Dans la cohue de voyageurs emmitouflés qui descendent du train à la gare centrale de Berlin, une mère, ses quatre enfants et leurs lourds bagages déambulent, perdus.

Deux des bambins portent des bonnets et des blousons jaune et bleu, les couleurs de l’Ukraine, qu’ils viennent de fuir pour rejoindre l’Allemagne qui ouvre ses portes aux réfugiés depuis l’invasion russe.

La compagnie nationale des chemins de fer Deutsche Bahn propose aux Ukrainiens en provenance de Pologne de voyager gratuitement à bord de ses trains jusqu’à Berlin. Et elle se prépare à affréter des trains supplémentaires depuis la frontière polonaise.

L’afflux reste encore limité à ce stade, avec quelque 3.000 Ukrainiens arrivés en Allemagne, selon la dernière estimation d’un porte-parole du ministère de l’Intérieur.

Selon le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), plus de 660.000 personnes ont déjà quitté leur pays pour trouver refuge dans les pays limitrophes, en particulier en Pologne.

Gerd Landsberg, qui dirige l’association des villes et des municipalités allemandes, estime à plus de 100.000 le nombre d’Ukrainiens qui viendront en Allemagne, dans un entretien au quotidien des affaires Handelsblatt.

Imposante logistique

La capitale allemande s’attend à voir arriver un nombre croissant de femmes et d’enfants ukrainiens dans les prochains jours. Tout comme l’Etat régional du Brandebourg qui l’entoure, elle a déjà réactivé une partie de l’imposante logistique déployée en 2015 pour les réfugiés syriens et irakiens fuyant les violences dans leur pays.

La ministre de l’Intérieur, Nancy Faeser, n’a cessé de répéter que les portes de l’Allemagne étaient grandes ouvertes alors que la frontière ukrainienne est à moins de 700 km de Berlin.

L’offensive de l’armée russe a suscité une immense vague d’émotion en Allemagne. Plus de 100.000 personnes ont manifesté dimanche dans la capitale en signe de solidarité avec les Ukrainiens.

Sur les réseaux sociaux, les initiatives pour transporter des vivres et des habits à la frontière polono-ukrainienne ou pour offrir un hébergement à Berlin se multiplient.

Les pays européens se disent par ailleurs prêts à octroyer une protection temporaire aux Ukrainiens qui leur permettrait de séjourner jusqu’à trois ans dans l’UE et d’y travailler.

A la gare de Berlin, la plus grande d’Europe, la situation est loin de ressembler à celle de 2015 quand les Allemands accueillaient les cohortes de réfugiés en leur servant des soupes et en leur distribuant des brosses à dent.

Sur le quai 14 où stationne un train de nuit en provenance de la gare centrale de Varsovie, policiers et bénévoles, dont certaines portent le drapeau ukrainien en cape, prennent en charge les quelques familles qui viennent de descendre du train.

Partir

" Nous allons à Dresde (dans l’est de l’Allemagne, ndlr). Nous avons un bon ami là-bas qui a dit qu’il pouvait nous trouver un endroit où nous installer ", explique à l’AFP un étudiant ukrainien de 17 ans, Maxym Floria.

Accompagné de sa mère et de son petit frère, ils sont partis d’Ismajil, une ville ukrainienne de la région d’Odessa, et ont traversé en quatre jours la Moldavie, la Roumanie, la Hongrie, la Slovaquie, la Pologne et maintenant l’Allemagne.

" Si Odessa tombait, nous n’avions aucune chance, donc nous avons décidé de partir avec ma famille ", poursuit le jeune homme alors que son père n’est pas autorisé à quitter l’Ukraine, comme tous les hommes de 18 à 60 ans appelés à combattre.

Le jeune homme et sa famille n’ont toutefois nulle intention de s’installer durablement.

" Je crois fermement que nous pourrons rentrer à la maison, en sécurité, et que tout le monde va se battre pour notre pays ", ajoute-t-il, visiblement harassé et ému.

A Berlin, 1.300 places d’accueil d’urgence sont déjà disponibles et 1.200 devraient s’y ajouter dans les prochains jours. Le Brandebourg, qui jouxte la frontière polonaise, va mettre rapidement 10.000 places à disposition, a annoncé le ministre régional de l’Intérieur, Michael Stübgen, sur la radio Rbb.

Les autorités tablent aussi sur la solidarité des 330.000 Ukrainiens ou personnes d’origine ukrainienne qui vivent en Allemagne et dont beaucoup ont encore de la famille ou des proches dans leur pays.

AFP

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