Toujours pas de fumée blanche pour Matignon, mais la gauche fulmine et crie au "coup de force": Emmanuel Macron a exclu formellement lundi de nommer un gouvernement du Nouveau Front populaire, en invoquant la "stabilité institutionnelle", et a annoncé de nouvelles consultations dès mardi.

À l’issue d’une première vague d’entretiens organisés vendredi et lundi à l’Élysée avec les chefs de parti, sept semaines après les élections législatives qui ont plongé le pays dans l’impasse politique, le chef de l’État français n’est toujours pas en mesure de désigner un Premier ministre.

Malgré la pression du NFP, qui a le plus grand nombre de députés, mais reste loin de la majorité absolue, il a refusé d’installer à Matignon Lucie Castets, la haute-fonctionnaire choisie par l’alliance de gauche.

"Un gouvernement sur la base du seul programme et des seuls partis" qui la composent "serait immédiatement censuré par l’ensemble des autres groupes représentés à l’Assemblée nationale" et "la stabilité institutionnelle de notre pays impose donc de ne pas retenir cette option", a déclaré l’Élysée dans un communiqué.

Le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, a aussitôt dénoncé "un coup de force antidémocratique inacceptable" et a confirmé qu’il entendait bien mettre à exécution la menace d’engager une procédure de destitution d’Emmanuel Macron.

Le président a créé "une situation d’une exceptionnelle gravité", a ajouté le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon sur X, appelant à une "réplique populaire et politique rapide et ferme".

Le dirigeant des communistes Fabien Roussel a aussi prôné une "grande mobilisation populaire" face au choix du chef de l’État, qualifié de "honte" par la patronne des écologistes Marine Tondelier.

La gauche reproche à Emmanuel Macron d’être le vrai fauteur d’instabilité depuis sa dissolution controversée de l’Assemblée.

Peu avant le communiqué élyséen, Gabriel Attal, Premier ministre démissionnaire et chef des députés du parti présidentiel, avait confirmé une "censure inévitable" pour tout gouvernement autour du programme du seul NFP.

L’initiative de Jean-Luc Mélenchon, qui a semblé ouvrir la porte à un soutien à un gouvernement dirigé par Lucie Castets sans participation de ministres LFI, n’est qu’un "simulacre d’ouverture", a balayé Gabriel Attal.

Les autres mouvements alliés d’Emmanuel Macron, ainsi que la droite et l’extrême droite, avaient dit la même chose.

Le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure n’ira pas à l’Élysée pour le second round des consultations pour trouver un Premier ministre, a-t-il annoncé sur France 2, refusant d’être " complice d’une parodie de démocratie ".

Le chef des socialistes a affirmé que les députés socialistes voteraient une motion de censure contre tout autre gouvernement que celui du Nouveau Front populaire. "Toute prolongation du macronisme est insupportable et il n’est pas imaginable, alors que trois tours de scrutins européens et législatifs ont confirmé le choix des Français dans le changement, que nous soyons demain ceux qui permettent au pouvoir actuel de se prolonger ", a-t-il martelé.

Olivier Faure a précisé que s’il y avait des manifestations, il y participerait. " Il y a des Françaises et des Français qui vont commencer à s’agacer pour ne pas dire davantage. Et c’est en réalité le risque que prend le chef de l’État. Parce que la colère, elle, ne va pas s’interrompre. "

Pas question donc de retourner à l’Élysée " tant que ça (n’est) pas pour travailler concrètement à la mise en place d’un gouvernement de cohabitation ", a-t-elle affirmé, balayant elle aussi la nouvelle invitation du chef de l’État.

Avec AFP