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Peu importe les divergences d’opinion sur la question sectaire en Irak, qu’il s’agisse d’un problème enraciné ou aggravé au cours des deux dernières décennies, il est indéniable que des enjeux profonds traversent la société irakienne avec des répercussions notables sur le processus politique. Comme au Liban, la question sectaire touche tous les niveaux et freine les avancées. Elle crée une distinction entre les citoyens en fonction de leurs appartenances sectaires et religieuses, entraînant une forme de discrimination déplorable, particulièrement néfaste pour les jeunes générations.

Bien que le conflit sectaire entre les différentes composantes de la société ait évolué après la chute de Saddam Hussein en 2003, à la suite de l’invasion américaine, il demeure profondément ancré et désormais plus visible. Les bouleversements politiques qui ont suivi, notamment la disparition du parti Baas, la politique de "débaasification" imposée par l’Autorité provisoire de la coalition (CPA) et la dissolution de l’armée irakienne, ont plongé le pays dans un chaos exacerbé. Ce climat d’instabilité a été aggravé par les ingérences régionales et les divisions internes.

Après la chute de Saddam Hussein, l’essor des groupes religieux s’est caractérisé par une affirmation accrue de leur identité sectaire, éclipsant les agendas nationaux ou politiques. Ainsi, les intérêts communautaires sectaires ont primé sur les intérêts suprêmes de l’Irak en tant que nation. En conséquence, l’intérêt du citoyen a souvent été négligé au profit des factions et des courants en conflit, dont les luttes ont souvent revêtu une dimension sectaire.

Les vastes mouvements populaires en Irak de 2019, qui avaient suscité l’espoir d’un changement profond, se sont rapidement dissipés, soit à cause d’une répression violente, soit en étant marginalisés et ignorés. Ces soulèvements n’ont malheureusement pas conduit aux réformes espérées et ont subi le même sort que d’autres mouvements populaires à travers le monde, souvent écrasés par une classe dirigeante déterminée à préserver le statu quo, usant de la force et de l’intimidation pour étouffer la voix des manifestants et de la population en général.

Sous le mandat d’Abdel Karim Kassem en 1959, une loi sur le statut personnel a été promulguée, qualifiée de "civile". Cette loi conférait à l’État et à ses tribunaux la compétence pour statuer sur des affaires telles que le mariage, le divorce, l’héritage, la garde des enfants et d’autres questions connexes. Aujourd’hui, divers blocs et groupes religieux revendiquent l’application de la jurisprudence islamique, selon ses différentes écoles de pensée, aux questions de statut personnel.

Cette revendication des blocs et groupes religieux en Irak soulève de vives objections parmi les militants et groupes de la société civile, qui considèrent qu’elle constitue un recul par rapport aux progrès réalisés en matière de droits humains. Ils soulignent que certaines dispositions des lois religieuses, en particulier celles liées aux droits des femmes, des enfants et à la garde des enfants, sont en contradiction avec les normes internationales en matière de droits humains.

La question de l’identité en Irak, bien que profondément enracinée dans l’histoire du pays, a pris une dimension encore plus préoccupante avec l’influence croissante des acteurs externes, en particulier l’Iran. Après la chute de Saddam Hussein en 2003, adversaire historique de l’Iran, ce dernier a réussi à étendre son influence en Irak de manière significative. Cela s’inscrit dans le contexte de la guerre Iran-Irak (1980-1988), qui avait causé des pertes humaines et économiques massives pour les deux nations.

Malgré sa richesse et ses vastes ressources naturelles et économiques, l’Irak est confronté à une corruption endémique qui gangrène son administration. Des milliards de dollars ont été détournés des caisses de l’État, et la responsabilité ainsi que la reddition de comptes demeurent inexistantes en raison d’un système politique qui protège les suppôts du régime.

L’Irak doit encore parcourir un long chemin ardu pour se réformer, notamment en raison des divisions sectaires qui freinent tout progrès significatif.

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