Le président ukrainien a promis de nouvelles représailles contre la Russie samedi et a signé une loi interdisant la branche moscovite de l’Église orthodoxe ukrainienne, tandis que le pays célébrait son troisième jour d’indépendance depuis l’invasion russe.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a promis des "représailles" à la Russie pour son invasion de l’Ukraine et a promulgué la loi interdisant l’Église orthodoxe ukrainienne liée à Moscou ce samedi, jour où son pays célèbre son indépendance de l’Union soviétique.

Les forces ukrainiennes ont porté le 6 août les combats sur le sol de leur adversaire en lançant une offensive d’une ampleur sans précédent dans la région russe frontalière de Koursk. Elles ont pris le contrôle de dizaines de localités, tandis que les troupes russes continuent d’avancer dans le Donbass, à l’est de l’Ukraine.

La Russie voulait "nous détruire" mais la guerre est "revenue chez elle", a déclaré M. Zelensky à ses compatriotes dans une vidéo enregistrée dans une zone forestière de la région de Soumy, la zone frontalière d’où Kiev a lancé son offensive surprise en Russie.

Kiev "surprend une fois de plus", a affirmé M. Zelenky, promettant que la Russie "va savoir ce que sont des représailles".

En lançant son invasion au printemps 2022, "la Russie ne cherchait qu’une chose: nous détruire. Au lieu de cela, nous célébrons aujourd’hui la 33e fête de l’indépendance de l’Ukraine", a-t-il poursuivi.

Le président ukrainien a ajouté: "Quiconque veut semer le mal sur notre terre en récoltera les fruits sur son propre territoire. Il ne s’agit là ni d’une prédiction, ni d’une fanfaronnade, ni d’une vengeance aveugle. Ce n’est que justice."

Depuis plusieurs jours, Moscou agite la menace d’une catastrophe nucléaire en cas d’attaque de l’armée ukrainienne sur la centrale nucléaire de Koursk, située à une cinquantaine de kilomètres des positions ukrainiennes dans cette région. M. Poutine a assuré que l’Ukraine avait essayé de frapper le site.

Dans la nuit de samedi à dimanche, cinq personnes ont été tuées et 12 blessées dans un bombardement ukrainien sur le village de Rakitnoe, dans la région russe de Belgorod frontalière de l’Ukraine, a annoncé le gouverneur régional.

"Se libérer" de la tutelle russe

M. Zelensky a pris part samedi aux célébrations officielles de l’indépendance sur la place Sainte-Sophie à Kiev, aux côtés du président polonais, Andrzej Duda, et de la Première ministre lituanienne, Ingrida Simonyte, deux soutiens majeurs de son pays.

Il a affirmé que les forces ukrainiennes avaient testé avec succès un nouveau missile. "Aujourd’hui, la première utilisation réussie de notre nouvelle arme, le missile drone Palianytsia, a eu lieu", a déclaré le président ukrainien, remerciant ses concepteurs.

M. Zelensky a également promulgué la loi interdisant la branche de l’Église orthodoxe ukrainienne dépendante du patriarcat de Moscou, qui fut longtemps la principale confession du pays.

Échange de prisonniers

Si l’offensive militaire ukrainienne déclenchée le 6 août dans la région russe de Koursk reçoit beaucoup d’attention car elle porte les hostilités sur le sol de l’assaillant, l’épicentre des combats demeure dans la région industrielle ukrainienne du Donbass (Est), où l’armée russe a l’avantage.

Les forces russes s’y approchent notamment de Pokrovsk, important nœud logistique et ville de quelque 53.000 habitants appelés par les autorités à évacuer d’urgence. Elles se trouvaient vendredi à moins de dix kilomètres de cette agglomération.

En plus de l’avancée de ses troupes, Moscou continue de frapper l’arrière-front ukrainien. Cinq personnes ainsi ont été tuées et cinq autre blessées dans un bombardement russe sur la ville industrielle de Kostyantynivka, située également dans le Donbass à proximité du front, a annoncé le parquet ukrainien.

En parallèle, la Russie et l’Ukraine ont annoncé samedi avoir procédé à un échange de 230 prisonniers de guerre des deux camps, impliquant des conscrits russes capturés lors de l’offensive ukrainienne à Koursk.

"À l’issue du processus de négociation, 115 militaires russes capturés dans la région de Koursk ont été renvoyés du territoire contrôlé par le régime de Kiev. En retour, 115 prisonniers de guerre des forces armées ukrainiennes ont été remis", a indiqué le ministère russe de la Défense.

"Aujourd’hui, 115 autres de nos défenseurs sont rentrés chez eux. Il s’agit de soldats de la garde nationale, des forces armées, de la marine et du service national des gardes-frontières", a confirmé de son côté le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

Cet échange a été réalisé, comme de nombreux précédents, sous la médiation des Émirats arabes unis, qui se sont félicités d’être "un médiateur fiable soutenant la diplomatie pour résoudre la crise entre les deux pays".

Le ministère émirati des Affaires étrangères a promis dans un communiqué de "poursuivre tous les efforts et toutes les initiatives visant à trouver une solution pacifique", voyant dans la "désescalade" le "seul moyen de résoudre le conflit".

Avec AFP