-le-feu et à la libération des otages et des détenus à Gaza. En outre, le communiqué a soutenu l’appel lancé par les États-Unis, l’Égypte et le Qatar pour la reprise des négociations. "Il n’y a plus de temps à perdre et nous réitérons notre soutien à la défense d’Israël contre l’agression iranienne et les attaques des groupes terroristes soutenus par l’Iran. Nous avons aussi appelé l’Iran à renoncer à ses menaces militaires incessantes contre Israël et discuté des graves conséquences d’une attaque pour la sécurité régionale", a-t-il souligné.

À la lumière des derniers développements, le Liban avait préparé un document intitulé "Règles pour assurer une stabilité durable", remis par ses missions diplomatiques aux gouvernements des pays où elles sont accréditées. Dans ce contexte, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie ont également coordonné leurs efforts diplomatiques avec ceux des États-Unis et de l’Égypte pour éviter une guerre, instaurer un cessez-le-feu à Gaza et dans le sud du Liban, et séparer la crise libanaise de la guerre à Gaza. Ils ont souligné la nécessité de dissocier la vacance présidentielle au Liban des crises régionales, afin de permettre au Liban de participer aux négociations en vue d’un règlement et d’assurer qu’il n’en soit pas exclu. La représentation du Liban est une responsabilité exclusive du président de la République, et non du Premier ministre ni du président du Parlement. Comme le précise l’article 49 de la Constitution, le président est "le chef de l’État et un symbole de l’unité nationale" et, selon l’article 52, il est chargé de la négociation des traités.

Selon des sources diplomatiques, les messages occidentaux adressés au Liban comprenaient un avertissement, en particulier à l’intention du Hezbollah, par l’intermédiaire du président de la Chambre, Nabih Berry. Il a été demandé au Hezbollah de ne pas franchir les limites en réponse à l’assassinat de Chokr et qu’il s’engage à privilégier une solution politique pour le conflit avec Israël, indépendamment des résultats des négociations pour le cessez-le-feu à Gaza. Parallèlement, les communications américaines avec l’Iran, réalisées lors de réunions à Oman, ont insisté sur le fait que l’Iran devait éviter toute riposte à l’assassinat de Haniyé, qu’Israël n’a pas revendiqué et qui ne constitue donc pas une violation de la souveraineté iranienne.

Un responsable arabe observe que toutes les parties impliquées – Washington, Téhéran, Tel Aviv, le Hezbollah et le Hamas – sont actuellement perplexes et anxieuses, chacune pour des raisons propres. L’administration américaine, en période électorale, est opposée à la guerre. L’Iran, en négociation avec l’équipe de Biden sur la question du nucléaire, ne veut pas compromettre les chances de Kamala Harris, qu’il privilégie par rapport à Trump, et espère conclure un accord avec elle si elle devient locataire de la Maison Blanche. C’est pourquoi l’Iran retarderait sa réponse à l’assassinat de Haniyé jusqu’après les élections américaines, en novembre, tout en essayant de contenir le Hezbollah.

Cette stratégie vise à contrecarrer la volonté de Benjamin Netanyahou d’engager une guerre qui profiterait au candidat républicain Donald Trump. En fin de compte, le conflit régional met en lumière l’opposition entre ceux qui cherchent à provoquer la guerre pour soutenir Donald Trump et ceux qui militent pour la stabilité et une trêve afin de favoriser la candidature présidentielle de Kamala Harris.

À la suite des réunions à Doha, le président Biden a annoncé que "l’accord est désormais à portée de main, seuls les détails techniques restant à finaliser". Parallèlement, selon des sources diplomatiques, les autorités militaires israéliennes ont conseillé à la direction politique d’accepter la proposition de Biden et d’assouplir leurs conditions.

Selon ces mêmes sources, une solution dans la région dépend uniquement de la reconnaissance par Israël de l’État palestinien, jugée fondamentale. De plus, elles ont souligné la récente déclaration du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, dans laquelle il annonce son intention de se rendre à Gaza.

La guerre éclatera-t-elle ou le conflit restera-t-il contenu? L’"Axe de la moumanaa" reportera-t-il sa réponse jusqu’après les élections américaines, sous réserve qu’aucun incident imprévu ne déclenche une confrontation qui obligerait l’administration Biden à intervenir fermement pour rétablir la stabilité et imposer une trêve?

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